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Bilan de la campagne agricole 2007-2008 : Des enquêteurs à Bado Nébilma de Koukouldi

Publié le mercredi 21 novembre 2007 à 18h11min

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" Vos chiffres ne sont pas fiables", tel était le titre de la lettre ouverte que le sieur Bado Nébilma de Koukouldi a adressée dans notre édition du mardi 13 novembre 2007 au ministre de l’Agriculture. C’était au sujet du bilan de la campagne agricole 2007/2008 qui dégage, selon les chiffres officiels, un excédent céréalier de quelque 777 000. C’est cet écrit qui fait l’objet du droit de réponse suivant émanant d’un groupe de contrôleurs de l’enquête agricole.

C’est avec grande indignation que nous avons lu l’article que notre ancien collaborateur M. Bado Nébilma de Koukouldi a fait passer dans les colonnes de l’Observateur Paalga n° 7010 du mardi 13 novembre 2007.

Pendant que nous ruminions sourdement notre colère et notre frustration, cherchant la meilleure forme de réplique à notre collègue, voilà que l’interview du ministre de l’Agriculture sur les méthodes d’évaluation de la situation alimentaire dans l’Observateur Paalga n° 7013 du vendredi 16 novembre 2007 nous mît du baume au coeur.

Nous sommes vraiment reconnaissants au Ministre d’avoir montré au peuple burkinabè l’importance stratégique du « travail d’âne » (terme employé par M. Bado) que nous abattons chaque année, des fois dans l’indifférence totale de ceux qui soutiennent qu’on « ne mange pas les chiffres ».

Au cours des différentes sessions de formation, on ne cesse de nous répéter l’importance de notre travail et à notre tour nous le répétons aux autorités villageoises mais surtout aux ménages échantillons pour obtenir leur collaboration ; mais dans cette interview, le fait que le Ministre se mette au premier plan pour expliquer les détails du fonctionnement du dispositif, nous nous sentons fortement honorés de cette marque de reconnaissance.

Notre ancien collègue évoque un problème de fiabilité des chiffres depuis l’arrivée aux affaires du ministre de l’Agriculture, lequel a nommé son ami fidèle M. Z. qui a transformé la DGPSA en vache à lait et surtout après le départ de M. Badolo Gaspard. Sachant que ce dernier est l’oncle maternelle de M. Bado Nébilma, nous conseillons notre ancien collègue d’éviter des insinuations à forte connotation subjective voire ethniciste sur des sujets aussi graves.

Sans connaître ni même nous intéresser au type de relation qui lie le premier responsable actuel de la DGPSA au ministre d’Etat, nous pouvons affirmer que depuis son arrivée à la DGPSA, nos conditions de travail ont connu une nette amélioration.

Il en est de même des méthodes de gestion des ressources humaines qui tranchent du temps où l’oncle de M. Bado Nébilma était aux affaires. Nous ne savons pas ce que M. Bado Nébilma gagnait en son temps, mais nous pouvons dire qu’au lieu de 10 000 FCFA qui était servi à l’époque comme frais de fonctionnement, c’est maintenant 25 000 F et cela grâce à l’écoute dont nous bénéficions de la part de nos responsables actuels.

De même, nos engins sont remis en état chaque début de campagne avant de nous être retournés ; contrairement à l’époque de son oncle où les frais de remise en état de nos mobylettes étaient coupés sur notre dernier salaire. Nos salaires aujourd’hui sont portés à 73 000 FCFA au lieu de 47 000 FCFA qui nous étaient servis.

Compte tenu de la pénibilité du travail, nous ne pouvons pas dire que ces changements dans nos conditions de travail soient les meilleurs, mais nous devons avoir l’honnêteté de dire que la situation s’est notablement améliorée. Afin de garantir une plus grande proximité et transparence dans la gestion de notre carrière administrative, la gestion administrative et financière de tout le personnel a été décentralisée au niveau régional.

C’est vrai, nous abattons un "travail d’âmes"

Dans tous les cas, nous nous posons la question de savoir pourquoi notre ancien collègue quitte ce travail au moment où nos conditions s’améliorent et malgré le nouveau dispositif mis en place. En effet, M. Bado comme tous les autres anciens étaient systématiquement intégrés sans passer par un test.

