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20e anniversaire du jumelage Olonne-Sur-Mer/Gourcy : Partenariat pour un développement endogène

Publié le mercredi 31 octobre 2007 à 07h08min

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1987 -2007 : cela fait vingt (20) ans que Gourcy , ville de la région du Nord au Burkina Faso et Olonne-Sur-Mer, une ville côtière à l’ouest de la France, entretiennent de solides relations de jumelage. D’abord porté sur l’appui aux groupements paysans, le jumelage s’est affermi au fil des années et touche aujourd’hui tous les secteurs de la vie socio- économique de la commune de Gourcy.

Du 5 au 18 octobre 2007, une délégation de 23 personnes de Gourcy ont séjourné à Olonne-Sur-Mer pour la célébration de la première phase de cet anniversaire. La partie française est attendue à Gourcy en décembre prochain pour la seconde phase de cette célébration. Conférences sur la dette et le fonctionnement du système sanitaire au Burkina, réunions de travail entre conseillers des deux mairies et membres des deux comités de jumelage, projections de films - Ce fut un séjour chargé.

L’ouverture officielle des activités du 20e anniversaire a eu lieu samedi 6 octobre dans la salle de réunions et de spectacles au « havre d’Olonne ». La présidente du comité de jumelage d’Olonne, Marie Françoise Pradeau, très ravie, a tout de suite situé le cadre de cette célébration.

« Quel chemin déjà parcouru ? Cependant, vingt ans, ce n’est pas un aboutissement, mais au contraire un nouvel essor pour une période que nous espérons plus riche en découverte, en amitié, en sérénité. Que les vingt prochaines années soient encore plus riches d’espoir d’un monde plus solidaire, plus équilibré dans ses richesses ». Un discours plein de générosité dans un contexte international où la solidarité s’effrite.

Pour faire écho à Mme Pradeau, le président du comité de jumelage de Gourcy, Antoine Raogo Sawadogo, souscrit à un partenariat qui conduise à un développement endogène.

« Il s’agit donc désormais de consolider ces acquis et de se tourner résolument vers le renforcement de ce partenariat en vue d’en faire l’un des principaux leviers sur lesquels il faut s’appuyer pour relever le défi d’un développement local endogène et harmonieux ».

Les deux maires, Jean Yves Grelaud d’Olonne et Dominique Ouédraogo de Gourcy, se sont dit déterminés à tout mettre en œuvre pour pérenniser ce jumelage, qui constitue un enrichissement mutuel.

Les deux délégations ont participé à une marche d’une trentaine de km, le dimanche 7 octobre 2007. Les fonds récoltés serviront à financer des projets de développement à Gourcy. Le lendemain, une réunion de travail a regroupé les membres des deux comités de jumelage, deux invités d’Oupey (une ville belge en partenariat avec la mairie de Gourcy) et deux associations, présidées par des Français : Ecole sans frontière 66 et les Amis Seine et Marnais du Burkina Faso, intervenant toutes les deux à Gourcy.

Il s’agissait au cours de cette réunion de mieux connaître les autres intervenants à Gourcy afin de mettre en place un cadre de concertation pour soutenir les actions de développement à Gourcy de façon cohérente. Cette complémentarité entre partenaires est déjà une réalité dans plusieurs secteurs.

Dans le domaine de l’assainissement, le soutien d’Olonne-Sur-Mer à la ville de Gourcy, à travers l’association Bayiri manégré du Zondoma (ABMZ), matérialisé par la réalisation des décharges municipales, des poubelles vendues à un prix subventionné, et l’implantation d’un centre compostage, a été renforcé l’année dernière par la commune d’Oupey, qui a débloqué 200 millions de francs CFA permettant d’intensifier les activités de ramassage d’ordures à travers les 5 secteurs de la ville. 120 femmes recrutées et équipées en brouettes, pelles, charrettes et ânes s’affairent à rendre le cadre de la ville plus agréable.

« Ecole sans frontière 66 », une association basée dans la ville française de Perpignan, travaille d’arrache-pied sous la houlette de Michel Fournier et de Louis Gironell pour l’installation d’une unité de séchage (fruits et légumes) et de production d’électricité à travers les plaques solaires à Gourcy. Le financement de ce projet est acquis.

