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S.E.M. Michel Kafando, représentant permanent du Burkina à l’ONU : "Nous allons agir en tant que porte-drapeau de l’Afrique "

Publié le mardi 30 octobre 2007 à 07h48min

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S.E.M. Michel Kafando

Nations-Unies : Le 16 octobre 2007, le Burkina Faso a été élu honorablement comme membre non permanent au Conseil de Sécurité pour un mandat de deux ans. Le Burkina Faso et la Jamahiriya arabe libyenne ont été élus à la majorité des deux tiers dès le premier tour de scrutin. Ayant obtenu respectivement 185 et 178 sur 190, ces deux pays remplaceront le Congo et le Ghana dans le Groupe des Etats d’Afrique.

Pour mieux comprendre les démarches de cette élection et le rôle que va jouer le Burkina au Conseil de Sécurité, nous avons rencontré Son Excellence Michel Kafando, Représentant Permanent du Burkina Faso auprès de l’ONU à New York. Il nous livre d’abord sa satisfaction.

Michel Kafando. Bien évidemment, nous tirons une grande satisfaction d’avoir pu faire entrer notre pays le Burkina Faso au Conseil de Sécurité pour la période 2008-2010, et comme je l’ai dit dans une de mes précédentes interventions, lorsque parmi les 193 pays composant les Nations Unies, vous venez à être choisi parmi les Quinze qui vont avoir à veiller sur le maintien de la paix et de la sécurité internationale, en un mot sur la santé du monde, vous ne pouvez retirer qu’un sentiment de satisfaction et vous n’ignorez pas que nous avons quand même surclassé tous les candidats. Sur 190 pays qui se sont exprimés le Burkina Faso s’en est tiré avec 185 voix, ce qui est très appréciable. C’est dire que c’est un insigne honneur qui nous a été fait par cette onction de la communauté internationale. Mais aussi des responsabilités au regard de ce qu’on attend de notre pays car nous n’ignorez pas que dans le panier des préoccupations, nous aurons à connaître des questions délicates : vous avez les questions politiques qui touchent aux conflits, au désarmement, à l’énergie nucléaire, notamment le nucléaire iranien et nord coréen , nous avons également les questions des Droits de l’Homme, sans oublier d’autres non moins importantes concernant le développement, l’environnement , le terrorisme mais je dois dire que nous sommes suffisamment armés pour relever le défi.

Quelles ont été les démarches qui ont conduit à cette élection et notamment quels pays ont soutenu le Burkina ?

M. Kafando : Au niveau de la Sous Région c’est-à-dire de la CEDEAO où se fait d’abord la présélection, il y avait trois candidatures : Sénégal, Sierra-Léone et bien entendu le Burkina Faso. En règle générale les principes qui nous guident au niveau de la CEDEAO comme au niveau de l’Union Africaine, c’est la sélection tenant compte des critères de la rotation, de la contribution du pays au maintien de la paix. Ceci faisant et après maintes démarches, il est apparu que la candidature du Burkina était celle pouvant recevoir l’aval des chefs d’Etat de la CEDEAO.

C’est après cette sélection par notre sous/groupe régional que l’Union Africaine a endossé notre candidature avec celle de la Libye.
Ici même aux Nations Unies, ce sont les Ambassadeurs qui votent en dernier ressort. Cela nécessite que nous ayions des relations très suivies avec l’ensemble de nos collègues. C’est ce que nous avons fait à travers une campagne de proximité. Je dois préciser que nous avons rencontré presque tous les Ambassadeurs d’Afrique, d’Amérique et d’Asie pour expliquer le bien fondé de la candidature du Burkina et faire comprendre comment notre pays est déjà impliqué dans la résolution de certains conflits je veux parler des questions ivoiriennes et togolaises.

