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Niger : Le “cas” Kaka

Publié le jeudi 6 décembre 2007 à 14h09min

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Voilà trois mois et deux décades que notre confrère nigérien Moussa Kaka, croupit dans les geôles nigériennes pour “collusion” (sic) supposée avec la rébellion touarègue. Un embastillement qui n’aurait pas dû avoir lieu à l’analyse des griefs qui lui sont reprochés et qui illustrent une fois de plus, la frilosité dont font montre nombre d’autorités politiques, dans leurs relations avec la presse.

Se soumettre ou déposer la plume ou le micro, voilà la règle, et dans le cas Kaka, plus que le journaliste, c’est la manière de traiter l’information sur la rébellion touarègue par son employeur qui a quelque peu irrité les autorités de Niamey.

Faut-il le rappeler, ladite rébellion a “surgi” au moment où le Niger était en train de négocier l’exploitation de son uranium avec la France. L’ex-métropole qui avait le quasi monopole de cette exploitation a été prié “gentiment” de céder une part du gâteau à d’autres. Dans cette occurrence, l’employeur de Kaka qui est la voix de la France, ne pouvait qu’être caustique vis-à-vis du pouvoir de Tandja. Lequel a donc perdu les nerfs devant cette campagne de presse, faisant payer à notre confrère, “le prix de l’insolence”.

Une frilosité qui n’arrange pas Tandja si tant est que dans les conflits qui opposent la presse aux politiques, la première a toujours le dernier mot. Ces rapports dans le style “je t’aime moi non plus”, ne sont cependant pas le seul fait des pouvoirs africains. Il vous souviendra que certains journaux français avaient dû refaire leurs “unes” parce que celles-ci heurtaient quelque peu la sensibilité d’un des impétrants à l’Elysée, lequel a de solides amitiés dans le milieu de la presse française.

Plus loin, certains éditos ont été “télécommandés” aux USA au début de la campagne irakienne de Bush. Liberté relative donc de la presse sous toutes les latitudes, ce qui n’est pas pour faciliter un boulot déjà ingrat. Triste actualité africaine donc, avec les dérives démocratiques du régime nigérien, le Tchad qui s’enflamme et, cerise sur le gâteau, la Côte d’Ivoire qui s’apprête à signer les Accords de partenariat économique (APE). Convaincus que leur économie peut être compétitive à l’export, les Ivoiriens ont opté “d’y aller”. Et avec tout le respect que nous devons aux économistes-planificateurs de ce pays, une analyse prospective commande de dire qu’ils se sont gourés. Ce n’est, en effet, pas dans l’immédiat que la Côte d’Ivoire quittera ses “habits” d’exportateur de matières premières brutes au profit de ceux d’un pays réellement industrialisé.

C’est dire qu’à la longue, le jeu des fluctuations des cours des matières premières conjugué à celui des devises grignoteront toutes les réserves que le pays se sera constitué en période d’embellie. Et, comme cette défection de la Côte d’Ivoire risque de sonner le glas de l’intégration avec une ou plusieurs monnaies flottantes, les Africains de l’Ouest découvriront mieux encore les effets pervers et dévastateurs de la mondialisation libérale et marchande. On en oublierait presque Moussa Kaka. Tristes tropiques.

Boubakar SY (magnansy@yahoo.fr)

Sidwaya

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