Du matériel informatique pour la mairie de Gourcy

Il revient maintenant aux différents acteurs à Gourcy particulièrement au comité local de jumelage, aux autorités municipales et aux groupements Naam d’accorder leurs violons sur la formule de gestion du projet pour permettre son démarrage. De son côté, la représentante de l’association « les Amis Seine et Marnais du Burkina Faso », Marie Thérèse Blachère, qui vient de prendre langue avec le comité de jumelage d’Olonne, s’active en étroite collaboration avec le groupement des artisans ruraux du Zondoma (GARZ) à améliorer l’accès de tous à l’eau par le creusage de puits à grand diamètre.

Durant le séjour, le partenariat entre le collège Paul Longevin et le lycée provincial du Zondoma, tout comme celui entre des structures sanitaires des deux villes, a été passé en revue.

A Gourcy, le maire et son équipe travaillent dans des conditions précaires. Tous les agents des différents services se bousculent devant un seul ordinateur. Cette triste réalité a été bien décrite par Maurice Konaté, secrétaire général de la mairie de Gourcy, et sa description n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd.

Le conseil municipal d’Olonne, avec à sa tête le maire Jean Yves Grelaud, a accepté d’équiper la mairie en matériel informatique. Un financement estimé à environ 5 millions permettra à l’hôtel de ville de Gourcy de se doter d’un fax, d’une photocopieuse et d’ordinateurs avec connexion Internet.

En marge des rencontres, Antoine Raogo Sawadogo, le Dr Boniface Ouédraogo, un père blanc ayant séjourné à Fada N’Gourma, Michel Fournier et Louis Gironell d’« Ecole sans frontière 66 », sans oublier le maire de Gourcy, Dominique Ouédraogo, ont animé une conférence sur l’impact de la dette sur le Burkina Faso. Quelle est la part du remboursement de la dette dans le budget du Burkina ? Quel est l’impact de ce remboursement sur le budget de l’Etat et sur les services publics ?

Le développement tel qu’il est proposé aujourd’hui aux Africains par les institutions internationales n’est-il pas la modernisation de l’idée de la mission civilisatrice à laquelle prétendaient autrefois les colonisateurs ?

Le développement du Nord est-il à suivre par les pays du Sud ?

Les conférenciers ont décrit les contours de la dette et ses effets pernicieux. L’assistance, très prolixe, a tiré à boulets rouges sur la politique de la Banque mondiale et celle du Fonds monétaire international (FMI), taxés d’agir sous le contrôle des grandes puissances.

La conférence sur la santé au Burkina Faso, animée par le Dr Boniface Ouédraogo, président de la commission santé du comité de jumelage de Gourcy, a laissé voir que le chemin de l’accès de tous aux soins reste long et parsemé d’embûches, malgré les efforts du gouvernement burkinabé ces dernières années.

Par exemple, la province du Zondoma, peuplée d’environ 180 000 habitants, ne dispose que d’un centre médical avec 2 médecins. Les agents des hôpitaux dans l’ensemble se débrouillent avec du matériel très archaïque. En cas d’intervention chirurgicale, les malades sont contraints de parcourir de longues distances pour rejoindre les grands centres hospitaliers .Le taux de mortalité reste énorme, avec une espérance de vie en dessous de 50 ans.

Un film bouleversant sur les affres de la colonisation

Au chapitre cinématographique, le film documentaire "Mémoire entre deux rives’’, retraçant la barbarie de la colonisation française dans la région de Gaoua (pays lobi), a ému le public.

Les cinéphiles ont suivi les images en présence de l’un des réalisateurs, Fréderic Savoye, et d’une historienne résidant à Paris, Marie Jeanne Kambou Ferrand. Née d’un père colon, elle intervient dans le film en relatant sa propre histoire aux côtés de sa mère. Le récit et les images du film ont révolté plus d’un spectateur dans la salle.

Beaucoup d’Olonnais avaient les larmes aux yeux à la fin du film

La cérémonie officielle marquant la fin des activités de cette première phase du 20e anniversaire a eu lieu dimanche 14 octobre. Ce sont des Olonnais fortement mobilisés qui ont assisté à la signature du renouvellement de la charte d’amitié par les maires des deux villes dans une ambiance musicale orchestrée par Kadi Diarra, une cantatrice burkinabé, et les Sloï, un groupe de musiciens français. Profitant de l’occasion, l’association « Soif de Licorne », qui gère le bar au Havre d’Olonne, a remis ses bénéfices, de l’ordre de 1500 euros, pour soutenir les activités du jumelage.

