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Maintien de la Force Licorne en Côte d’Ivoire : Sage décision de la France

Publié le vendredi 7 décembre 2007 à 18h43min

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Autres temps, autres mœurs. Les relations jadis tourmentées entre la Côte d’ivoire et la France connaissent une nouvelle évolution. Le président ivoirien Laurent Gbagbo a récemment lâché une phrase qui résume en elle seule la nature des nouvelles relations qu’il entretient avec la France : « Depuis que Chirac est parti, je dors mieux ».

La politique du tout sauf Chirac se mue peu à peu donc vers des relations plus apaisées entre Yamoussoukro et Paris depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy. Et c’est sans doute cette dynamique nouvelle qui est à l’origine de la décision de la France de maintenir la Force Licorne en Côte d’Ivoire, sans que, apparemment, le camp présidentiel n’ait rien trouvé à redire. Car le silence des autorités ivoiriennes tranche avec la virulente campagne anti-Licorne menée il y a à peine quelques mois par les partisans de Gbagbo dont les « jeunes patriotes » de Blé Goudé constituent le fer de lance.

Cette période très difficile des relations franco-ivoiriennes, marquées par des vitupérations contre la françafrique, avait été entretenue par l’inimitié personnelle que se vouaient Chirac et Gbagbo. La page de la méfiance est-elle pour autant tournée ? Rien n’est moins sûr même si les relations sont plus apaisées et empreintes de respect mutuel. Depuis son élection à la magistrature suprême, c’est la première fois que Sarkozy dépêche un de ses ministres en Côte d’Ivoire. Plusieurs fois annoncée, la visite de Bernard Kouchner n’a jamais eu lieu.

Si les nouveaux développements dans les relations entre Yamoussoukro et Paris ont été déterminants dans la décision de prolonger le mandat de l’Opération Licorne, force est de reconnaître que le contexte national ivoirien fait d’une évolution vers la paix y est aussi pour quelque chose. Et surtout, la Côte d’Ivoire fonctionne à l’aune de l’Accord politique de Ouagadougou. Rien ne peut donc plus se faire selon la seule volonté de Laurent Gbagbo, contraint de composer avec Guillaume Soro, l’autre signataire de l’Accord, et Blaise Compaoré, le facilitateur. Or la question de la sécurité est éminemment importante dans le dispositif de sortie de crise mis en œuvre depuis le 4 mars 2007. Ce d’autant que même si les Forces nouvelles et les Forces armées nationales ne sont plus sur le pied de guerre, des étapes sensibles de la feuille de route sont toujours à venir, comme l’identification, le désarmement et les élections.

Contrairement donc à Gbagbo qui a fait preuve d’un enthousiasme débordant lorsqu’il s’est exclamé à Bouaké que la guerre était finie, certains acteurs privilégient la prudence. La crise en Côte d’Ivoire a connu tant de rebondissements que les observateurs avisés, ceux qui connaissent la mentalité des Ivoiriens-pour emprunter une expression de Chirac- attendent toujours de voir avant de croire. Guillaume Soro et Blaise Compaoré, bien que ragaillardis par la relance de l’Accord de Ouaga, sont sur leurs gardes. Il n’est donc pas exclu que leur avis ait compté dans la sage décision française. Les deux hommes ont besoin d’une force qui puisse tenir Gbagbo et ses hommes à l’œil, surtout avec le désarmement annoncé et imminent des Forces nouvelles.

Les échéances électorales fixées avant le 30 juin 2008 sont aussi un facteur potentiel d’instabilité. On connaît la boulimie du pouvoir qui anime le camp présidentiel dont une défaite à la prochaine élection n’est même pas imaginable. La présence de forces neutres comme la Licorne et les Casques bleus peut avoir un caractère dissuasif quant aux velléités de prise en otage des résultats électoraux. Mieux, la puissance de feu de ces troupes peut leur permettre d’intervenir partout sur le territoire ivoirien pour rétablir l’ordre et la sécurité. Avec le désarmement en vue des FN, l’opération Licorne et les Casques bleus seront donc le bras armé de l’Accord de Ouaga, en attendant l’avènement d’une armée ivoirienne véritablement républicaine.

Tantôt qualifiée de force d’interposition, tantôt de force d’occupation, selon l’entendement et les intérêts des uns et des autres, la Licorne est appelée à jouer, avec ses 2400 hommes, un rôle majeur de garant de la bonne exécution de l’agenda établi par les accords complémentaires signés récemment entre Gbagbo et Soro sous l’égide de Blaise Compaoré. Le ministre de la Défense français, Hervé Morin, l’a du reste explicitement signifié mercredi dernier à Abidjan : la Licorne ne se retirera pas avant la « normalisation » en Côte d’Ivoire. Un message suffisamment clair à l’endroit de tous les pêcheurs en eaux troubles, sur la détermination de la France à suivre de près le processus jusqu’à son terme.

Le Pays

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