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Xe anniversaire des Engagements nationaux : Il était une fois, le 2 juin 1994

Publié le mardi 1er juin 2004 à 07h00min

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C’est un meeting géant qui se tient ce jour-là au stade du 4-Août. Devant environ 50 000 personnes dont des délégations venues de tous les 8 000 villages du Burkina, le président du Faso Blaise Compaoré lance un appel au peuple burkinabè : "Nous devons nous départir de nos habitudes d’hier, devenues inopérantes, pour un redéploiement à la base de toute l’économie nationale". Un véritable défi dont la réalisation passe par la promotion concomitante de six secteurs d’activités appelés Engagements nationaux.

La démocratie sans le développement est-elle viable ?

C’est connu, un homme qui a faim n’est pas un homme libre. Il y a donc comme une urgence pour les pays en développement de créer les conditions d’un enracinement de la démocratie dans un environnement de progrès économique et social. Une gageure dans un monde où les inégalités socio-économiques s’accroissent entre les pays du Sud et ceux plus nantis du Nord. Les programmes et projets de lutte contre la pauvreté conçus off shore ne produisent pas toujours les résultats escomptés. Bien au contraire, des difficultés économiques persistantes nourrissent le mythe de la fatalité surtout quand pour y remédier des mesures drastiques comme la dévaluation du FCFA en janvier 1994 sont prises.

Contre le choc de la dévaluation

Le meeting du 2 juin a été organisé moins de 6 mois après cette dévaluation annoncée le 11 janvier 1994 à Dakar. Cette mesure était censée favoriser le retour de la croissance pour l’économie des pays membres de la zone alors en proie à une grave récession. Mais dans l’immédiat, elle a produit un choc émotionnel intense. Le découragement de certains acteurs économiques était très perceptible au Burkina et ailleurs.

La dévaluation en avait rajouté à l’afro-pessimisme surtout au Burkina qui, en dehors du coton, des produits d’élevage et artisanaux, n’a pas d’autres sources de captation de devises. Il fallait donc réagir contre cette tendance au découragement et engager tout le pays à plus d’ardeur au travail producteur de richesses. Comment provoquer ce déclic collectif des Burkinabè ?

Outre la mobilisation accélérée de fonds auprès des bailleurs traditionnels, le gouvernement mit en œuvre des projets à hautes intensités de main-d’œuvre notamment dans les centres urbains. Mais il fallait davantage, un plus émotionnel contre le choc de la dévaluation. L’idée d’un meeting national sur la production est venue de là. Qu’on l’ait voulu géant et uniquement dans la capitale procède de la volonté d’en faire un événement historique. Ce fut un succès et c’est avec soin que le président va choisir ses mots pour s’adresser aux Burkinabè : "Notre peuple n’a jamais été de ceux qui se résignent, qui acceptent la fatalité.

La fatalité d’un ordre mondial favorable aux plus nantis… La perspective dans laquelle j’invite chacun de vous à s’engager dès maintenant est celle d’une résistance productive et d’une capacité autonome à lutter efficacement pour des réalisations concrètes". Le ton est très solennel et touche la corde patriotique. L’interpellation est à la fois pour chaque Burkinabè en particulier et pour l’ensemble de la collectivité nationale.

L’objectif stratégique c’est de faire comprendre qu’au-delà des difficultés du court terme, augmentation des prix des produits de première nécessité, baisse du pouvoir d’achat… la dévaluation offre des opportunités de croissances économiques dont il faut se saisir. Pour ce faire, les efforts des Burkinabè doivent être particulièrement orientés dans six grandes directions.

Les secteurs prioritaires des Engagements nationaux

La lutte contre la désertification par les opérations de reboisement est l’un des six engagements nationaux. Ils sont six à avoir été identifiés en 1994.

