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Blaise Compaoré : Du treillis au costume de président élu

Publié le mardi 16 octobre 2007 à 08h12min

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Blaise Compaoré

Militaire, révolutionnaire, “artisan de la rectification”, président démocratiquement élu. Telles sont les grandes étapes de la vie politique, ou simplement de la vie d’homme du président burkinabè, Blaise Compaoré. “A priori”, rien ne prédestinait le fils aîné de Bila Maurice Compaoré et de Tiga Thérèse Bougouma, né le 3 février 1951 à Ouagadougou, à assumer les fonctions de chef d’Etat.

D’ailleurs, Blaise Compaoré ne croit pas au destin. “Dans la société, dit-il, l’homme a des tâches qui s’inscrivent dans un ensemble de règles sociales en matière de vertu, de morale et de devoirs. En fonction de son comportement, de ses convictions et de son engagement, il récolte de bons ou mauvais résultats” (in Blaise Compaoré, entretiens de Luc Adolphe Tiao, septembre 1991). Et c’est sans doute le goût du risque qu’il confie avoir (dans l’ouvrage cité plus haut) et certainement inspiré par son père (engagé dans l’Armée française et plus tard garde republicain) que le jeune Blaise marque sa préférence pour le métier des armes.

L’année 1971 permettra à Blaise Compaoré de réaliser son rêve de façon inattendue. Suite à une manifestation de collégiens, il est enrôlé d’office dans le contingent spécial de l’armée, en guise de correction et se retrouve affecté à la garde du domicile du président de la République d’alors, le général Aboubacar Sangoulé Lamizana.
En septembre 1973, il réussit au concours d’entrée à l’Ecole militaire interarmés du Cameroun. Et sa formation militaire se poursuit par la suite, à travers de nombreux stages à l’extérieur : spécialisation à l’Ecole d’infanterie de Montpellier, stages d’instructeur commando à Mont-Louis, à Collioure et à Munsinghem en Allemagne, à Briançon et à Montgenèvre, stage dans les troupes aéroportées de France, stage d’instructeur parachutiste à Rabat.

En mai 1978, Blaise Compaoré est affecté à la Compagnie d’intervention aéroportée (CIA) de Bobo-Dioulasso et rejoint Ouagadougou deux ans plus tard, pour occuper la fonction d’aide de camp du chef d’Etat-major des armées. En janvier 1981, il devient le commandant du Centre national d’entraînement commando (CNEC) de Pô et effectue au début de l’année 1982, un nouveau stage à Paris (France) pour se perfectionner au métier d’officier para. C’est la même année qu’il devient capitaine.

Le 17 mai 1983 marque la date où les Voltaïques à l’époque découvriront le jeune capitaine Blaise Compaoré, à travers “une action téméraire militaire, soutenue par des convictions politiques”. Ce jour, suite à l’arrestation de ses camarades de l’aile progressiste du Conseil du salut du peuple (CSP), organe dirigeant de l’époque, Thomas Sankara, Henri Zongo et Jean-Baptiste Lingani, Blaise Compaoré rejoint ses hommes à Pô pour organiser la résistance. Il refuse de déposer les armes si ses camarades ne sont pas libérés. Cette action trouve un relais dans la société civile et dans le milieu scolaire et les officiers arrêtés finissent par être libérés au bout de quelques jours.
Mais le climat sociopolitique du pays ne s’améliore pas pour autant. Le 4 Août 1983 à la tête des commandos de Pô, il “marche” sur Ouagadougou et installe avec Thomas Sankara, alors en résidence surveillée le Conseil national de la Révolution (CNR). Blaise Compaoré est le n°2 du régime.

Il est successivement ministre d’Etat délégué à la Présidence du Faso et ministre d’État chargé de la Justice. L’espoir suscité par le régime révolutionnaire est immense et certaines initiatives lancées pendant cette période marquent incontestablement de manière positive, le Burkina sur les plans politique, économique et social.
Mais les contradictions internes au sein des dirigeants de la Révolution engendrent l’avénement du 15 octobre 1987 avec la disparition de Thomas Sankara. Le capitaine Blaise Compaoré se retrouve à la tête du mouvement de rectification et devient président du Front populaire, organe dirigeant et chef de l’Etat.

Après quatre (4) ans de rectification (1987 - 1991), le pays s’ouvre au multipartisme. Le 2 juin 1991, la constitution de la IVe République est votée et Blaise Compaoré est élu à la magistrature suprême le 1er décembre 1991. Depuis cette date, des élections présidentielles, législatives et municipales, se tiennent de façon regulière. Après avoir été élu en 1991 et 1998 Blaise Compaoré a entamé un nouveau mandat de cinq ans, après la présidentielle 2005. Et cela, après la révision constitutionnelle du 11 avril 2000.

