C’est aujourd’hui, vendredi 26 octobre, que débute le XXIe Tour cycliste du Faso. Pendant dix (10) jours, les coureurs des 15 équipes dont 9 d’Afrique et 6 d’Europe iront à la conquête des 1 284 km. Les prétendants au maillot jaune doivent faire preuve de courage et d’intelligence, car il faudra assez de tact pour gérer les dix étapes non stop. En effet, les organisateurs du Tour du Faso ont supprimé la traditionnelle journée de repos afin de donner plus de piquant à la compétition. En tous les cas, les hostilités commencent ce matin.

La première étape Saponé - Léo permettra déjà d’avoir une petite idée sur les forces en présence, même si les équipes maghrébines semblent être de "bonne posture". Ce qui est sûr, elle demeure l’étape la plus ouverte. Car chaque coureur voudrait remporter cette étape pour ne serait-ce, inscrire son nom dans les annales du Tour. Aussi, la fraîcheur physique des cyclistes est un facteur qui donnera sans doute, une vive allure et fera de cette étape une des plus rapides. La population de Léo qui découvre pour la première fois la caravane, n’en demande pas mieux. Cette première journée permettra en outre, de jauger la capacité du staff organisationnel de la compétition. Les chasseurs de primes ont trois sprints intermédiaires sur cette étape de 141 km pour se faire des bonifications.

Réduite à 10 étapes, la présente édition du Tour garde tout de même son charme. Les 1284 km à parcourir ne seront pas de tout repos pour les coureurs. Ainsi après ce vendredi, ils attaqueront dès samedi, la deuxième étape, Léo-Ouaga, longue de 158 km. C’est à partir de cette étape que débuteront les choses sérieuses. Les premiers vainqueurs seront les cibles à abattre, car chacune des équipes voudra se repositionner en fonction des résultats de la première étape.

Le dimanche 28 octobre, ce sera la 3e étape : Ouaga-Kaya (110 km) et la caravane attaquera la région de l’Ouest à partir du lundi 29 octobre lors de la 4e étape : Kokologo-Boromo (110 km), la 5e étape : Pâ et Bobo-Dioulasso (130 km), suivra à la 6e étape, le critérium de Bobo qui met aussi fin au périple dans la région de l’Ouest. La 7é étape la plus crainte du fait des 206 km de piste Boromo-Sabou-Koudougou sera décisive et sans doute, impitoyable. Le maillot jaune pourrait être raflé définitivement sur cette étape. La 8e étape amène la caravane dans la région de l’Est, le vendredi 2 novembre le parcours Linoghin-Fada est de 178 km. La 9e étape Fada-Zorgho (110 km) sera sans doute très animée du fait de la fin de la boucle qui à lieu le dimanche 4 novembre entre Laye-Ouaga, le bouquet final.

Laver l’affront de 2006

Les Etalons cyclistes se sont retranchés à Kombissiri pour peaufiner leur préparation. L’échec de la précédente édition : le XXe reste vivace dans les esprits. Encadrement technique, coureurs et soigneurs comptent faire bloc pour rebondir. Cependant, la détermination et l’abnégation seules ne suffissent pas, car il sera difficile de briller de tout feu avec une petite semaine de préparation face à des cyclistes aguerris comme les Marocains et les Camerounais. Mais ne dit-on pas "qu’à cœur vaillant, rien d’impossible ?"

En tous les cas l’ensemble des cyclistes promet de se dépenser sans compter. Ils comptent bâtir leur stratégie autour de Abdoul Wahab Sawadogo, le "Lion de Boussé" et Jérémie Ouédraogo qui ont bénéficié respectivement d’un stage en Bretagne et à Bordeaux en France. Pour Wahab, "si le Tour est et avant tout une affaire d’équipe, il faut alors tous se souder les coudes". "Nous devons avoir confiance en nous-mêmes.