- La sauvegarde de l’environnement et la lutte contre la désertification ;

- L’accroissement de la production agropastorale ;

- L’organisation et l’appui au secteur informel et à l’artisanat ;

- Le soutien aux activités productrices des femmes ;

- Le développement des petites et moyennes entreprises

- L’élévation du niveau général des connaissances et le développement du sport et des activités culturelles

Outre ces secteurs prioritaires, Blaise Compaoré a également plaidé pour un meilleur accès des populations aux soins de santé primaires, aux médicaments génériques, à la protection contre les maladies sexuellement transmissibles et l’implication des forces militaires et paramilitaires dans la production agropastorale.

Ces engagements ne sont pas seulement ceux du président ou du gouvernement. Ils sont bien ceux de toute la nation même s’ils ont été pensés pour traduire en objectifs visibles la philosophie du programme de "Large rassemblement pour le développement et la démocratie". Ces défis restent d’actualité. Les acquis sont importants (cf. encadré), mais tous les objectifs quantitatifs ne sont pas atteints. Du reste, n’est-ce pas que le combat pour le développement est une œuvre permanente et de longue haleine.

Djibril TOURE


Les réalisations quantitatives des engagements nationaux

* Pour le premier Engagement, relatif à l’Environnement :

- 43 159 540 plants produits

- 13 300 arbres fruitiers plantés

- 53 640 ha naguère incultes sont aménagés et reboisés

- 5 544 pépinières créées

- 7 648 pépiniéristes formés, 103 inspecteurs formés en éducation environnementale

221 jardins polyvalents (production maraîchère et forestière )

7000 femmes formées en vulgarisation des foyers améliorés

7000 guides d’auto-formation en éducation environnementale produits

* S’agissant du deuxième Engagement relatif aux productions agropastorales :

- 2446 ha sont aménagés en bas-fonds de riz pluvial sur 6000 ha programmés

- 6 562 tonnes de riz paddy produits par campagne, soit une contre-valeur de 652 200 000 F CF A

- 672 tonnes d’engrais chimiques fournis

- 3775 tonnes d’aliments pour bétail ventilés

- 348 tracteurs, 50 motoculteurs, 400 motopompes, 3000 pompes à pédales, 200 moulins à grains, plus de 5000 matériels aratoires (charrues, charrettes, semoirs, etc.) pour 4,9 milliards de FCFA.

- 130 puits maraîchers busés

- un (I) barrage de 26 millions de M3 d’eau à Dori de 2,5 milliards de F CFA

- L’Abattoir Frigorifique de Ouagadougou entièrement réhabilité pour 2,5milliards F CF A.

- 83, 7 tonnes de poisson, 283 830 barres de glace alimentaire.

* Concernant les troisième, quatrième et cinquième Engagements, relatifs aux activités de crédit : (FAARF, FASI, FAPE, PAPME) il a été octroyé :

16,2 milliards F CFA (cumul) à 542 000 femmes environ, 3,3 milliards F CFA d’encourt

- 2,3 milliards aux acteurs du secteur informel

- 387 micro-projets pour l ,26 milliard F CF A

- 414 PMI/PME pour 4,5 milliards F CF A

- 3 349 emplois créés.

*Le sixième Engagement concerne l’éducation, la culture, le sport :

- 17 CSPS (maternité, dispensaire, logements, …) construits et en cours d’équipements

- 281 forages productifs pour écoles et CSPS

- 259 Ecoles Satellites, 45 Centres d’éducation de base Non-formelle

- 40 000 enfants scolarisés

- 2 collèges d’enseignement général

- 4 salles de classes, 4 ateliers de formation et de production féminine artisanale

- 1 910 jeunes filles rurales formées (2 ans), équipées et installées

- 40500 alphabétisés ; l2 130 femmes formées

- 30 maisons de jeunes équipées

- deux (2) Ensembles Artistiques créés (orchestre national, ballet national),

- 62 terrains de football, 12 plateaux, omnisports

- 3 l08 ballons de foot, 291 jeux de maillots, 703 filets, 7 107 Tee-shirts

- un ( 1 ) Palais des sports couvert de 3 238 places assises.

Source : Secrétariat permanent des
Engagements nationaux

L’Hebdomadaire

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