S’intéressant particulièrement aux questions agricoles, Blaise Compaoré rencontre annuellement les producteurs burkinabè, à travers une Journée nationale du paysan (JNP) au cours de laquelle des difficultés liées au monde agricole sont abordées. On se souvient de son plaidoyer au siège de l’Organisation mondiale du commerce à Genève en 2003, face aux subventions illégales accordées à leurs producteurs par certains pays occidentaux défavorisant les cotonculteurs africains.
Sur le plan social, un accent particulier est mis sur l’éducation des filles. Dans la lutte contre le Sida, Blaise Compaoré préside le Conseil national de lutte contre le Sida et les infections sexuellement transmissibles (CNLS/IST).

Avec une stabilité retrouvée (le pays a connu plusieurs coups d’Etat entre 1980 et 1987), Blaise Compaoré s’emploie à placer le Burkina en pôle position dans la sous-région ouest - africaine et au-delà. On le retrouve ainsi, médiateur dans des crises que traversent des pays voisins au Burkina au cours des années 1990 (rébellion touarègue au Mali et au Niger, crise politique au Togo).

En décembre 1996, Blaise Compaoré accueille le Sommet France - Afrique et en 1998, le Burkina abrite la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en février et le Sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en juin de la même année. Les sommets et les rencontres internationales s’enchaînent : sommet de l’Union interparlementaire (2001), sommet de la Francophonie (novembre 2004) etc.
Blaise Compaoré, en dehors du football et des sports de mains, est un passionné d’architecture et d’animaux sauvages. Il possède un parc animalier dans sa résidence privée de Ziniaré, sa ville d’origine.
L’homme qui se défend d’être rancunier, dit faire preuve de grande patience en toute circonstance et accorde une importance particulière au travail.
Depuis 1985, Blaise Compaoré est marié à Chantal Terrasson de Fougères et est père d’une fille, Djamila Carole Imani.

Gabriel SAMA


Paysage politique sous le régime Compaoré : De la rectification à la démocratie

Les vingt ans de régime de Blaise Compaoré sont essentiellement marqués par l’ouverture démocratique consacrée par la Constitution adoptée par référendum le 2 juin 1991. C’est l’avènement de la IVe République avec le rétablissement des institutions et un jeu politique basé sur des élections multipartites.

Une centaine de partis politiques se disputent aujourd’hui le pouvoir d’Etat au Burkina Faso. Le Mouvement de la rectification né du douloureux événement (disparition de Thomas Sankara) du jeudi 15 octobre 1987 n’a pas échappé à l’appel de La Baule lancé en 1990 par le président français Français Mitterrand. A l’instar de nombreux pays africains connaissant des régimes d’exception, le vent de l’Est a soufflé sur le pouvoir révolutionnaire rectifié mis en place par le Front populaire (1987-1991). L’adoption par référendum de la Constitution le 2 juin 1991 et sa promulgation dans le journal officiel le 11 juin ont sonné le retour du Burkina Faso à la démocratie.

C’est la IVe République, l’ère du pluralisme. La conquête du pouvoir d’Etat s’effectue dans un contexte multipartite. En seize (16) ans, le pays a connu trois élections présidentielles (1991, 1998, 2005) quatre (4) élections législatives (1992, 1997, 2002, 2007), trois (3) élections municipales (1995, 2000, 2007). Le Burkina Faso vit ainsi la plus longue expérience démocratique de son histoire. Même si le Congrès pour la démocratie et le progrès (parti au pouvoir) se taille la part du lion à chaque échéance électorale, la compétition politique demeure âprement disputée par des partis de diverses obédiences.

Aux traditionnels leaders politiques (feu Joseph Ki Zerbo, Gérard Kango Ouédrago, Hermann Yaméogo...) se sont ajoutées d’autres figures de proue parfois beaucoup plus jeunes : Me Bénéwendé Stanislas Sankara (UNIR/MS), Gilbert Noël Ouédraogo (ADF/RDA), Emile Paré (MPS/PF), Laurent Bado (PAREN)... Bien que l’élection présidentielle soit à chaque fois remportée par le candidat du CDP, Blaise Compaoré, elle enregistre de plus en plus de candidats. D’un seul en 1991, la présidentielle de 2005 a vu la candidature de treize (13) leaders politiques contre trois (3) en 1998. La IVe législature (2007-2012) est colorée par des députés issus de treize (13) partis politiques. Le Burkina Faso s’est également engagé dans le processus de décentralisation sous le régime Compaoré.

Les élections municipales d’avril 2006 ont permis l’élection des conseillers puis des maires de 350 communes urbaines et rurales. C’est la communalisation intégrale. Pour promouvoir l’égalité des chances entre tous les acteurs politiques et ameliorer la démocratie burkinabè, des institutions ont été créées pour réguler l’information, organiser de façon transparente les élections ou veiller au strict respect des dispositions constitutionnelles. Ce sont le Conseil supérieur de la communication (CSC), la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le Conseil constitutionnel. Toute cette ossature structurelle et institutionnelle a forgé la vitalité du débat politique au Burkina Faso.

Jolivet Emmaüs
joliv_et@yahoo.fr)

Sidwaya

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