Hebdo du Burkina (HB :) qu’en est-il exactement de cette rumeur qui plane sur la SOFITEX au sujet du prix de l’huile ?

Augustin Zagré (A.Z) : Au sujet de la graine d’aucuns font courir effectivement la rumeur que la SOFITEX aurait vendu la graine très cher, raison pour laquelle le litre d’huile a connu un renchérissement. Je dois dire que c’est une information qui n’est pas juste. Parce qu’en vérité, la graine a été vendue à 25 000F CFA la tonne cette année hors taxe par la SOFITEX. Alors, nous pensons que c’est un prix concessionnel au regard affectivement de la configuration du marché durant la campagne. En effet, la Malaisie et beaucoup d’autres pays asiatiques qui déversaient de l’huile sur nos marchés du fait de l’augmentation de l’utilisation des huiles à des fins de fabrication de biocarburant a épargné pour une première année notre marché ; ce qui a provoqué effectivement un grand intérêt pour l’huile. Les huileries peuvent le témoigner. C’est une année exceptionnelle et tout le monde s’est mis effectivement à produire l’huile parce qu’il y a eu un regain de rentabilité. Pour confirmer aussi ce que je dis il faut dire que nous avons connu aussi au cours de cette campagne beaucoup de spéculations autour de la graine de coton. Elle se vendait par moment à 50 000F CFA la tonne, pour un prix au départ de SOFITEX à 25 000F CFA hors taxe. Cela veut dire que la SOFITEX n’a pas vraiment renchéri le prix de la graine.

A part l’usine CITEC quelles sont les autres usines qui utilisent comme matière première votre graine de coton ?

Toute huilerie détentrice d’une autorisation d’exploiter régulièrement délivrée par le ministère du Commerce peut acheter la graine à la SOFITEX. Nous avons fait un arbitrage favorable à la CITEC qui est en fait notre entité puisque nous y sommes actionnaires. Mais pour le reste des huileries nous avons essayé de faire une répartition au regard de la capacité de structuration de chacune des huileries. Il se trouve que dans une telle situation les quantités disponibles étant inférieures au besoin exprimé il va de soi que souvent il y a des grincements de dents parce qu’on n’arrive pas à satisfaire la totalité des demandes.

Est-ce que vous exportez la graine de coton ?

En fait, cette année a été une année exceptionnelle. En 2005-2006, nous avions connu un problème au niveau de l’écoulement des graines.
La graine nous est restée entre les bras et a été même battue par la pluie. Donc par anticipation pour ne pas connaître les mêmes problèmes en 2006-2007, nous avons pris des attaches pour pouvoir écouler cette graine à l’extérieur : « on dit que si un problème t’arrive il faut rapidement chercher la solution si non tu vas à la dérive ».
C’est donc dans ce cadre que nous avons essayé de faire le déplacement à l’extérieur en gardant bien sûr une bonne partie pour l’huilerie nationale. Pour votre information, la totalité des exportations se chiffre à moins de 40 000 tonnes pour un excédent commercialisable évalué à 210 000 tonnes.

Donc ce n’est vraiment pas énorme. Maintenant avec le regain de rentabilité au niveau des huileries dont je vous parlais tantôt, la demande s’est faite forte. Nous avons pris des engagements avec des opérateurs extérieurs pour l’exportation. Il était quand même difficile de reconsidérer ces contrats qui avaient été signés.
La direction générale a fait preuve de courage en prenant une note pour arrêté d’autorité toutes ces formes d’exportation et donner la priorité aux unités nationales de transformation.

Quel rôle joue la graine de coton ?

La graine de coton est essentiellement utilisée pour la production d’énergie, la production d’huile et la production d’aliment de bétail. En ce qui concerne la production d’énergie, c’est l’huile brute qui, par un processus, est transformée en carburant qui est moins coûteux pour les entreprises.
C’est ce qu’on appelle la fabrication du biocarburant. Maintenant, pour ce qui est de la structuration, c’est l’extraction d’huile à partir de la graine brute qui nous donne deux produits : l’huile brute et aussi les tourteaux qu’on peut enrichir pour faire de l’aliment bétail. Et l’huile brute est raffinée pour faire de l’huile alimentaire.

Il est bien vrai que les frontières sont fermées pour toute exportation de graine SOFITEX, mais quels sont les pays étrangers qui s’y intéressent ?

En vérité à commencer par la sous-région, beaucoup de pays voisins comme le Mali, la Cote d’Ivoire, le Togo, le Bénin s’intéressent à la graine de coton burkinabè. Pour la grande exportation nous avons l’Espagne, l’Italie. En plus des pays asiatiques, la Grèce est intéressée par la graine du coton du Burkina Faso parce que ses caractéristiques sont très positives.

Propos recueillis par Félix G. OUEDRAOGO
Correspondant à Bobo

L’hebdo