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Abbé Ambroise Ouédraogo, fondateur de l’ASFA-Y : "Entre l’ASFA-Y et l’EFO, c’est une rivalité sans animosité"

Publié le mercredi 21 novembre 2007 à 17h09min

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Né le 19 octobre 1919, l’abbé Ambroise Ouédraogo est le père fondateur de "Charles Louanga", aujourd’hui ASFA-Y. A 88 ans, la passion qu’il voue à ce club est encore intacte malgré sa retraite aujourd’hui à Baskouré. Crée en 1947, la famille ASFA-Y fête aujourd’hui ses 60 ans et ce fut une occasion pour ses dirigeants d’aller rendre hommage à l’abbé Ambroise Ouédraogo, le dimanche 18 novembre 2007. Nous avons saisi cette opportunité pour nous entretenir avec ce "vieux" très loquace.

De Charles Louanga à l’ASFA-Y en passant par la Jeanne d’Arc et Yennega Club de Ouagadougou, reconnaissez-vous toujours le club que vous avez fondé malgré ces multiples mutations ?

Je le reconnais bel et bien car je l’ai dans mon cœur. Je m’intéresse toujours à l’équipe, quelle que soit sa dénomination. Une chose est sûre, j’ai un pincement au cœur lorsque j’apprends qu’il y a des divergences dans le club. Je voudrais que toute la famille soit unie. Il faudrait qu’il garde l’esprit qui a soutenu la création du club. Au début, on jouait simplement avec le cœur, sans intérêt quelconque. Personne ne cherchait à s’arroger les éloges, personne ne se laissait guider par un esprit égoïste pour dire "c’est moi qui ai inscrit le but". Un but marqué, c’était le but de toute l’équipe.

Les résultats du club vous inquiètent aujourd’hui ?

Bien sûr. J’écoute tout le temps et je me pose la question de savoir qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi cette baisse de régime ? Les joueurs ne veulent plus mouiller le maillot ou quoi ? En mon temps, je prenais parfois l’argent de la messe pour soutenir certains joueurs en difficulté. Il faut s’entraider et bien s’unir. Que le problème d’un membre de la famille soit le problème de tous. La défaite tout comme la réussite doit être collective. Si la famille est unie et tout le monde a le même degré d’amour pour l’ASFA-Y, ça ne peut pas ne pas marcher.

Depuis quand date la rivalité EFO # ASFA-Y ?

C’est depuis toujours parce que quand les Stellistes arrivaient, je leur disais : "EFO, vous êtes faux". C’est bon qu’il y ait cette rivalité. Si les enfants de l’ASFA-Y arrivent devant l’EFO et font profil bas pour dire qu’ils ne pourront pas, je leur dis jamais, vous n’êtes pas mes enfants. Cette rivalité est toujours restée une rivalité sans animosité. S’il n’y avait pas de rivalité, l’atmosphère footbalistique serait morose. Si l’on vous bat aujourd’hui, vous vous préparez en conséquence pour revenir laver l’affront. La rivalité n’est pas une inimitié. Elle donne du courage et vous oblige à mieux vous organiser.

Cette rivalité a-t-elle encore du piquant comme en votre temps ?

Ça dépend des gens. Si aujourd’hui vous prenez cela en inimitié, vous n’êtes plus dans le juron que j’ai tracé. Il faut faire en sorte que cette rivalité reste un jeu. La preuve, après nos matchs, on buvait ensemble.

La saison dernière, l’ASFA-Y n’a pas eu des résultats à la hauteur de son standing. Quel conseil avez-vous à donner afin que l’équipe retrouve ses lustres ?

Il n’y a pas de secret en cela. Il faut mouiller le maillot. Il faut multiplier les exercices et les entraînements car ce serait une erreur fondamentale que de croire que sans qu’on ne verse pas la sueur de son front, la victoire peut être acquise.. Si les joueurs ne souhaitent plus nous mettre la honte, ils doivent mouiller le maillot et bien s’entendre auparavant.
Aux dirigeants, je leur dis de ne pas chercher leur propre triomphe mais plutôt celui de l’ASFA-Y.

Quel est votre plus grand souvenir que vous gardez jusque-là ?

Un jour, le club m’a invité et quand je suis arrivé sur le terrain, je paradais avec fierté. Après, j’ai pris du recul et j’ai dit au bon Dieu "Aidez-moi à ce que je ne fasse pas tant d’orgueil". Quand j’ai vu tout le monde criant ensemble "ASFA-Y ! ASFA-Y !" j’étais aux anges. C’est un bon souvenir de savoir que la famile vit encore ensemble. Quand j’écoute la narration des matchs, je sens si l’équipe est ensemble ou pas. Un jour je suis arrivé dans les tribunes du stade et je me suis assis à promixité du protocole du président Maurice Yaméogo,. Le jeu était serré et je me suis levé et j’ai dit à mes joueurs "Est-ce que vous voyez ma soutane blanche ?" . Les gens ont cru que j’étais le "wackman" de l’équipe or, c’est faux. Les joueurs se sont transcendés et ont inscrit un but dans les minutes, qui ont suivi. En seconde période, j’ai répété le même scenario et les joueurs ont encore inscrit un autre but. Je me suis bien moqué du protocole qui, du reste, ne m’appréciait pas trop car il était communiste et moi pas. Ce fut également l’un de mes plus grands souvenirs.

Béranger ILBOUDO

Sidwaya

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