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Michelle André, sénateure : La France doit rester attentive aux progrès accomplis par le Burkina

Publié le vendredi 12 octobre 2007 à 08h18min

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Michelle André

Sénateure du Puy de Dôme (Clermont-Ferrand) et vice-présidente du sénat, Madame Michèle André a été ministre sous Michel Rocard dont elle fut la chargée des droits des Femmes de 1988 à 1991. Invitée à Ouagadougou en 1991 par l’Union des femmes du Burkina pour aider à inscrire dans la Constitution les droits des femmes, elle est restée attachée au pays qu’elle visite régulièrement.

Vous portez un grand intérêt au continent africain en général et au Burkina Faso en particulier. Pour quelles raisons ?

Déjà enfant, j’ai éprouvé de l’intérêt pour l’Afrique. J’avais vu un documentaire dans mon petit village de Miremont sur ce continent. D’autre part, j’étais passionnée d’histoire, et j’avais suivi dans les livres toute l’évolution des pays vers leur indépendance. J’ai en plus beaucoup de respect pour les Africains qui ont perdu leur vie ou ont été blessés lors des guerres menées à nos côtés en 14-18 et 39-45.

J’ai découvert le Burkina Faso en 1991, sollicitée par l’Union des Femmes du Burkina qui m’avait envoyé un émissaire en la personne de Jean R. Guion. Les femmes du Burkina voulaient faire valider l’inscription de l’égalité de leurs droits dans la Constitution du Burkina. Je dois dire que, étant très occupée à cette époque là, je manquais de temps mais l’insistance de Jean R. Guion qui s’était ajoutée à la recommandation de mon ami Jean Louis Machuron, Président de Pharmaciens sans Frontières, avait permis d’organiser ce premier déplacement. Je suis donc venue en avril 1991 afin de travailler avec l’Union des Femmes du Burkina et j’ai découvert ce pays et ses habitants.

Je dois dire combien j’ai été séduite par la rigueur, la capacité de travail et la chaleur des Burkinabè. Je suis revenue ensuite à de multiples reprises. Je garde en particulier le souvenir d’une mission d’observation électorale qui m’avait beaucoup émue par la ferveur des électeurs se déplaçant à pied sur des kilomètres dans la chaleur afin de glisser leur bulletin dans l’urne.
J’ai de beaux souvenirs, de magnifiques photos d’éléphants, de crocodiles, de sourires d’enfants. Ma dernière visite s’est faite lors du sommet des Chefs d’État. En résumé, j’ai appris à connaître et aimer les Burkinabè.

Blaise Compaoré est Président de la République depuis le 15 octobre 1987. Vous êtes invitée au 20ème anniversaire de son accession au pouvoir. Quel regard portez-vous sur cette personnalité et sur son action politique ?

Je suis très fière d’être invitée au 20ème anniversaire de l’accession au pouvoir du Président Compaoré. Je le côtoie depuis 1991 où je l’ai rencontré à de multiples reprises au Burkina Faso ou en France. J’ai créé, au fil des années, avec le Président et Chantal, son épouse, des liens d’amitié. Je me suis réjouie de l’arrivée de leur petite Imani après les avoir soutenus quand ils ont perdu leur petit garçon.
J’apprécie chez le Président la facilité qu’il y a à le rencontrer et à lui parler en toute franchise. J’apprécie son humeur égale, son rire, sa simplicité. Je crois qu’il a fait preuve de beaucoup de stratégie pour permettre à son peuple l’auto suffisance alimentaire, ce qui est au Burkina Faso une gageure.

De plus, je côtoie les parlementaires du Burkina dans la mesure où je fais partie de l’Assemblée Parlementaire Francophone et je mesure, sans doute mieux que d’autres, la façon dont le Burkina vit dans un régime démocratique.

Je dois dire combien j’apprécie l’engagement de Chantal pour la cause des femmes. Sa lutte pour l’égalité et contre toute forme de discrimination est exemplaire et elle oblige d’autres Etats d’Afrique à agir dans le même sens.

Les relations entre la France et l’Afrique sont très fortes mais parfois elles demeurent assez compliquées. Qu’en est-il des relations entre la France et le Burkina Faso ?

Il est naturel que les relations entre la France et les pays nés de l’indépendance soient fortes même si elles se teintent parfois d’incompréhension. Je comprends le malaise qui s’installe chez nos amis africains lorsque le gouvernement français durcit les conditions de l’immigration et soumet les familles à de très difficiles preuves. Je constate hélas une distanciation de certains pays d’Afrique qui se tournent vers les Etats-Unis ou la Chine et le regrette.

Les liens entre le Burkina Faso et la France restent forts, entretenus de manière habituelle par de multiples actions de coopération décentralisée menées par des associations, des communes ou des départements ce qui permet de se connaître davantage. De plus, j’ai noté à plusieurs reprises, récemment la fidélité du Président Compaoré à la France.

Le Burkina Faso est un pays en voie de développement, l’un des plus pauvres du monde ; dans quelles mesures et de quelle façon la France doit-elle, peut-elle apporter son soutien aux efforts des Burkinabè ?

Il est vrai que si l’on regarde les chiffres du PIB le Burkina Faso est l’un des pays les plus pauvres du monde. Le Burkina Faso est pauvre du fait de sa situation géographique et de son climat aggravé encore cette année par des pluies torrentielles qui ne permettent pas aux paysans de recueillir le fruit de leur travail. Le Burkina est également victime du long conflit en Côte d’Ivoire qui ne lui permet pas de recevoir les produits par la voie routière habituelle. Malgré tout ça, le pays a progressé. En effet, les Burkinabè sont travailleurs. J’ai souvent pu apprécier le travail des femmes et admiré leur façon de porter fruits ou légumes sur leur tête, ainsi que tremblé pour les hommes portant les poulets à bicyclette.

Je remarque de 1991 à aujourd’hui un vrai progrès dans le niveau de vie, surtout dans la capitale. Les bâtiments, les voiries, les modes de déplacement, les commerces ont beaucoup évolué. Je crois que la France doit rester attentive à ce progrès, qu’elle peut l’encourager et le soutenir. Le plus grand cadeau est de considérer ce pays comme un égal, les élus comme nos frères et sœurs. Nous devons faire de tout cela un atout.

Source : CISAB

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