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Pour les vendeurs de céréales : Ils ne sont pas les "mange-mille" qu’on pense

Publié le mardi 4 décembre 2007 à 11h10min

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Les responsables du syndicat des céréaliers du Burkina ont battu le rappel de leur troupe, hier dans la salle de réunions de la Chambre de commerce du Burkina. Entres autres, ils veulent poser cette question qui a l’air bien simple : qui peut bien conserver du mil pendant cinq ans en espérant en faire un gros bénéfice ?

Cette rencontre fait suite aux déclarations du ministre d’Etat Salif Diallo sur les agissements de certains commerçants de céréales qui auraient pour conséquences fâcheuses une augmentation effrénée des prix des différents produits.

« Ces derniers temps, nous sommes victimes de propos qui font croire à beaucoup qu’il n’y a que l’argent qui nous intéresse, même si le pays venait à prendre feu ». Avec cette phrase lâchée par Denis Zoungrana, un membre de l’association, pendant la cérémonie d’ouverture, le décor est planté sur la tournure que devraient prendre ces conciliabules entre commerçants de céréales du Burkina Faso.

C’est vrai que ces derniers temps, ils ne sont pas épargnés par les analystes de tous bords. Ni par les autorités chargées de la question, encore moins par les clients. Rien que le 13 novembre dernier, le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, était face aux députés sur la question de la hausse vertigineuse du prix des céréales.

Et l’une des affirmations de cet influent membre du gouvernement, qui a fait bondir bien des vendeurs de céréales, a trait à ces spéculateurs véreux qui détiendraient par-devers eux des céréales qui auraient cinq ans d’âge. Et Denis Zoungrana, principal porte-parole du groupe, de s’en étonner avec ce ton non dénué de scepticisme.

« Ça nous surprendrait qu’un vendeur puisse conserver du mil toute cette durée en espérant rentabiliser, surtout que c’est une denrée périssable. Nous ne disons pas que le ministre n’a pas la bonne information, mais... ». Il a par ailleurs ajouté qu’il est dommage que l’on voit toujours dans l’augmentation du prix des céréales les mains des vendeurs.

« Si l’on nous intime l’ordre de vendre le sac de mil de cent kilos à 6000 francs CFA, nous pouvons bien le faire...mais à condition que là où nous achetons, on nous offre un prix moins élevé ». Cependant, les commerçants ne réfutent pas d’emblée les accusations qui sont faites à leur encontre. Il faudra d’abord entendre les membres de la corporation. Et c’est l’objet de la rencontre à la Chambre de commerce.

L’objectif était de faire dans la sensibilisation, et pourquoi pas, débusquer ceux qui peuvent se permettre de conserver des céréales aussi longtemps. « Souvent, on donne de nous l’image du chercheur d’argent impitoyable. Pourtant ce n’est pas toujours le cas. On va même jusqu’à dire que nous ne voulons pas qu’il pleuve. Pourtant, sans pluie, il n’y aura pas de céréales à vendre. Comme les autres commerçants, nous n’avons pas une pierre à la place du coeur. Il nous arrive fréquemment de gérer des cas sociaux.

Quand une vieille personne est dans le besoin et qu’elle vient à nous, nous lui donnons un plat de mil. Si un retraité n’a pas la possibilité de payer sur place, nous essayons souvent de le comprendre. Comme pour annoncer les couleurs de la rencontre, il a prévenu : « Et si dans notre milieu nous découvrons qu’il y a quelqu’un qui conserve du mil pendant cinq ans sans l’écouler, nous serons les premiers à nous en prendre à lui ».

Issa K. Barry

L’Observateur

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