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Réhabilitation du réseau routier national : Des sanctions planent sur la tête des entrepreneurs

Publié le lundi 15 octobre 2007 à 06h04min

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Le réseau routier du Burkina Faso a subi d’énormes dégradations suite aux pluies exceptionnelles de cette année. Ainsi, pour rétablir les routes impraticables afin de venir en appui à la production agricole, le ministère des Infrastructures et du Désenclavement (MID) a entrepris une tournée, les 5, 6, 7, 8 et 9 octobre 2007, dans 9 des 13 régions du pays.

Routes coupées par-ci, nids de pouls profonds, par-là, ponts difficilement accessibles, (...), ainsi se présente le réseau routier du Burkina Faso. C’est le constat après avoir parcouru plus de 2200 km à travers 9 régions du pays. Partant de régions Centre-Nord, du Sahel, du Nord, du Centre-Ouest, du Mouhoun, des Hauts-Bassins, des Cascades, du Sud-Ouest à celle du Centre-Sud, du 5 au 9 octobre 2007, avec le ministre des Infrastructures et du Désenclavement (MID) Hyppolite Lingani et son staff technique. L’objectif visé par cette tournée, selon Hyppolite Lingani, c’est de réhabiliter le réseau routier endommagé, afin d’avoir des routes viables, opérationnelles et praticables avant la fin du mois de novembre, période des récoltes. Le souci est d’éviter que le mauvais état du réseau routier ait un inconvénient sur les coûts de transport des produits agricoles.

Ainsi, dans chaque chef-lieu des neuf régions visitées, à savoir Kaya, Dori, Ouahigouya, Koudougou, Dédougou, Bobo-Dioulasso, Banfora, Gaoua et Manga, des échanges directs ont eu lieu entre la délégation du MID, le directeur régional et des entreprises travaillant sur le réseau routier afin que chacun expose ses difficultés. Les directeurs régionaux ont présenté leur réseau routier, fait l’état des travaux d’urgence entrepris pour désenclaver certaines localités. Ils ont également fait le point des réparations en cours en indiquant les entreprises qui ont en charge les tâches à exécuter. Dans toutes les régions traversées, les tâches qui attendent d’être réalisées sont le bouchage des nids de poule, le grattage des routes et la réparation des remblais d’accès aux ponts (terre qui s’appuie contre les ponts). En effet, le ministre Lingani a soutenu que les ponts du Mouhoun sur la route de Dédougou-Koudougou et Boromo-Ouagadougou peuvent encore tenir 30 ans. Ce sont leurs remblais d’accès qui ont été érodés et les travaux sont en cours pour les protéger.

De la promesse des entrepreneurs

Au cours des échanges, à chaque fois qu’un entrepreneur a été interpellé, celui-ci répond : « Il n’y a pas de problème, je vais finir avant fin novembre », à tel point que le directeur régional du MID du Nord, Amadou Zerbo n’ a pas pu s’empêcher d’exprimer ses doutes quant à la fiabilité des engagements pris par ces derniers. En tous les cas, le directeur général des routes, Alfred Zampou, a été clair : « Nous allons sanctionner ceux qui disent oui et sont conscient squ’ils ne seront pas au rendez-vous à la fin du mois de novembre ». Et le ministre Hyppolite Lingani d’appuyer : « Je serai obligé de tenir compte de vos promesses. Je n’aimerais pas me faire mener en bateau ! » . Pour ce faire, les marchés des entrepreneurs qui sont encore à 6, 5, 1 voire 0% de réalisation, ont été systématiquement résiliés. Ces marchés seront confiés à d’autres entreprises compétentes. Il a toujours été indiqué à chaque passage que dès la fin du mois d’octobre 2007, une inspection sera faite sur les différents chantiers, afin de vérifier l’avancement des travaux. Les marchés de ceux qui n’avancent pas pourraient être résiliés.

Quant aux directeurs régionaux des Infrastructures et du Désenclavement , le ministre Lingani les a invités à prendre leurs responsabilités, car ils seront jugés en fonction de l’atteinte des objectifs fixés. Il appartient donc à chaque directeur régional de bien contrôler l’exécution des travaux en cours sur son réseau routier, afin qu’en fin novembre 2007, tous les entrepreneurs puissent être payés. Car, le ministre des Infrastructures et du Désenclavement a mentionné qu’à partir du mois de décembre 2007, le fonds routier rentrera en action au Burkina Faso. Ce sera ce fonds qui financera l’entretien des routes.

