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Mariam Sankara au Burkina Faso : Le retour de la veuve

Publié le mardi 16 octobre 2007 à 08h38min

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Mariam Sankara

Pour la première fois depuis la mort de son époux de président le 15 octobre 1987, Mariam Sankara, la veuve du président Sankara est revenue au Burkina Faso, dimanche 14 octobre tard la nuit.

Arrivée incertaine pour les uns, imminente pour les autres. Finalement, Mariam Sankara/ Sérémé a foulé le sol burkinabé, dimanche dans la nuit aux environs de 23 heures 30 mn. Vingt (20) ans après, elle est arrivée à Ouagadougou à bord de Air Burkina en provenance de Bamako au Mali, en compagnie de l’avocat de la famille, Me Dieudonné Nkounkou.

Elle est venue seule sans ses deux enfants orphelins Philippe et Auguste âgés respectivement de 29 et 26 ans. Mme Sankara a été accueillie par une foule nombreuse. Après un bref bain de foule, la veuve de Thomas Sankara a été escortée par les Sankaristes jusqu’à leur domicile à Bilbalgo, près du stade Municipal. « Je suis émue, j’arrive tardivement mais, je ne savais pas qu’il y aurait autant de monde. Je suis très contente d’être venue et remercie tout le peuple burkinabé. Merci ! On m’a invitée et je suis là pour la commémoration(...) », a déclaré Mme Sankara.

A la question de savoir si elle reste définitivement dans son pays, Mariam Sankara répond simplement : « le reste, on verra ». Ajoutant que le Burkina Faso est avant tout son pays. Toutefois, elle a regretté que ses deux enfants ne soient pas venus avec elle. « C’est dommage qu’ils ne soient pas là » . Mariam Sankara a néanmoins souligné qu’ils vont bien. Bougies allumées, drapeau national en mains, les partisans du défunt président ont tenu à accueillir sa veuve. Déjà, à 21 heures, le parking de l’aéroport international a été envahi par quelques fans qui pour entonner le Ditanyè, qui pour écouter les discours prononcés par leur idole.

Nana Thibaut qui se réclame le défenseur des pauvres, assurait l’animation tantôt par des prises de parole, tantôt par de la musique. C’est vers 23 heures que les ténors des partis sankaristes firent leur apparition à l’aéroport. Les députés Norbert Tiendrébéogo et Nestor Bassière, Jean Hubert Bazié tous de l’Union des partis sankaristes, Me Bénéwendé Stanislas Sankara de l’Union pour la renaissance/ Mouvement sankariste (UNIR/MS) ont tu le temps d’une soirée, « leurs divergences » pour se réunir autour de l’épouse de celui dont ils veulent perpétuer la mémoire. Régulièrement Me Sankara et Norbert Tiendrébéogo se concertaient comme pour se donner des consignes.

Appréciant cette triomphale venue de la veuve Sankara pour la commémoration des 20 ans de disparition de son mari, Me Sankara affirme que c’est une victoire :»C’est avec enthousiasme et émotion que nous l’accueillons. C’est une victoire, 20 ans après. Vous avez vu la mobilisation autour de la caravane, du symposium (...). Je pense que les mots me manquent ». Pour l’avocat en charge de l’affaire Sankara, Me Dieudonné Nkounkou, la présente commémoration est une première en Afrique en matière de lutte contre l’impunité. « Et le Burkina Faso a répondu pour obéir aux recommandations de l’ONU », a-t-il conclu.

S. Nadoun COULIBALY


« L’idée de Thomas Sankara est encore là »

Mariam Sankara, l’épouse de feu Thomas Isidore Noël Sankara après 20 ans d’absence du Burkina Faso s’est prêtée aux questions des journalistes à l’issue d’un entretien qu’elle a eu avec les Sankaristes le 15 octobre 2007.

Sidwaya (S.) : Peut-on dire aujourd’hui que l’idéal de Thomas Sankara est toujours présent ?

Mariam Sankara (M.S.) : L’idéal de Thomas Sankara est encore là à travers tous ces jeunes qui sont mobilisés, toute cette population.

S. : Est-ce que ces cérémonies d’hommage à Thomas Sankara sont quelque chose qui vous émeut ?

M.S. : Oui c’est quelque chose qui m’émeut. Cette année particulièrement il y en a eu partout.

S. : Pensez-vous que la jeunesse doit s’inspirer des idéaux de votre mari ?

M.S. : Je crois que la jeunesse sait ce qu’elle fait. Regardez le nombre de jeunes qu’il y a ici (ndlr : plusieurs centaines de jeunes s’étaient rassemblés à l’Atelier théâtre burkinabè où se tenait le symposium organisé par les Sankaristes). Je veux parler aussi de la caravane qui est partie depuis le Mexique jusqu’à Ouagadougou hier (ndlr : 14 octobre 2007) et qui a drainé une foule partout et beaucoup de jeunes ; donc je crois que son message a été entendu par la jeunesse.

S. Etait-ce difficile pour vous ce retour, émotionnellement ?

M.S. : (Sourire) : J’avoue que j’ai eu des appréhensions. Mais je suis contente d’être venue et de constater cette mobilisation. Ça me fait vraiment chaud au cœur.

S. Pourquoi les deux enfants ne sont pas venus ?

M.S. : C’est leur programme qui ne leur a pas permis de venir sinon ils auraient souhaité être avec moi à Ouagadougou.

S. Que font-ils en France ?

M.S. : Ils font des études. Ils n’ont pas encore fini leurs études.

S : On a dit qu’il y a un qui est pilote.

M.S. : Non, ils font des études d’informatique, de sciences économiques, business.

S. : Avez-vous espoir quant à la poursuite de l’affaire judiciaire sur votre mari ?

M.S. : Oui je crois qu’on doit espérer parce qu’il faut que l’impunité soit combattue. Avec la victoire qu’on a eue aux Nations unies, je pense que ça peut nous permettre d’espérer.

S. : Pourquoi n’êtes-vous pas revenue depuis 20 ans ?

M.S. : Depuis 20 ans, c’est comme je l’ai dit, j’attendais que les conditions soient réunies. Et c’est à l’issue de cette victoire qu’on a eue aux Nations unies que je suis revenue.

S. : Pensez-vous que ces conditions sont maintenant réunies ?

M.S. : En tous cas je pense que je pourrais venir et je crois aussi qu’on peut continuer de lutter.

S. : Est-ce que vous comptez vous installer au Burkina ?

M.S. : (Rires) : Peut-être ça c’est prématuré hein ! C’est prématuré de le dire.

Propos recueillis par Enok KINDO

Sidwaya

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