Avec cet article, nous avons l’impression que notre collègue n’ayant plus la possibilité de se cacher a préféré de lui-même fuir avant d’être chassé, vu le renforcement du dispositif de supervision avec la nomination des superviseurs provinciaux qui n’existaient pas à l’époque et l’augmentation des effectifs des contrôleurs.

Notre ancien collègue croit nous rendre service avec son article, mais nous croyons à notre humble avis que cet article constitue une insulte à notre égard. C’est vrai, nous abattons un important travail que M. Bado de Koukouldi a qualifié de « travail d’ânes » ; en toute honnêteté, sachant que son oncle a quitté le service des statistiques agricoles en 1999, notre ex-collègue devrait aussi abandonner le dispositif à ce moment s’il était un patriote convaincu de ce qu’il avance.

Nous sommes 700 agents à parcourir nuit et jour les sentiers et à patauger dans la boue pour permettre au ministère de suivre le secteur de l’agriculture et de la sécurité alimentaire de notre pays. Nous en sommes fiers, et par respect, M. Bado (qui a choisi de quitter le dispositif seulement en 2006) devrait au contraire nous encourager à plus d’abnégation.

M. Bado n’est ni honnête avec lui-même, ni honnête avec son peuple, car pendant dix (10) ans, il a empoché l’argent de ce peuple pour un travail dont il n’est pas convaincu. Si nous avons bonne souvenance, notre collègue, en 1997, a fait cas d’une supervision que le siège a effectuée dans sa zone (la province du Ganzourgou) et qui a tourné au vinaigre ; et il s’inquiétait en son temps parce qu’il était menacé de licenciement pour faute lourde (tricherie flagrante).

Nous ne savons pas comment cela s’est réglé par la suite, mais connaissant le caractère impardonnable de ce genre de faute, si M. Bado est demeuré avec nous, nous mesurons maintenant la forte protection dont jouissait notre collègue à l’époque.

Nous comprenons aussi qu’après le départ de son oncle, M. Bado cherche une nouvelle situation en s’alignant derrière une certaine opinion pour apprécier le « travail d’ânes » que nous avons abattu ensemble pendant dix ans, en prenant à témoin les appréciations politiques qu’a livrées un certain Bénéwendé Sankara dont nous ignorons les instruments d’analyse.

Nous réaffirmons que notre activité n’a aucun lien avec la politique politicienne de qui que ce soit, et sommes désolés de découvrir que notre ancien collègue pouvait se laisser influencer par des positions partisanes dans ce genre de travail technique que nous avons choisi de mener.

C’est d’autant plus regrettable qu’après dix ans de service aux statistiques agricoles, M. Bado ne sait pas que les résultats de la campagne agricole sont publiés deux fois dans l’année (une fois en prévisionnel et l’autre fois en définitif) lorsqu’il dit que les résultats de 2001 ont été repris en conseil des ministres sous l’exigence des bailleurs de fonds.

A propos de bailleurs de fonds, votre écrit a-t-il pour objectif de les inciter à couper leur contribution et donc de voir beaucoup de vos compatriotes au chômage ? Monsieur Bado Nébilma de « Koukouldi » qui a apparemment un problème de reconnaissance social est viscéralement mauvais.

Nous sommes dans le dispositif depuis 1993

Tout aussi curieux est l’étonnement de notre ancien collègue lorsqu’il pose la question de savoir si les enquêteurs comprennent bien le questionnaire et s’ils vont réellement sur le terrain. La maîtrise du questionnaire est liée à la maîtrise des outils de collecte qui sont élaborés par la DGPSA.

Chaque année, avant le démarrage des activités d’enquête, une formation de dix jours est organisée au niveau des treize régions ; certains se demandent même si ces formations/recyclages sont encore nécessaires vu que ce sont pratiquement les mêmes questionnaires qui reviennent chaque année. Mais l’on comprend la DGPSA dès lors que chaque année, il y a de nouveaux enquêteurs qui intègrent le dispositif et que des modifications sont souvent opérées dans certains concepts des questionnaires.

