La passe d’armes entre les deux camps était devenue, par moments, une simple compétition entre les tombeurs de Jean-Baptiste Ouédraogo. On a ainsi entendu que Sankara était démocrate. Quant à Blaise, pour le fait d’avoir été à l’origine de la Renaissance démocratique, il ne peut qu’être démocrate dans l’âme. Ainsi, ce sont des démocrates en treillis que des groupuscules communistes ont aidé à faire tomber des régimes militaires qui avaient auparavant fait eux aussi tomber des démocraties voltaïques. Dans ce tour de passe-passe historique, la faute revient à la nébuleuse « vicissitude » et aux plus ou moins concrets « aléas » qui ont fait que la terre des Hommes intègres a dû traverser une période de redressement, de salut puis de révolution pour retomber sur ses pieds de démocrate.

Cette démocratie retrouvée aujourd’hui a elle, au moins, l’avantage d’être une démocratie apaisée, consensuelle, qui n’a plus rien à voir avec celle d’après les indépendances truffées de querelles de chapelles. Ce sont ces mésententes cordiales entre ses animateurs qui ont valu à ces derniers la thérapeutique de choc d’un redressement de colonels. Si seulement l’homme qui gouvernait avec une main de fer dans un gant de velours avait daigné enlever son gant et discipliné autour de lui les leaders du RDA, du FPV et autres UNDD, la troisième République aurait survécu parce que le secret de la quatrième réside dans le leadership incontesté et incontournable du docteur Honoré. Le 15 octobre 2007 a donc été une occasion d’une leçon d’histoire, une sorte de « il était une fois la Révolution », qui donna l’opportunité à certains acteurs de refaire surface, le torse bien bombé.

On avait, en effet, fini par mener le débat sur qui a pensé la Révolution, qui l’a amenée, qui l’a animée, toutes choses que même l’anniversaire du 4-Août n’a jamais servi de prétexte. La période de la Rectification ayant été prise en compte dans la « Renaissance démocratique », la contradiction entre les deux camps ne pouvait que porter de ce fait sur la période révolutionnaire du CNR, une période sur laquelle, malgré les « insuffisances », on s’accorde sur bien des acquis.

Il ne reste donc plus qu’à vivre en révolutionnaire dans l’État de droit démocratique et pluraliste. Le nom du pays, le drapeau et l’hymne, symboles forts s’il en est, sont là pour le rappeler et le confirmer. Les acteurs de ce proche passé aussi.

Journal du jeudi