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Gouvernement- syndicats : Face à la mondialisation, un nouveau type de partenariat

Publié le vendredi 23 novembre 2007 à 10h34min

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Débutées le 15 novembre, les négociations qui ont réuni autour d’une table ronde le gouvernement et ses partenaires sociaux, les organisations des travailleurs, ont pris fin le 16 novembre par un match nul. Il n’y a eu ni vainqueurs ni vaincus pourrait-on dire si l’on se trouvait dans le domaine sportif.

Les syndicats ont vu onze points de leur plate forme revendicative acceptés par les négociateurs gouvernementaux qui étaient conduits par le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, M. Jérôme Bougouma. Le gouvernement a rejeté onze autres points de la même plate-forme syndicale.

Du côté des centrales syndicales et syndicats autonomes, il n’y a pas de véritables motifs de satisfaction dans la mesure où la revendication principale : l’augmentation de 25% des salaires et des pensions, n’a pas été retenue. C’est aussi le sort réservé aux revendications relatives à la diminution des impôts, à la suppression de la TVA sur les prêts bancaires, la suppression de l’IUTS sur le SMIG ; à la réouverture aux fins d’une instruction sérieuse du dossier Norbert Zongo. Bien d’autres points tout aussi importants ont été recalés.

Au nombre des points qui ont fait l’objet d’un accord, il y en a un essentiellement qu’il convient de souligner. C’est celui relatif à l’instauration d’une indemnité de stage ou d’une bourse d’études pour les fonctionnaires admis et qui acceptent de repartir dans un établissement de formation ou de perfectionnement au Burkina. L’accord précise qu’à défaut, ces fonctionnaires conservent leurs indemnités de logement et de sujétion. Cet accord vient mettre un terme aux drames de tous ceux qui retournent sur les bancs pour une amélioration de leur niveau professionnel. De l’avis de nombreuses personnes, cette question constituait un véritable handicap pour beaucoup de fonctionnaires qui refusaient de retourner sur les bancs parce que si on amputait toutes les indemnités de leur salaire, ils ne pourraient plus faire face à leurs obligations. Ce qui est d’autant plus vrai dans ce contexte de vie chère qui ne fait que s’aggraver de jour en jour.

Il faut le souligner avec force que tous les participants, particulièrement du côté des représentants des centrales syndicales, se sont félicités de l’atmosphère dans laquelle ont eu lieu les négociations. Cela présage-t-il une nouvelle approche du gouvernement avec ses partenaires sociaux ? On doit le souhaiter. En coupant comme on a dit la poire en deux, le gouvernement a-t-il choisi d’aller du plus simple au plus compliqué ? C’est une stratégie dans les négociations comme dans tant d’autres. Ou s’agit-il de sa part, d’une diversion ? La pire des stratégies étant le refus du nécessaire dialogue social, le mépris des partenaires, la banalisation de leurs doléances par le gouvernement. Partout dans le monde, une telle attitude a accouché d’un choc entre gouvernement et syndicats avec les conséquences qu’on imagine.

Les pouvoirs ne s’imaginent pas que ce n’est pas avec enthousiasme que les travailleurs vont en grève. Comme on le dit, la grève est l’ultime arme du travailleur qu’il utilise lorsqu’il est acculé par son employeur, en l’occurrence l’État. Un employeur qui ne négocie que s’il a le couteau sous la gorge. Il faut souhaiter que s’instaure une nouvelle dynamique, une autre approche des relations entre le gouvernement et les organisations des travailleurs. Il faut utiliser en permanence ces structures de concertation existantes. Il faut les exploiter, en abuser s’il le faut. Parce que la guerre des chiffres qui est déclenchée au lendemain des grèves, est un échec pour le gouvernement en particulier.

Les organisations syndicales ont demandé une hausse de 25% des salaires et des pensions pour tenir compte de la cherté de la vie. Le gouvernement a opposé une fin de non-recevoir. Déjà en septembre dernier, lors de sa rencontre avec la presse nationale et internationale, le Président du Faso, Blaise Compaoré, qui répondait à une question sur le sujet s’était interrogé si lui et ceux qui demandent une telle augmentation vivent les réalités du même pays. Certes, ils sont tous des Burkinabè. Seulement, pendant que les uns mangent, d’autres regardent. Les dépenses faites dans le cadre de la célébration des "20 années de renaissance démocratique avec Blaise Compaoré" montrent bien que les possibilités budgétaires ne manquent pas dans ce pays.

Il faut reconnaître qu’un pays comme le Burkina, avec une économie extravertie, qui a été embarqué malgré lui sur le TGV de la mondialisation, a peu de marge de manoeuvre. Toutefois, il pourrait subventionner les produits de consommation courante. Ceux qui ont rédigé la bible de la mondialisation le font chez eux. Il peut aussi réduire la TVA et les impôts sur les services et les produits de première nécessité. Les augmentations de salaires sont toujours une illusion qui a été immédiatement démasquée par les hausses décidées par les commerçants. Une mesure visant à réduire par exemple la TVA touche plus de monde qu’une insignifiante augmentation de salaire dont l’effet disparaît aussi vite qu’une goutte d’eau versée sur le sable du désert.

Il convient de relever les efforts que fait le gouvernement pour maintenir les prix des hydrocarbures à des niveaux stables depuis juillet 2007. Nous exhortons le gouvernement à s’approcher davantage, dans un esprit régalien soutendu par une vision prospective, des partenaires sociaux. Cela éviterait bien des dommages au Burkina.

Le Fou

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