En plus le fait que le chef de l’Etat soit engagé personnellement et concrètement dans la résolution de ces questions a été un facteur déterminant pour le choix de notre candidature. Par ailleurs toute la machine diplomatique burkinabè a été mise en branle dans tous les pays où nous sommes accrédités et au-delà c’est tout cela qui a abouti à l’élection de notre pays au Conseil de Sécurité comme membre non permanent.

Concrètement que va t-il se passer après cette admission ? Quel est en d’autre terme l’échéance et précisément le rôle que devra jouer le Burkina ?

M. Kafando. Etre membre non permanent du Conseil de Sécurité est très important car c’est une position qui vous permet non seulement d’exprimer votre point de vue sur toutes les questions relatives à la paix et à la sécurité, mais aussi c’est une position qui vous permet d’avoir un peu l’oreille des autres, si je peux m’exprimer ainsi. Ainsi depuis notre élection, pratiquement les cinq membres du Conseil de Sécurité veulent nous rencontrer pour conforter leur stratégie. Plus concrètement nous entendons apporter notre modeste contribution dans la recherche de la paix. En la matière le Burkina a déjà une petite expérience. Lorsque le Chef de l’Etat assurait la présidence en exercice de L’OUA en 1998, il avait à l’époque entrepris plusieurs initiatives de réconciliation en particulier entre l’Erytrée et l’Ethiopie et je crois savoir que le travail qui a été fait a été bien apprécié, et tout ceci est comptable de l’action que notre pays entend jouer au niveau du Conseil de Sécurité.

Nous allons également agir en tant que porte-drapeau de l’Afrique parce que notre succès n’est pas seulement celui du Burkina, c’est celui de l’Afrique entière . A ce titre nous devons défendre les positions africaines au Conseil de Sécurité, des positions liées aux questions politiques mais aussi à celles du développement, celles relatives aussi aux questions environnementales avec les changements climatiques et bien sûr d’autres sujets préoccupant notre continent.

Vous conviendrez avec moi que le travail est immense et que nous devons être à la hauteur pour mériter la confiance placée en nous.

Rappelez-nous le fonctionnement du Conseil de Sécurité ?

M. Kafando : Le Conseil de Sécurité est un Organe principale de l’ONU, car il y a trois. Vous avez l’Assemblée Générale, le CES, il faut citer quand même le Conseil de tutelle même s’il ne fonctionne pas à présent, vous avez aussi le Conseil des Droits de l’Homme qui vient d’être créé. Mais comme je l’ai souligné, le Conseil de Sécurité est l’organe principal en ce sens qu’au contraire de l’Assemblée Générale, il prend des décisions qui sont immédiatement exécutoires alors que l’AG ne fait que des recommandations. C’est vous dire que le Conseil de Sécurité est l’organe sensible de tout le système des Nations-Unies. Vous avez Quinze membres dont Cinq permanents(France, Etats-Unis, Grande Bretagne, Chine, Russie) et les dix membres non permanents dont le mandat est renouvelable. En terme de prise de décision les Cinq membres permanents disposent d’un privilège que nous appelons "exhorbitant", c’est à dire que si ces membres ne sont pas d’accord sur une question donnée ils ont ce qu’on appelle le droit de veto qui bloque toute prise de décision.

Pour les questions essentielles notamment les questions de fond le Conseil se prononce à la majorité de Neuf membres sur Quinze. Cette majorité devant comporter obligatoirement les voix des membres permanents. C’est là où les petits pays jouent un grand rôle, leurs voix pouvant alors être déterminantes.

Excellence, votre dernier mot ?

M. Kafando : Je voudrais relever une fois de plus que le Burkina Faso a été élu pour défendre de façon honorable le continent africain, c’est dire que nous n’allons pas au Conseil de Sécurité pour faire de la figuration. Nous avons notre stratégie et notre plan de bataille pour mériter la confiance et l’honneur qui nous a été faite et c’est dire également que nous n’ignorons pas le travail qui nous attend.

H. Barry
Ambassade du Burkina Faso à Washington

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