« Ce jumelage est important pour nous et pour vous, c’est pourquoi je voudrais aujourd’hui que votre visite pour ce 20e anniversaire constitue un nouvel élan pour un renforcement de la coopération entre nos deux communes et je vous assure que nous sommes prêts, nous, municipalité d’Olonne, à faire ce qu’il faut pour qu’il en soit ainsi », a annoncé le maire d’Olonne d’un ton ferme.

Socialiste bon teint, il a fustigé l’actuelle équipe dirigeante de la France en ces termes : « La politique d’immigration discriminatoire menée par le gouvernement des Français et les discours remettant en cause les capacités des Africains à se développer nous font, à nous aussi, très mal et je tenais à vous le dire.

Nous qui vivons dans un pays où l’individualisme voudrait s’imposer à tous, nous avons des leçons à recevoir de ce qui est de la vie au "Pays des hommes intègres". Faisons tous ensemble de ces échanges un enrichissement mutuel au service de l’intérêt général au service de la paix et de la solidarité entre tous les peuples du monde ». Le maire de Gourcy a tenu à rappeler les réalisations dont Gourcy a bénéficié à travers le jumelage.

On peut citer, entre autres, la construction du lycée du Zondoma, la construction et l’équipement d’écoles primaires, la réhabilitation et l’équipement d’infrastructures sanitaires, le soutien aux associations et groupements, le renforcement des capacités de l’administration communale et la contribution à la réhabilitation du marché de Gourcy. Content de faire le point de toutes ces réalisations permettant de booster le développement de sa commune, Dominique Ouédraogo a plaidé pour le renforcement des acquis et de la part de responsabilité que chacun doit jouer dans l’avenir de ce jumelage. Il a convié à une réflexion sur les stratégies pour mieux impliquer les jeunes dans les activités du jumelage.

Marie Françoise Pradeau, patronne du comité de jumelage d’Olonne-Sur-Mer a précisé d’un ton poétique : « De ces rencontres, de tout ce temps passé ensemble, je pense que chacun d’entre nous ressort plus fort, plus déterminé encore à poursuivre la route vers Gourcy. Quoiqu’il en soit, il faut que nos amis sachent que nos pieds, comme les leurs d’ailleurs, n’iront que dans le sens où le cœur voudra bien les mener ».

Gabriel Ouédraogo, vice-président du comité de jumelage de Gourcy, représentant Antoine Raogo Sawadogo, parti à Bordeaux pour une conférence, a dit resentir le souci des Olonnais de voir les fruits du partenariat s’étendre à la nouvelle entité de la commune urbaine de Gourcy (5 secteurs et 39 villages) au sortir des élections municipales de 2006. Il a promis que le comité de jumelage de Gourcy, dès son retour, mettrait tout en œuvre pour que les engagements pris au cours des rencontres soient une réalité sur le terrain.

C’est dans une ambiance fraternelle que les invités de Gourcy ont quitté Olonne-Sur-Mer dans la matinée du jeudi 18 octobre 2007, avec l’espoir de communier encore fortement avec les amis français en décembre 2007 lors de la célébration de la seconde phase du 20e anniversaire à Gourcy.

Emery Albert Ouédraogo

L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 2 novembre 2009 à 11:40, par BOIVINEAU née NAULET CINDY En réponse à : Le jumelage c’est aussi une correspondance

    Grace au jumelage olonne - gourcy, j’ai pu correspondre avec un burkinabé. nous venons d’accomplir un reve qui est celui de se rencontrer après 11 années de correspondance. Pour cela nous avons été tout deux sur la place gourcy à olonne sur mer afin d’y faire le symbole des mains qui représentent beaucoup pour nous deux. Il faut savoir qu’une correspondance est enrichissanta vis à vis de la religion, des différences de culture et malgré tout ça nous avons dépasser toutes ces barrières pour une amitié durable.
    Ceci est un des principes du jumelage.
    Je serais très heureuse de pouvoir vous envoyer la photo que l’on a prise et qui représente la fraternité.

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