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S.E.M. Sanné Mohamed Topan : « Au Burkina comme au Mali, je me sens en mission »

Publié le vendredi 28 mai 2004 à 15h23min

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S.E.M. Sanné M. Topan

Il est le neuvième sur la liste de nos représentants diplomatiques accrédités auprès du pays frère malien, depuis l’ère des indépendances, mais le septième à y résider effectivement, et ce, depuis avril 2003.

En marge du 6e Sommet de la CEN-SAD (Communauté des Etats sahélo-sahariens), qui s’est tenu à Bamako du 9 au 16 mai dernier, nous avons échangé autour de plu sieurs sujets avec S.E.M. Sanné Mohamed Topan dans les locaux ô combien prestigieux de l’ambassade du Burkina dans la capitale malienne. Un entretien empreint de parenté à plaisanterie entre un petit samo en mission et un grand mossi superviseur, comme vous le remarquerez en nous lisant.

Excellence, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

(Rires) Olivier, c’est de la provocation. Toi, tu es vraiment un mossi. Mais comme il s’agit des lecteurs, je vais le faire. Auparavant, tu devrais d’abord t’agenouiller devant moi parce que le Samo, ce n’est pas n’importe qui. Bref ! Je suis Topan Sanné Mohamed, ambassadeur du Burkina Faso au Mali avec une emprise sur la Guinée et le Niger. Je suis en poste depuis le 25 avril 2003 ; j’ai présenté mes lettres de créances le 8 mai 2003, soit un peu plus d’un an.

Comment avez-vous vécu votre premier contact avec le sol malien ?

Très bien dans la mesure où je suis parmi des frères à tout point de vue. Entre le Mali et le Burkina, il s’agit beaucoup plus de liens de sang comme vous l’avez du reste remarqué lors de votre séjour (NDLR : celui-ci s’est déroulé du 9 au 16 mai 2004 dans le cadre du sommet de la CEN-SAD (Communauté des Etats sahelo-sahariens)).

Le Burkinabè se sent chez lui ici de même que les Maliens se sentent chez eux au Burkina. Et vous avez pu voir l’accueil qui a été réservé au président Blaise Compaoré et à sa suite, depuis l’aéroport jusqu’à l’hôtel de l’Amitié : c’est un signe que la fraternité entre Maliens et Burkinabè est une réalité. De même au cours des travaux des experts et des ministres, cette symbiose a été ressentie.
Pour me résumer, je dirai que je me sens au Mali comme au Faso.

Monsieur l’ambassadeur, de quel effectif disposez-vous pour mener à bien la mission que vous a confiée le peuple burkinabè ?

L’effectif pour moi n’est pas important, mais plutôt les hommes qui font le travail. Nous sommes une dizaine de fonctionnaires dont un conseiller des Affaires étrangères, qui m’assiste quotidiennement dans mon travail. Nous avons aussi des attachés d’ambassade, du personnel contractuel au nombre d’une quinzaine d’agents. Tous s’évertuent à remplir correctement leur mission.

Vous faites sûrement un parallèle entre l’effectif et cette grande bâtisse qui nous abrite. Eh bien, sachez seulement que cet ouvrage qui attire les regards est une preuve que l’amitié qui lie les présidents Toumani Touré et Blaise Compaoré est très solide. Et c’est la raison pour laquelle nous sommes résolus à nous engager corps et âme dans ce sillon qu’ils ont tracé et qui mérite d’être pérennisé et sécularisé.

Cette chancellerie, qui se compose d’un consulat et de l’ambassade avec au milieu des deux une salle de conférences pouvant accueillir plus de deux cents personnes, traduit la vision futuriste qu’ont les deux nations dans leurs relations. Rêveur, je pense qu’avec la multiplication des chancelleries dans l’espace UEMOA, on en viendra à l’édification de tels monuments architecturaux dans tous les pays de l’espace et, pourquoi pas, dans tous les pays de la CENSAD.

Le Burkina enregistre de nombreux compatriotes sur le sol malien. Combien sont-ils et quels sont leurs problèmes récurrents ?