Nous avons trois équipes, donc 18 personnes pour affronter les autres équipes constituées de 6 personnes. C’est dire que le Burkina a un net avantage. Je mettrai ma petite expérience que j’ai ramenée de la Bretagne au service de mes coéquipiers", a confié Abdoul Wahab Sawadogo et l’équipe de Sidwaya ayant fait le déplacement de Kombissiri. Quant à Jérémie Ouédraogo, l’autre espoir du cyclisme burkinabè, lui, a quelques appréhensions. "Un Tour comme celui du Faso n’est pas facile. C’est celui qui est mieux préparé qui s’en sort.

Ainsi, tant que le départ n’est pas donné, on est sur de rien. Néanmoins comme le groupe est soudé avec une bonne ambiance, logiquement ça devrait aller" confie-t-il.

Outre les cadres, de jeunes cyclistes fourbissent discrètement leurs armes auprès des anciens. Est de ceux-là, Houdo Sawadogo. Peu bavard, Houdo est l’un des leaders de la génération montante du cycliste burkinabè. Il affirme que cette année, aucune étappe ne les effraie et qu’avec la bénédiction de Dieu, ils gagneront le Tour. Pour ce faire, il lance un appel au public à sortir nombreux les soutenir, pour que leur présence puisse être un catalyseur supplémentaire.
L’optimiste des coureurs est aussi perceptible du côté de l’encadrement technique. L’entraîneur national Abdoulaye Nikièma est confiant.

La proximité de Kombissiri de la ville de Ouagadougou lui a permis de prendre part à la course organisée à l’occasion des 20 ans de renaissance démocratique avec Blaise Compaoré. Ce qui lui a permis de rectifier le tir. "Les Etalons sont prêts, le climat est propice", a-t-il conclu.
Quant au Directeur technique national (DTN) Abdoulaye Tao, il y a beaucoup d’espoir. Cependant, il reconnaît que le Maroc, le Cameroun et l’Egypte sont des prétendants coriaces. Il dit attendre la première étape pour jauger le niveau des autres équipes et bâtir la stratégie la mieux adaptée pour ses coureurs. Pour le moment, le soigneur de l’équipe cycliste se ronge les pouces. Les jeunes hommes se portent à merveille.

Aucun souci organisationnel

Malgré la recession économique que connaît le Tour du Faso, le comité d’organisation est serein. 15 équipes prendront le départ ce vendredi. La défection du Sénégal, de l’Angola et du Japon n’enlèvera en rien à la qualité du spectacle. La caravane découvrira de nouvelles villes : Léo, Kaya et Fada N’Gourma. Des dispositions ont été prises pour loger, nourrir et déplacer les délégations. L’ensemble des 1284 km à parcourir ont été déjà validé. Les responsables politiques et administratifs décentralisés ont été rencontrés et la mobilisation se fait à tous les niveaux, a confié Laurent Bezault.

Au sein de l’ASO également, les premiers responsables sont satisfaits et apprécieraient positivement le transfert de compétence, au profit des cadres du MSL et de la Fédération burkinabè de cyclisme. Toutes les inquiétudes de départ n’ont plus raison d’être, car Laurent Bezault affirme qu’à part leur réduction du nombre de jours de la course et du contingent des hommes des médias, rien ne changera.

Son souhait est de voir la compétition se dérouler sans accident pour que l’infirmerie des différents états-majors restent inoccupés. Il a en outre, insisté sur la nécessaire participation du public, surtout lors des étapes d’arrivée, afin de communier avec les cyclistes. C’est ce qui, dit-il, fait le charme, différentie le Tour du Faso d’avec les autres organisés sur le continent. Comme il serait quasi impossible de parler du Tour du Faso sans évoquer les soirées enthousiastes, Francis Ducreux est déjà prêt.

Une dizaine d’artistes parmi lesquels Adji, Baz Bill ainsi que des acrobates venus du Ghana, tiendront en haleine les populations des villes accueillant la caravane du Tour. Il explique avoir opéré le choix des artistes, en tenant compte de l’actualité musicale du moment puisque l’un des objectifs de ces soirées est aussi de promouvoir les artistes burkinabè en herbe. Les partenaires du Tour pourraient également donner de la visibilité à leurs actions et se faire découvrir. Comme chaque année, le maillot jaune sera patronné par le Crédit lyonnais.

Joelle ZOUNDI

Sidwaya