Les mêmes problèmes partout

Dans l’ensemble des 9 régions visitées, les problèmes récurrents sont la non approbation des marchés à temps, la lenteur dans le démarrage des travaux, la lenteur dans le payement des entrepreneurs, la réticence des entrepreneurs à prendre les marchés et la vétusté des véhicules des services régionaux ; de même, nombre d’entreprises sont dispersées sur le territoire, rendant leurs actions inefficaces.

En effet, des entrepreneurs exerçant à Dori ont été rencontrés à Koudougou, Banfora et Gaoua.
Pour ce qui est de la lenteur dans la signature et l’approbation des marchés, le ministre Lingani a promis de signer les marchés, cette semaine, afin que les entrepreneurs puissent rentrer dans leur fonds et se mettre au travail. Selon lui, cette difficulté sera résolue avec le fonds routier qui pourra payer les entrepreneurs en 15 jours. Il a été annoncé la remise de deux véhicules à chaque direction régionale avant la fin de l’année, pour permettre le fonctionnement des services. Ces directions seront également appuyées par des brigades qui pourront agir urgemment. A propos des régions comme ceux du Sahel, des Cascades et du Sud-Ouest où les entrepreneurs ne se bousculent pas, le MID entend y fidéliser des entrepreneurs en leur donnant des marchés pluriannuels.

En attendant, l’entrepreneur qui a en charge le bitumage de la route Dédougou- Bobo-Dioulasso qui devrait être sous le coup d’une pénalité, car hors délai, a promis de finir les travaux en fin décembre. Le pont de Nazinon sur la route de Pô qui a été couvert d’eau en période hivernale sera repris, a indiqué M. Lingani. A la fin de la tournée, le ministre Hyppolite Lingani a affirmé qu’il est satisfait de la tournée car ayant atteint les trois objectifs qu’il visait au départ : voir l’état des routes, échanger avec les directeurs régionaux qui ont évalué les réparations et leur donner plus de pouvoir. Les jours à venir, le ministre des Infrastructures et du Désenclavement entend poursuivre sa tournée dans le reste des régions, à savoir le Plateau central, le Centre-Est et l’Est.

Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr)


Des responsabilités partagées
Pendant cinq jours, les 5,6,7,8 et 9 octobre 2007, le ministre des Infrastructures et du Désenclavement (MID), Hyppolite Lingani et ses directeurs centraux et généraux sont allés partager le calvaire des populations dans le Burkina profond. L’initiative, il faut le dire, est à saluer car cela a permis au ministre et à ses proches collaborateurs, de vivre les réalités du terrain, découvrir les blocages en vue d’améliorer le réseau routier national.

A la fin de la tournée, il ressort que le MID et les entrepreneurs partagent les responsabilités dans le non avancement de certains travaux sur les chantiers. Ce qui peut être reproché au MID, c’est essentiellement la lenteur dans le signature et l’approbation des marchés. Sans doute, cela est dû à la lenteur et la longueur des procédures. Il sierait donc de simplifier les procédures afin que les entrepreneurs ne se cachent pas derrière ce système pour ne pas démarrer les travaux ou les abandonner en pleine exécution. C’est en vue de débloquer ces situations que le MID a pris l’engagement de signer tous les marchés en instance incessamment.

Les entrepreneurs, quant à eux, sont culpabilisables pour leur « gourmandise ». A force de ne pas vouloir laisser passer les marchés, ils sont dispersés dans trois à quatre régions du pays avec peu ou pas de matériels pour l’exécution des tâches. Conséquences, ils prennent des marchés et trois à quatre mois après, on ne les aperçoit pas sur les tronçons pour entamer les travaux. Alors, ils aggravent le calvaire des populations qui sont obligées de circuler sur ces routes défectueuses. En tous les cas, le ministre Lingani a fait remarquer que cette situation ne durera plus longtemps. Les entrepreneurs « mercenaires » et autres en auront pour leur compte, car, il ressort que des sanctions vont tomber.

A. T.

Sidwaya

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