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Affaire Ahmed Newton Barry contre Sidwaya : Samuel Kyendrébéogo propose une médiation

Publié le vendredi 16 novembre 2007 à 15h52min

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A quelque chose malheur est bon : la presse burkinabè m’apprend que le procès en diffamation intenté par Newon Ahmed Barry contre Sidwaya a été renvoyé au 26 novembre. A quelque chose malheur est bon : il serait préférable qu’il ne se tienne pas du tout.

L’intention affichée par le réquérant est de laver son honneur, mis à mal il est vrai, par un écrit paru dans Sidwaya. Quelle que soit l’issue de cette action, tous ceux qui ont des comptes à régler avec les femmes et les hommes des médias en tireront que notre corporation est restée trop longtemps impunise et qu’il est décidément temps de marquer une dans ce domaine.

Aller au tribunal est un pis-aller et Newton Ahmed Barry sait bien que gagner un procès n’a jamais constitué en soi une preuve absolue d’intégrité morale. Nous avons tous en mémoire l’histoire de cet opérateur économique, auteur de faux en écriture publique, qui a gagné en première instance à la stuéfaction de la rédaction de l’Evénement, un procès contre l’Etat burkinabè, parce que la justice a tout simplement estimé qu’il n’y a pas eu préjudice, et donc pas de délit. La justice moderne est, comme chacun sait, une machine qui fonctionne de manière technique, et l’on peut avoir gain cause devant elle, sans avoir moralement raison. C’est la raison pour laquelle les avocats ont encore de beaux jours devant eux.

J’ai pris connaissance, non sans émotion, du dernier exposé de motifs paru dans la derniere livraison de l’Evénement, sous la plume de Newton Ahmed Barry. Le rédacteur en chef de l’Evénement a placé la barre très haut. Il se déclare disposé à faire ses adieux au journalisme, si jamais la justice lui donnait tort dans cette affaire. C’est à ma connaissance une prise de position sans précédent dans l’histoire du journalisme burkinabè, et cette haute idée qu’il se fait du journalisme justifie amplement à mes yeux qu’il continue de servir le public burkinabè dans ce métier semé d’embûches.

Le quotidien d’Etat Sidwaya est poursuivi à travers son directeur général, Jean-Paul Konseibo. J’ai eu à côtoyer ce confrère de 1987 à 1989 quand nous étions tous deux des journalistes de base à Sidwaya. Jamais, je ne le vis pour se faire bien voir ou dans le dessein de décrocher une quelconque faveur administrative. J’en suis toujours à me demander, au regard de tout ce qui se dit sur le Burkina, comment il a pu se retrouver là où il est aujourd’hui. C’est dire que je ne m’imagine pas un seul instant que ce monsieur ait pu écrire ou laisser sciemment écrire des allégations mensongères dans le but de nuire au rédacteur en chef de l’Evénement.

Newton Ahmed Barry fut de son côté un étudiant qui avait toute mon estime quand il fréquentait le Centre international d’études en radio rurale de Ouagadougou, un établissment dans lequel j’ai eu le privilège de dispenser quelques cours au milieu des annés 80. J’ai ensuite pu suivre de loin l’évolution qui fut la sienne, même si l’intéressé récuse avec panache toute idée de carrière. Il n’a jamais cessé d’apporter depuis lors, une contribution significative au journalisme burkinabè. Ce serait manifestement un immense gâchis s’il devait décider de raccrocher.

Les citoyens doués de bon sens retiendront surtout que le rédacteur en chef de l’Evènement n’a commis aucun délit. Tout au plus peut-on lui reprocher une erreur d’appréciation. Ceux d’entre eux ayant eu la chance de faire des études secondaires se souviendront de ces fameux vers du Cid de Corneille :

Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes,
Ils peuvent se tromper comme les autres hommes

Si tous ceux qui, à un moment où à un autre de leur vie, ont contracté une dette dont ils ont tardé à s’acquitter devaient se retirer de la circulation, les rangs de bien de professions se trouveraient clairsemés, y compris peut-être chez ceux qui ont la lourde responsabilité de dire le droit.

En somme, je voudrais joindre ma voix à celles de ceux qui prône une médiation pour une paix des braves, hors prétoire. Et il faut faire vite, car le temps presse.

Samuel Kiendrebéogo

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