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Action gouvernementale : Du « sarkozisme » en Tertius

Publié le jeudi 22 novembre 2007 à 13h49min

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Tertius Zongo

Nommé le 4 juin dernier, le Premier ministre burkinabè, Tertius Zongo est un chef de gouvernement d’un pragmatisme débordant et sans précédent. Une nomination qui, du reste, a surpris plus d’un, tant bon nombre d’observateurs de la scène politique nationalene pensaient pas au retour de cet ancien professeur de comptabilité, aux affaires. Mais ainsi est le président du Faso, Blaise Compaoré, qui semble avoir plus d’un tour dans son sac à chaque fois que de besoin.

La cinquantaine entamée, ce natif de Koudougou depuis son arrivée à la primature, est au four et au moulin comme un homme politique qui combat sur tous les fronts. Economiste diplômé de l’Université de Dakar, Tertius Zongo manifeste les symptômes du sarkozisme, cette attitude du bouillant chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy, qui consiste en partie à vouloir être partout sans avoir le don d’ubiquité. La marque parfaite de l’omniprésence, pas celle de Dieu donc, mais d’un homme qui a la volonté indéfectible de bousculer les choses, de les prendre en main et de marquer sa parcelle de pouvoir. Les actes et actions de l’ex-ambassadeur du Burkina à Washington sont plus que jamais révélateurs de ce que cache mal sa manière de gouverner : la recherche de l’efficacité et la culture du résultat.

Primo, le credo du gouvernement voulu par son chef, Tertius Zongo, qui se résume en trois mots d’importance capitale (rigueur, audace et créativité), est un signal fort qui révèle sa personnalité. Même s’il n’a pas totalement les coudées franches quand on sait qu’il doit beaucoup à la volonté de celui qui l’a promu à ce poste de prestige. D’ailleurs, c’est de bonne guerre ; car il y va de l’exécution du reste du programme quinquennal du chef de l’Etat, "Le progrès continu pour une société d’espérance" au grand « bonheur de tous les Burkinabè » . Et à la lumière de cette nouvelle philosophie, dans l’équipe Tertius, tous les ministres sont tenus vaille que vaille, à des résultats tangibles au bout, sinon. . . L’habitué de la rue Agostino Neto n’avait-il pas lâché au détour de son premier point de presse : « Le ministre qui ne sera pas organisé viendra rendre compte devant le gouvernement. Il faut qu’il y ait des sanctions. Des évaluations au sein du gouvernement seront faites et seront rendues publiques ». Le ton était ferme et la ligne de conduite établie. Les intéressés prévenus.

D’où le « réveil » spontané de certains ministres qui sont devenus subitement ingénieux, si ce n’est d’autres qui se montrent très, très entreprenants. Un coup de théâtre ? Comprenne et devine qui pourra mais le temps de la révolution dans l’action gouvernementale à la façon Tertius a sonné. Les dés sont jetés. L’issue de cette sorte de rupture nous éclairera sur son enjeu et sur le mandat de son initiateur !
Secondo, la présence presque sur tous les coups de Tertius Zongo qui n’a pas la langue de bois, est assez remarquable pour passer inaperçue. Déjà aux premières heures de sa prise de fonction, il n’a fait que recevoir et recevoir. Des acteurs de la société civile en passant par les responsables coutumiers et religieux et on n’en n’oublie, le gouvernement a beaucoup consulté comme le premier magistrat français, Nicolas Sarkozy après son accession au pouvoir. Une démocratie participative qui corrobore une nouvelle manière de faire de la politique, de gérer les affaires publiques. Du sarkozisme pur et dur ! Mieux, l’ex-grand argentier se fait sentir là où il le juge nécessaire et souvent là où on ne s’attend pas à le voir.

Des cérémonies de grande envergure ou officielles à celles où certaines personnalités au sommet de l’Etat ne jugeraient pas nécessaire d’y prendre part, Tertius est aussi bien aux côtés de ses semblables les plus respectés, connus ou craints que de ceux qui n’accrocheraient pas un nombre impressionnant de lecteurs, de téléspectateurs ou d’auditeurs pour "flirter" avec le jargon journalistique. Si le chef du gouvernement n’est pas en tournée à l’intérieur du pays, il préside une rencontre, inaugure une école, rehausse de sa présence, une simple cérémonie de dédicace d’ouvrage, reçoit des personnalités (nationaux ou expatriés) de tous les bords sociaux ou assiste des ministres interpellés par les parlementaires sur certaines questions relevant de leurs départements. Du jamais vu au « Pays des hommes intègres » sur ce dernier point, même si cela n’est pas une entorse aux règles démocratiques ! D’aucuns diraient que c’est normal que le Premier ministre s’investisse autant au regard de sa fonction mais force est de reconnaître qu’il en fait trop pour ne pas s’économiser. Un Sarkozy dans l’âme de cet homme de foi, selon qui « Le ciel devrait être la seule limite à nos actions et à nos rêves ».

Mais Oui ! A ce rythme effréné, Tertius va s’user s’il ne prend garde à son trop plein d’enthousiasme qui n’est pas pour déplaire (bien au contraire) mais cela y va de son physique qui, quoi qu’on dise, doit être au point pour lui permettre de mener à bien ses ambitions pour le développement du Burkina. D’autant plus que cela permettra au « Tertiusme » (la politique de gouvernement selon Tertius) de montrer ses capacités et tout naturellement ses limites car après tout, c’est au vu des résultats qu’on juge les actions. « Rien ne sert de courir, il faut partir à point », dit d’ailleurs un adage très connu.

Kader Patrick KARANTAO
stkaderonline@yahoo.fr

Sidwaya

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