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Attiéké made in Burkina Faso : Quand le rêve devient réalité

Publié le jeudi 18 octobre 2007 à 07h37min

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Dans quelques années, il faudra compter avec le Burkina Faso parmi les pays producteurs de manioc. Des producteurs des Cascades et des Hauts-Bassins avec l’aide du Projet d’appui au développement local des provinces de la Comoé, de la Léraba et du Kénédougou (PADL/CLK) ont mis la locomotive en marche. Et rien ne semble pouvoir l’arrêter...

La culture de manioc n’est plus le seul apanage des pays côtiers d’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Nigeria, Ghana, etc.) réputés gros consommateurs de cette tubercule. Il faudra dans quelques années, compter avec le Burkina Faso. Des producteurs des Hauts Bassins et des Cascades se sont lancés dans la culture du manioc. Une nouvelle filière est née et est en passe de .... la vedette au maïs et au coton (du point de vue rentabilité). Tout est parti en 2003 avec l’introduction d’une nouvelle variété de manioc à haut rendement par l’INERA, avec l’appui technique d’une industrie de recherche nigériane. A cela s’ajoute la mise en place du Projet d’appui au développement local Comoé-Léraba-Kénédougou (PADL/CLK) en 2004 qui a fait du développement de cette filière, l’un de ses chevaux de bataille. Les producteurs qui n’attendaient que cela y ont aussitôt adhéré.

Jamais une filière n’aura connu selon le coordinateur du PADL/CLK, une progression aussi exponentielle d’après Dominique Dyemkouma. Et c’est avec passion qu’il parle des résultats obtenus. "De Niangoloko à Dakoro en passant par Sidéradougou et Benzon, jusqu’à Ndorola, il ya un engouement des producteurs pour cette filière". De 3 hectares de superficie emblavés, la zone du projet est, de nos jours, à plus de 760 hectares avec un rendement de 70 tonnes à l’hectare. Selon Dominique Dyemkouma, cet engouement s’explique par la rentabilité du produit. Avec très peu d’entretien et d’instrants, les revenus à l’hectare varient de 700 mille à 1,5 million de francs. Hamidou Maïga, l’un des plus grands producteurs de la Comoé, n’a pas hésité à sacrifier la culture du coton (environ 25 hectares) au profit du manioc qui selon lui, est non seulement plus rentable avec moins d’angoisses, mais aussi très bénéfique à sa famille en termes de disponibilité permanente de nourriture.

Le manioc, une filière d’avenir

Pour une harmonie parfaite entre le duo production-commercialisation, le PADL/CLK a appuyé la mise en place de trois unités de transformation du manioc dont deux à Banfora et une à Orodara. Ces unités de transformation d’une capacité de 24t/J sont gérées par des groupements de femmes. En plus des deux groupements de femmes qui transforment environ 18 tonnes de manioc par mois, d’autres groupements de femmes des villages environnants (Doua, Tengrela, Moussadougou) utilisent également ces unités. Jusque-là, elles ne rencontrent aucun problème de commercialisation. Bien au contraire, les femmes du secteur n°6 de Banfora ont soutenu qu’elles n’arrivent pas à satisfaire la demande. L’attiéké produit, vous l’avez peut-être consommé dans un restaurant ouagalais sans le savoir. C’est d’ailleurs cet attiéké que les étudiants savourent 2 fois par semaine dans les restaurants universitaires. C’est aussi le cas du collège Sainte Thérèse de Banfora, et bientôt du collège de Toussiana.

Et selon Dominique Dyemkouma, des opérateurs économiques manifestent de plus en plus d’intérêt pour cette nouvelle filière. C’est ainsi qu’on peut trouver l’attiéké séché made in Burkina en Europe, fût-il en quantité négligeable pour booster davantage le développement de la filière, le ministère du Commerce envisage de créer une usine de production de l’amidou et de gari à Banfora. C’est dire donc que tout le dispositif nécessaire est mis en place pour faire de cette filière un véritable moteur de développement. En tous les cas, les experts du monde agricole n’hésitent pas à soutenir que le manioc est une filière d’avenir. Sa plus grande force, contrairement au coton et à l’anacarde, est qu’il a un marché local.

Dire que les Burkinabè raffolent de produits dérivés du manioc, en l’occurrence l’attiéké ne souffre d’aucun débat. Il suffit de se rendre à la gare de train pour voir le nombre de tonnes d’attiéké qui débarquent d’Abidjan chaque semaine.
Grande capacité de rendement, produit bon marché, consommé par les populations avec une possibilité de transformation en plus de 40 mets, le manioc constitue, incontestablement, une voie sérieuse pour l’autosuffisance alimentaire.

Fatouma Sophie OUATTARA

Sidwaya

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