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Musique : L’icône du reggae africain, Lucky Dube, assassiné

Publié le samedi 20 octobre 2007 à 10h11min

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Depuis jeudi 18 octobre 2007, la star du reggae sud-africain, Lucky Dube n’est plus. Il a été tué dans un crime crapuleux à Rosettenville (Afrique du Sud). Doo Bay alias Lucky Philip Dube avait à son actif une vingtaine d’albums et reste un monument du reggae africain qui a contribué non seulement à la lutte anti-apartheid mais aussi à faire connaître son pays au-delà de l’Afrique.

Le chanteur sud-africain Lucky Dube, star internationale du reggae, a été tué par des malfaiteurs qui voulaient voler sa voiture jeudi soir à Johannesburg, une des villes ayant le taux de criminalité le plus élevé au monde. Lucky Dube, 43 ans, l’un des trois grands chanteurs africains de reggae avec les Ivoiriens Alpha Blondy et Tiken Jah Fakoly, a été abattu devant ses deux enfants adolescents, qu’il conduisait chez un oncle dans la banlieue sud. « II se trouvait à Rosettenville vers 20H00 (18H00 GMT) et était apparemment en train de déposer l’un des enfants, qui venait de sortir du véhicule quand des inconnus se sont approchés pour essayer de voler la voiture. Touché par balles, Dube est mort sur le coup », a déclaré la capitaine Cheryl Engelbrecht, porte-parole de la police.

Selon un témoin cité par le quotidien The Star, le chanteur a essayé de s’enfuir, mais a perdu le contrôle de sa voiture après avoir heurté une autre automobile et un arbre.
Ses enfants, un garçon et une fille de 15 et 16 ans, sont indemnes, mais très choqués.

La police a assuré qu’elle allait « retourner chaque pierre » pour retrouver les coupables. Elle recherche en particulier trois hommes circulant à bord d’une Volkswagen Polo bleue, qui ont été vus sur les lieux du crime.
Lauréat de plusieurs prix, Dube a enregistré 21 albums, dont « Prisoner » (1989) et « House Of Exile » (1991 ). Il a joué en Europe, en Afrique et aux Etats-Unis.

Né dans une famille pauvre, abandonné par un père alcoolique, il découvre ses talents musicaux à la chorale de l’école et commence sa carrière en 1979 en sortant un disque de « mbaqanga » (musique zouloue traditionnelle).
En 1985, il passe au reggae, genre qui n’avait alors qu’une audience confidentielle en Afrique du Sud, convaincu que le message politique et social de cette musique portera, dans un pays soumis aux lois racistes de l’apartheid.

Arborant de longues dreadlocks, une barbe et une moustache broussailleuses, il a l’allure du parfait rasta, mais assure ne pas consommer alcool ou drogue.
Sur scène, il a joué avec Céline Dion, Sting ou Peter Gabriel. Il est le seul artiste sud-africain à avoir signé sous le fameux label américain Motown, selon le site Luckydubemusic.com.

Saluant un artiste « exceptionnel et réputé dans le monde entier », le président Thabo Mbeki a présenté ses condoléances à sa famille avant de prendre l’avion pour la France où il doit assister samedi à la finale de la Coupe du monde de rugby (Afrique du Sud-Angleterre).
« Nous devons pleurer la mort d’un Sud-Africain exceptionnel et nous engager à tous agir ensemble pour combattre le fléau de la criminalité, qui a emporté tellement de vies, et continue de le faire chaque jour », a-t-il ajouté.

L’Afrique du Sud est l’un des pays les plus violents au monde, avec plus d’une cinquantaine d’homicides par jour. Les vols de voiture et les cambriolages sont souvent commis en présence des propriétaires et dégénèrent fréquemment.

« Je suis effondré », a déclaré à l’AFP le poète et chanteur Mzwakhe Mbuli, un ami de Dube, qui s’est rendu sur les lieux du crime. « La musique de Lucky Dube connaît un grand succès à l’étranger. Il était une légende », a-t-il déclaré, avant de s’interroger : « la criminalité est hors contrôle. Où va ce pays ? » En 2006, lors de la sortie de son dernier album « Respect », Lucky Dube avait déclaré être « fier des progrès effectués par l’Afrique du Sud » depuis la chu !e de l’apartheid en 1994.
Evoquant la violence, il avait cependant ajouté : « Nous avons essayé l’amour, l’unité, la camaraderie, mais ça ne semble pas beaucoup marcher pour nous. Il faut du respect, parce que c’est ce dont le monde a besoin maintenant ». Celui-là que tous les fans du reggae pleurent aujourd’hui demeure une icône pour les jeunes africains. Il a été inspiré à ses débuts par un autre monument de la musique, Peter Tosch.

Ismaël BICABA

Sidwaya

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