.Bien qu’on ne dispose pas de statistiques en la matière, on estime qu’il y a au moins un million de Burkinabè vivant régulièrement dans le pays frère qu’est le Mali. Evidemment, avec eux c’est des moments de joie et des moments de peine. De façon globale, la communauté burkinabè est très intégrée au Mali et vit paisiblement, ce que je salue au passage. Les problèmes que nous connaissons, c’est surtout ceux de nos compatriotes en transit.

Outre le fait que certains, surtout les commerçants, sont victimes de vols au niveau du grand marché et recourent à l’ambassade pour retourner au bercail, il y a les cas de décès que nous devons gérer au cas où ceux-ci surviennent sur le territoire malien. Depuis mon arrivée, c’est au moins une dizaine de cas du genre que nous avons été amenés à traiter.

En outre, il y a les indigents qui se présentent à nous ; nous n’avons pas le droit de leur fermer nos portes parce que nous sommes leurs parents. Mais le problème le plus crucial, c’est celui du trafic des enfants, nos deux pays étant à la fois récepteurs, transitaires et pourvoyeurs d’enfants. Chaque fois que des trafiquants sont démasqués, il appartient à l’ambassade de rapatrier les enfants. Or les moyens ne suivent pas. Mais avec la disponibilité des uns et des autres on trouve toujours une solution à ces problèmes.

Quelle est la touche Topan au niveau de l’ambassade ?

De touche Topan, il n’en a jamais existé. Comme je l’ai dit un jour, l’heure des héros solitaires est à jamais révolue. Convaincu de cela, je préfère chaque fois travailler en équipe. Raison pour laquelle j’ai instauré ce principe de sorte que, au finish, le bilan soit celui de tout le monde et non de l’individu que je suis. Non pas que j’aie peur d’assumer, mais simplement je me convaincs que c’est dans la conjugaison des efforts qu’on fait le meilleur rendement. Et c’est le lieu de rendre un hommage mérité à tout le personnel de l’ambassade qui, chaque jour, lutte pour faire rayonner son image. Une attitude qui fait de moi un ambassadeur heureux.

Comment s’est faite la mutation du député que vous étiez au diplomate que vous êtes actuellement ?

Le plus naturellement du monde, car je me suis fait cette philosophie : partout où le devoir national vous appelle, vous devez répondre présent et servir la nation avec promptitude et loyauté. La seule différence pour ce qui me concerne, c’est qu’à l’hémicycle j’avais la liberté de parole alors qu’ici je dois faire attention aux mots que je sors. A l’Assemblée, je parlais au nom du peuple, ici je le fais au nom du président de la République, au nom du Burkina Faso. D’où une attention particulière quant à mes actes et paroles. C’est vrai que ça pourrait paraître contraignant, mais c’est cela aussi être un homme.

Excellence, vous avez pris une part active dans la préparation de ce 6e sommet de la CEN-SAD. Qu’en retenez-vous ?

Là vous me faites trop d’honneur. En fait nous n’avons eu qu’à appuyer très discrètement les responsables de notre pays qui ont assisté à ce sommet, depuis la réunion des experts jusqu’à la conférence proprement dite, en passant par la session du comité exécutif.
Personnellement, j’ai piloté les affaires jusqu’à l’arrivée de mon homologue, l’ambassadeur Issouf Sangaré qui, du fait qu’il est résident en Libye, est membre d’office du comité des ambassadeurs de la CEN-SAD. En un mot, c’est lui qui a été la cheville ouvrière et il est, en mon sens, le mieux indiqué pour se prononcer sur la substance des travaux.

Votre adresse à vos compatriotes tant d’ici que du Burkina ?

Je profite de votre dictaphone pour dire merci à l’Observateur Paalga qui m’a chaque fois appuyé (je ne le dis pas par calcul mais très sincèrement) ainsi qu’à tous les autres organes de presse du Burkina avec lesquels j’ai toujours entretenu de très bons rapports. Je leur dis « critiquez-moi, cela me permettra de m’améliorer ». Merci au peuple malien qui a intégré ses frères burkinabè, aux autorités des deux pays qui ont fait de l’intégration leur credo.

O. Sidpawalemdé
L’Observateur Paalga

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