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Campagne agricole 2007-2008 : La Boucle du Mouhoun enregistre un manque à gagner

Publié le lundi 3 décembre 2007 à 13h17min

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Considérée comme le grenier du Burkina, la Boucle du Mouhoun a subi elle aussi au cours de la campagne agricole 2007-2008 les mêmes calamités que les autres régions du pays. En dépit des aléas climatiques, le bilan céréalier prévisionnel est positif dans la région. Aucune province de la région n’est déficitaire.

Cependant la région enregistre un manque à gagner par rapport aux deux précédentes campagnes. Dans l’entretien qui suit Tiorgnaga Maurice Traoré, directeur régional de l’agriculture de l’hydraulique et des ressources halieutiques de la Boucle du Mouhoun fait le bilan de la présente campagne. Il attire également l’attention des producteurs sur les conséquences de la sortie massive des produits.

"Le Pays" : Pouvez –vous nous décrire le déroulement de la campagne agricole 2007 / 2008 dans votre région ?

Tiorgnaga Maurice Traoré : Trois moments forts ont marqué le déroulement de la campagne pluvieuse 2007 / 2008 : un faible régime pluviométrique, avec quelques rares pluies sporadiques enregistrées courant mai – juin – juillet. De très fortes pluies en août – septembre, engendrant des inondations des champs de cultures ainsi que des crues exceptionnelles des principaux cours d’eau (Mouhoun, Sourou). Un arrêt brusque des pluies en fin septembre ; ce qui n’a pas permis aux cultures, issues des semis tardifs, de boucler convenablement leur cycle. Ainsi, l’action conjuguée de ces calamités (inondations, épisode de sécheresse, oiseaux granivores) a eu pour effet une baisse de la production par rapport à nos prévisions.

Votre région qui est considérée comme le grenier du Burkina, a-t-elle enregistré encore cette année, un excédent céréalier ?

En dépit de ces aléas climatiques, le bilan céréalier prévisionnel est globalement positif dans la région de la Boucle du Mouhoun. Ainsi, sur la base des données disponibles, la production totale de la région pourrait couvrir doublement les besoins céréaliers des populations. Cependant, la région va enregistrer un manque à gagner par rapport aux deux précédentes campagnes.

La situation alimentaire ne sera-t-elle pas difficile pour bon nombre de ménages dont les champs ont subi soit des inondations, soit la sécheresse ?

Bon an, mal an, il est enregistré chaque année, une certaine catégorie de ménages qui vivent chroniquement une situation alimentaire difficile. En plus de ces ménages structurellement déficitaires, il ne fait aucun doute, que les ménages victimes des aléas climatiques vont éprouver quelques difficultés à faire face à leurs besoins alimentaires. Aussi, à l’endroit de l’ensemble de ces ménages en difficultés, en plus des appuis du gouvernement (CONASUR. Opérations de vente de céréales à prix sociaux), tout le monde est interpellé à faire preuve de patriotisme et de solidarité autour de cette question nationale d’importance capitale, qui est la sécurité alimentaire.

On assiste déjà à une hausse des prix des céréales sur la place du marché. Qu’est-ce qui explique cela ?

Plusieurs raisons peuvent être avancées : les commerçants qui veulent attirer les producteurs pour une vente massive de leurs produits (même sur pieds) à travers une légère hausse des prix, pour ensuite spéculer au moment des périodes dures. Les producteurs avisés, ayant tiré leçons de la situation difficile de 2005, observent une prudence à mettre de façon incontrôlée leurs produits sur le marché, pour ne pas en pâtir par la suite. Les produits des nouvelles récoltes (maïs, sorgho, mil) qui ne sont qu’à leur début et non encore disponibles sur les marchés. En tout état de cause, l’expérience montre que les prix connaîtront une stabilité et même une baisse avec la fin des récoltes en fin d’année.

Votre ministère a lancé une opération de vente de céréales à prix social dans certaines localités dites déficitaires. La région de la Boucle du Mouhoun est-elle concernée ?

L’opération est nationale. Mais pour l’instant, il y a des urgences qui concernent des zones spécifiques qui ne répondent pas à une loi économique. Si le même phénomène se produit dans notre région, l’Etat prendra ses responsabilités. Aussi, une prise de conscience collective s’impose-t-elle, pour empêcher la sortie massive des céréales. Car si cette sortie massive n’est pas contrôlée, elle pourrait avoir des conséquences.

Les activités de la petite irrigation peuvent-elles pallier la situation alimentaire difficile de certains producteurs ? Si oui, comment résoudre le problème de ceux qui vivent éloignés des points d’eau ?

Depuis le démarrage du programme de la petite irrigation il y a de cela 5 ans, la région de la Boucle du Mouhoun s’est toujours positionnée à l’avant-garde de ce programme. En effet, l’existence d’énormes potentialités (terres- eau), l’engagement des producteurs a toujours permis la mise en place chaque année d’importantes superficies de cultures de contre-saison pour assurer une production additionnelle conséquente. Dans cette dynamisque, la DRAHRH a entrepris des séances d’information et de recensement des ménages touchés par les calamités, en vue de leur intégration aux comités d’irrigants sur les sites aménagés. Dans le même ordre d’idée, un appel est lancé à l’ensemble des producteurs individuels ou en groupements pour soumettre des fiches de micro- projets d’activités génératrices de revenus aux programmes et projets en cours d’exécution dans la région.

Propos recueillis par Serge COULIBALY

Le Pays

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