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Burkina-Allemagne : priorité à la lutte contre la pauvreté et à la décentralisation

Publié le jeudi 22 novembre 2007 à 13h34min

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L’ambassadeur Ulrich Hochschild et Blaise Compaoré

Les relations diplomatiques entre le Burkina et l’Allemagne remontent à 1960. Les axes majeurs de coopération sont ceux de l’agriculture, de l’eau et de la décentralisation. Mais l’Allemagne intervient également dans la lutte contre la pauvreté, la promotion de la participation des femmes et des jeunes, la lutte contre le Sida, la conservation des ressources naturelles et la prévention des conflits.

Selon l’ambassadeur Allemand Ulrich Hoschschild, ces axes de la coopération allemande sont en adéquation avec les objectifs du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) élaboré par le Burkina. Jusqu’à fin 2005, les fonds accordés par l’Allemagne au titre de la coopération au développement représentaient un total de plus de 706 millions d’euros. 36 millions d’euros ont été débloqués pour le biennum 2003-2004 dans le cadre de la coopération intergouvernementale au développement, dont 5 millions, dans un premier temps, sous forme d’aides budgétaires.

Des organismes visibles sur le terrain

Les fruits de la coopération sont rendus visibles par trois principales structures la GTZ, le DED et KFW. Pour le DED (Service Allemand de Développement) par exemple, l’objectif global de la réduction de la pauvreté passe par la promotion de la population. Cela, afin qu’elle soit capable de participer activement aux processus de décision qui concernent autant le développement économique et social de son environnement direct que celui de sa société en général. Dans ce sens, le pôle prioritaire « Promotion de la démocratie » du DED Burkina Faso vise le soutien du processus de décentralisation et l’accompagnement des communes urbaines et rurales dans l’exercice de la démocratie locale. Les responsables du service estiment qu’il est nécessaire que tous les acteurs et actrices concernés par la décentralisation maîtrisent leurs rôles et leurs tâches. Sur cette base, le DED Burkina Faso a défini comme axes prioritaires d’intervention dans ce secteur, le développement communal et la promotion de la société civile.

Au niveau communal, le DED intervient dans la formation d’administrations et de conseils municipaux stables, performants et à l’écoute des citoyens. Le deuxième volet vise prioritairement le renforcement de la participation de la population et des organisations de la société civile par l’information sur les droits et devoirs envers les structures étatiques décentralisées. Le Service allemand entend ainsi former des interlocuteurs/partenaires sûrs d’eux-mêmes dans le dialogue du développement local.
Concrètement, ces actions embrassent le soutien aux organisations locales qui militent dans la promotion des droits humains, la promotion des médias ainsi que l’approche genre/promotion des droits des femmes avec un point fort sur l’abandon des mutilations génitales féminines.

Le DED travaille au Burkina depuis 1975, sur la base d’un accord de coopération signé entre les gouvernements burkinabè et allemand. La GTZ, (la Deutsche Geselleschaft Für Technische Zusammenarbeit) de son côté, est une entreprise fédérale de coopération internationale opérant sur tous les continents. Elle se donne pour objectif d’infléchir positivement le développement politique, économique, écologique des pays du Sud et de l’Est, en vue d’améliorer les conditions de vie des populations de ces pays. Au Burkina Faso, la GTZ intervient dans les secteurs de l’agriculture, de la santé sexuelle et VIH/Sida, les droits humains, la lutte contre les pires formes de travail et le trafic des enfants, la réintégration sociale des familles rapatriées dans les zones rurales. Elle est présente au Burkina depuis 1973. Enfin, la KFW est une banque de développement. Elle finance des investissements dans l’infrastructure économique et sociale ainsi que des programmes de réforme.

Actuellement, la KFW soutient environ 1 400 projets dans 109 pays. Les projets financés sur fonds de la coopération financière sont sélectionnés conjointement par le gouvernement fédéral allemand et le pays partenaire selon des aspects déterminés par la politique de développement poursuivie. Ce sont toujours les partenaires sur place qui assument la responsabilité de la préparation, de la mise en œuvre et de l’exploitation des projets. La KFW les soutient dans la planification technique, l’exécution ainsi que le suivi. Parallèlement, elle veille à ce que les fonds accordés soient utilisés aux fins prévues.

Dans la dynamique de la coopération, de nombreuses autres ONG allemandes sont présentes dans le pays. Cet état de fait se matérialise par une trentaine de jumelages entre communes allemandes et burkinabè. Ces cadres créent des liens tant au niveau personnel qu’institutionnel, contribuant ainsi à la consolidation des relations. Ces dernières années, la coopération germano- Burkinabè connaît un regain de dynamisme. Cela s’est traduit par le financement de projets s’inscrivant dans le cadre du développement économique et social du Burkina. Il s’agit entre autres, de la réintégration sociale des familles rapatriées, de l’approvisionnement en eau potable, des droits humains et du développement de l’agriculture. Pour la période 2005-2007, six milliards de F CFA sont alloués à l’agriculture et aux ressources naturelles.

La décentralisation, l’eau potable et l’assainissement, bénéficient eux, respectivement de 8 et 8,5 milliards de F CFA. En ce qui concerne les autres aspects de la coopération dénommés « objectifs transversaux », l’Allemagne prévoit 7,5 milliards de F CFA. Pour saluer l’exemplarité des relations entre la République Fédérale d’Allemagne et le Burkina, des officiels burkinabè ont séjourné en Allemagne. On peut entre autres citer les visites du groupe d’amitié Burkina Faso/Allemagne auprès de l’Assemblée nationale allemande en octobre 2003, des ministres Yéro Boly de la Défense et Salif Diallo de l’Agriculture. Du 9 au 13 mars 2004, le président burkinabè Blaise Compaoré a effectué une visite officielle en Allemagne sur invitation du président fédéral Rau. Au cours de son séjour, il s’est rendu à Berlin, Potsdam et Brême.

De bonnes relations culturelles

La culture de la langue allemande est au centre des relations culturelles. Quelque 15 000 élèves apprennent l’allemand, enseigné par des professeurs burkinabè. À cet enseignement s’ajoutent les cours d’allemand organisés régulièrement par l’Ambassade d’Allemagne. En1982, l’université de Ouagadougou a ouvert un département d’allemand qui offre, depuis 1997, la possibilité de passer la maîtrise. Une coopération existe entre les universités dans les secteurs de la médecine (jumelage avec l’université de Heidelberg), des lettres et civilisation allemandes ainsi que de l’art dramatique (université de Sarrebruck) tout comme avec les universités de Francfort et de Bayreuth (notamment ethnologie et linguistique).

Les échanges commerciaux sont très limités et fortement excédentaires en faveur de l’Allemagne. Le Burkina Faso bénéficie d’un régime préférentiel pour ses importations au titre de l’Accord de Cotonou avec l’UE. Xavier Niodogo est l’ambassadeur du Burkina en Allemagne. Le souhait des Allemands est que la coopération avec le Burkina Faso s’affermisse davantage et qu’elle soit mutuellement bénéfique.

Arsène Flavien Bationo
bationoflavien@yahoo.fr Lefaso.net

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