La répétition étant pédagogique nous demandons toujours à la DGPSA de poursuivre ces formations/recyclages comme ils le font chaque année pour garantir la qualité et la fiabilité dans l’administration des questionnaires. Notre rôle en tant que contrôleurs est d’accompagner à chaque phase, les agents enquêteurs pour l’introduction des premières fiches afin de nous assurer qu’ils ont bien compris et qu’ils respectent la méthode.

Si pendant dix ans, malgré ces répétitions de formations que nous avons subies (ensemble avec notre ancien collègue), il doute encore de la compréhension du questionnaire, M. Bado n’avait vraiment pas sa place dans le dispositif et ne pouvait que fuir, car il ne pouvait plus échapper aux mailles de contrôle mis en place par le nouveau directeur général de la DGPSA.

De l’effectivité de la présence des agents sur le terrain, notre ancien collègue, en tant que contrôleur, avait pour rôle de démasquer les éventuels enquêteurs fantômes ; s’il ne l’a pas fait lorsqu’il était commis à cette tâche, et c’est après son départ du dispositif qu’il évoque ces cas, c’est dire que si laxisme il y a de la part des enquêteurs, il en porte une grande part de responsabilité ; qu’il sache que les personnes qu’il a protégées pendant dix ans (si elles sont toujours dans le dispositif et dans les mêmes habitudes de fraudes) seront démasquées avec le nouveau dispositif mis en place par la DGPSA.

Cela nous étonne vraiment que M. Bado de Koukouldi s’évertue à démontrer « sa maîtrise du travail » à toute l’opinion en « prenant à témoin le peuple conscient » et en même temps, pose la question au ministre de l’Agriculture sur la présence effective des agents sur le terrain, alors que lui-même a été payé pendant dix ans pour la garantir. La collecte des données est une chaîne de responsabilité et là se trouvait précisément la responsabilité de notre ancien collègue.

Nous sommes dans le dispositif depuis 1993 ; plusieurs ministres se sont succédé à la tête du département et nous avons toujours travaillé avec la même abnégation. La différence avec le ministre actuel, c’est surtout la visibilité offerte à notre travail parce qu’il y apporte de l’intérêt.

Nous ne nous pouvons qu’en être fiers et l’encourager ; nous demandons donc à toutes les personnes responsables de ce pays de savoir reconnaître la qualité d’un travail aussi pénible mais utile qu’est le nôtre en le protégeant contre toute forme d’utilisation démagogique.

Personne d’autre que les responsables du dispositif de sécurité alimentaire n’est mieux placé pour qualifier et anticiper l’issue de la campagne agricole, avec toutes les informations détaillées que nous communiquons chaque jour. Avant que les esprits mal intentionnés ne s’évertuent à ne voir la famine partout où ils passent, nous savions déjà ce que sera la campagne agricole et ce qu’en pensent les paysans eux-mêmes.

Nous vivons chaque jour avec les paysans et parcourons leurs parcelles du matin au soir, nous savons ce qui se passe, et en informons nos responsables. Votre écrit a des relents de dénigrement ; en plus, c’est un gros mensonge que d’insinuer que les agents ne vont pas sur le terrain. Aucun enquêteur, contrôleur, superviseur provincial, superviseur régional et même national n’acceptera qu’on doute de sa présence effective sur le terrain.

Si tel est ce que vous voulez faire croire, alors vos nouveaux collaborateurs devront sérieusement se méfier de vous. Pour finir, nous faisons confiance au Premier ministre et au gouvernement tout entier, pour mettre le dispositif statistique agricole hors des assauts des démagogues qui pullulent dans notre cité,et qui sont prêts à faire feu de tout bois ; nous rendrons ainsi un service inestimable à notre peuple.

Un groupe de contrôleurs de l’enquête agricole indignés

M. Lankoandé Lamoussa
Contrôleur de l’enquête agricole dans la province du Gourma depuis 1986

M. Ouédraogo Kogoraogo,
Contrôleur de l’enquête agricole dans la province du Bam depuis 1993

M. Bihoun Nasoa
Contrôleur enquête agricole dans la province du Tuy de 1975 à 1982 et 1997-2007

L’Observateur

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