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Nomination du Premier ministre de togolais : Le RPT verrouille tout

Publié le mercredi 5 décembre 2007 à 12h50min

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A 47 ans, Komlan Mally vient d’être nommé Premier ministre du Togo. Il est le deuxième de l’ère Faure. Le choix d’un cadre de Rassemblement du peuple togolais (RPT), parti au pouvoir, confirme la fermeture du régime à toute forme d’ouverture dans la gestion de l’après-élection. Toute chose que nous avions annoncée après l’échec des négociations pour faire entrer les partis d’opposition dans le bureau de l’Assemblée et dans les commissions.

Comme prévu, le RPT s’emmure pour dîner seul. La tentation était si grande de se la jouer en solo que le parti au pouvoir a succombé. Les caciques du régime y sont certainement pour quelque chose.

L’ouverture tant souhaitée par les observateurs internationaux et même par certains Togolais devait consacrer une vraie renaissance démocratique. Hélas, deux fois hélas ! Les esprits ne sont pas prêts du côté de Lomé pour un partage du pouvoir. Le RPT, accroché à sa victoire électorale, n ’a peut-être pas compris que la meilleure façon de contrôler son principal adversaire politique, l’UFC de Gilchrist Olympio, était de le tenir à l’oeil dans un gouvernement où il participerait à la prise de décisions. Mais, que voulez-vous ? Gagner les élections en Afrique est une fin en soi, car cela ouvre un boulevard, celui de la gestion du pouvoir d’ Etat avec bien souvent ses corollaires de mal gouvernance et d’impunité. Le gouvernement d’union nationale devait témoigner de la magnanimité du vainqueur, le RPT, et de l’humilité du battu, l’UFC. Les deux dinosaures de la faune politique togolaise ont tous deux raté une occasion de donner un autre sens à la politique. La faute est à Faure et à Olympio, ces deux légataires politiques.

Le clivage est désormais clair. D’un côté, le RPT qui a la mainmise sur les institutions de la république et qui tentera par tous les moyens de la conserver. De l’autre, l’UFC et ses alliés, minoritaires à l’Assemblée nationale, qui doivent continuer à ronger leur frein et qui risquent de faire feu de tout bois pour rendre le Togo ingouvernable

Mais de fait, l’’UFC a-t-elle été trop gourmande et exigeante lors des négociations ? Auréolé de sa victoire aux législatives, le parti de Faure ne pouvait pas non plus tout accepter d’un adversaire qu’il a battu, même dans les conditions que l’on sait. L’UFC n’a-t-elle pas annoncé qu’elle n’irait pas au gouvernement à n’importe quelle condition ? Le gouvernement d’union aura donc buté sur les surenchères de l’un et de l’autre, qui semblent tous avoir oublié l’essentiel : le Togo de demain. Si le RPT pense que la crise est passée, tel n’est pas le cas de l’UFC qui avait même exigé aux lendemains des élections un programme de sortie de crise. C’est dire combien le fossé est grand entre les deux principaux protagonistes dans leur appréciation de la situation au Togo. Vue de l’esprit ou réalité tangible, le facilitateur, Blaise Compaoré doit s’attendre à toute éventualité. Car, dans tous les processus de sortie de crise en cours, la tenue d’élections est vécue comme le parachèvement, l’étape ultime du règlement d’une situation politique. Elle clarifie, certes, le paysage politique et situe les forces en présence, mais ne garantit pas que le pays sera totalement débarrassé de ses tourments ni que les réformes seront menées à terme. En la matière, il y a de fortes chances que les réformes, si elles doivent avoir lieu, aillent au seul rythme calculé du RPT.

Somme toute, ceux des démocrates togolais et de la sous-région qui s’attendaient à des réformes profondes et osées à Lomé en ont eu pour leur compte. Après toutes ces années de tourments, il n’y aura pas d’ouverture politique.

Tout se passe comme si l’Union des Forces du Changement (UFC) avait joué les accompagnateurs, les faire-valoir dans le derby politique qui vient de se clore à Lomé avec la nomination du Premier ministre, un militant bon teint du RPT. Les carottes sont désormais cuites pour Gilchrist Olympio et pour tout le peuple "olympien". La légitimité de Faure s’en trouve renforcée et l’Union européenne lui aura donné l’onction sanctificatrice en renouant avec le Togo, assuré désormais de bénéficier de toutes les mannes de cette organisation. A y regarder de près, l’Union européenne n’aura posé aucune exigence par rapport à l’ouverture politique tant souhaitée par le peuple togolais. Au total, le président Faure a joué et gagné sur toute la ligne en "grillant" même au passage celui qui fut l’une des bêtes noires de son père Gnassingbé, le ci-devant intraitable Premier ministre sortant Yawovi Agboyibo du Comité d’Action pour le Renouveau démocratique (CAR). Ainsi va la politique, ainsi va l’Afrique !

Le Pays

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