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Les libertés publiques sous le régime Compaoré : Des acquis à améliorer

Publié le mardi 16 octobre 2007 à 08h02min

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Le 2 juin 1991, le peuple burkinabè a adoptée par référendum, une nouvelle constitution après onze (11) ans de régime d’exception et une histoire constitutionnelle mouvementée. En trente et un ans (31) d’indépendance, le Burkina Faso a connu trois (3) régimes constitutionnels et six régimes d’exception dont l’alternance vertigineuse traduit la difficulté de la jeune nation à trouver ses marques dans les modèles et systèmes de gouvernance.

Avec l’adoption de la constitution en 1991 et la mise en place des institutions de la IVe République sous le régime du président Blaise Compaoré, les espaces d’expression et de libertés publiques se sont élargis au Burkina Faso. Des avancées notables ont été relevées, à la fois au plan politique, des droits humains, des médias, de la société civile et des syndicats. Sous l’angle politique, depuis plus de dix ans, le pluralisme politique est devenu une réalité incontournable et plusieurs partis politiques s’affrontent librement lors des consultations électorales organisées à une cadence régulière. L’article 12 de la constitution garantit le multipartisme. Sur ce plan, le Burkina Faso connaît un nombre important de partis politiques : 67 partis ont été officiellement enregistrés en 1992. Aux dernières élections législatives du 6 mai 2007, l’on dénombrait 47 partis politiques, toutes tendances confondues. Mieux, sous le régime Compaoré, la situation des droits humains s’est améliorée, car il n’y a plus de prisonniers politiques depuis 1992.

Mais les mouvements de défense des droits humains qui foisonnent (MBDHP, l’UIDH,...), de la société civile et des associations de promotion des droits de l’homme (plus d’une centaine) dénoncent de façon récurrente, l’impunité dont bénéficient certains dignitaires du régime, les bavures policières (Piéla, Balpouré), les tortures, les disparitions et les exécutions extrajudiciaires de délinquants (...). L’une des atteintes aux droits humains marquante de cette ère est l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, directeur de publication de l’Indépendant. Liberté d’expression oblige, depuis le 13 décembre 1998 (date de l’assassinat), le pays des Hommes intègres est par moments secoué par des campagnes de protestation et de dénonciation des violations des droits de l’homme.

S’agissant de la société civile sous le régime Compaoré, force est de constater qu’elle a acquis une place incontournable dans l’espace public. Elle s’est positionnée comme un acteur déterminant qui participe à la consolidation du processus démocratique, soit de manière conventionnelle (représentation et participation dans les instances étatiques permanentes ou ad hoc aménagées pour elle) soit de manière non conventionnelle (sit-in, marches de protestation, manifestations sur la voie publique, grèves, etc.)

Aller de l’avant !

Ainsi, au plan syndical, la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), la principale force syndicale du pays s’est toujours fait entendre et à travers le dialogue comme les marches, les meetings... Les sanctions à l’encontre des syndicats du ministère des Affaires étrangères et du Trésor public, ces derniers temps, apparaissant marquer un recul de la liberté syndicale et d’expression qui tendait à se renforcer, signe d’une démocratie évolutive. S’agissant des médias burkinabè, l’on constate, ces dix (10) dernières années, un certain dynamisme et pluralisme dans le secteur grâce à un régime juridique libéral auquel il faut ajouter une subvention étatique dont l’impact reste à renforcer. Selon le rapport d’un séminaire organisé par le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) et International IDEA, les 29 et 30 octobre 2001 sur : "Dix (10) ans de constitutionnalisme au Burkina Faso : vers la consolidation de la gouvernance démocratique" ?, "dans ce paysage pluraliste subsiste l’ombre de l’Etat dominateur". Ledit rapport fait ressortir que "l’Etat continue à poser sur l’espace public, soit indirectement à travers l’aliénation des médias privés qui sont d’autant plus vulnérables qu’ils se heurtent à un marché limité, et éprouvent des difficultés d’ordre matériel et financier".

De même, le rapport relève que la régulation du secteur des médias par l’Etat inquiète et se heurte à la défiance de l’opinion, cependant que l’autorégulation demeure pour le moment très insuffisante, voire peu crédible. Et la Ligue pour la défense de la liberté de la presse de soutenir que "la liberté de la presse est relativement assurée au Burkina Faso, mais il existe des entraves sérieuses à son élargissement que sont l’arsenal juridique répressif en matière de délit de presse, ainsi que le manque d’indépendance du Conseil supérieur de la communication qui a suspendu des émissions radiophoniques populaires critiques". Quant au président de la Société des éditeurs privés, Shérif Sy, il dénonce l’autocensure des journalistes par crainte des pouvoirs.

Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr)

Sidwaya

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