LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Ruines de Loropéni : UNESCO d’accord, les Burkinabè d’abord

Publié le mardi 9 octobre 2007 à 07h18min

PARTAGER :                          

Le ministre de la Culture, du Tourisme et de la Communication, Filippe Sawadogo, était les 6 et 7 octobre dernier, en tournée dans la province du Poni. Visite qui l’a conduit au musée et aux deux stations radio de Gaoua puis aux sanctuaires des rois gans à Obiré. Aux pieds des ruines de Loropéni, le ministre a dit accorder la priorité à la reconnaissance nationale que sur celle de l’UNESCO.

Des visiteurs toqués de prestige et d’autorité. Rarement la province du Poni, importante destination touristique au Burkina Faso, n’a connu pareil déferlement de VIP sur ses sites et autres monuments culturels. Impressionnante donc a été cette sortie du ministre de la Culture, du Tourisme et de la Communication, Filippe Sawadogo, accompagné de représentants des missions diplomatiques du Nigeria, de la France et du royaume des Pays-Bas. Prenaient aussi part à cette tournée ministérielle, des membres de l’équipe scientifique chargée de la reprise du dossier d’inscription des « mystérieuses » ruines du lobi dans la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Sitôt l’eau de l’étranger servie à la résidence du gouverneur de la région du Sud-Ouest, Rasmané Ouagrawa, et les pénates posés à l’Hôtel, sitôt le cap est mis sur le musée des civilisations, un réduit d’espace où sont conservés quelques objets-témoins de la culture de sept peuples de la localité : Gans, Lobis, Biribors, Dagaras, Djans, Pougoulis et Thunis.

Il suffit, là, de traverser les trois salles juxtaposées (salle des hommes, salle des femmes et salle des cultes) pour comprendre, grâce aux récits du directeur du musée, Prosper B. Somé, les us, les coutumes et la cosmogonie du Lobi, ethnie la plus représentée dans ce temple des mémoires. Devant des clichés en noir et blanc d’un groupe de jeunes filles à moitié nue, récupérant de l’or par la technique du tamis, Filippe Sawadogo s’est ému face à l’injustice faite aux femmes : « Ha ! Ces femmes qui cherchent l’or mais à qui il était interdit d’en faire usage », s’est-il épris de justice.

Alors qu’il venait de rendre hommage à Mlle Madeleine Père, anthropologue et religieuse française qui fut l’origine de la réalisation du musée des civilisations du Sud-Ouest (Cf notre grand reportage du mercredi 3 octobre 2007), et qu’ rejoignait son véhicule, le ministre de la Culture est approché par un couple de français. L’homme lui annonce avoir remis, il y a plusieurs années de cela, des archives de grandes valeurs à Mlle Père, celle- là- même qui a consacré sa vie à l’étude de la culture lobi.

Sur ces entrefaites, M. Sawadogo a porté à la connaissance de la kyrielle de journalistes qui l’accompagne, l’existence d’une coopération avec un musée de Londres sur le rapatriement des archives sonores et visuelles de notre pays. Un détour à la radio confessionnelle Evangile du Sud-Ouest (ESO) puis à radio Gaoua, « pour toucher du doigt les conditions de travail », du personnel a mis fin au périple du jour.

Sur le site des ruines de Loropéni (40 Km à l’Ouest de Gaoua) où elle s’est rendue le lendemain, c’est à un véritable cour pratique d’archéologie qu’assistera la délégation ministérielle. Sous le magistère du professeur Jean-Baptiste Kiéthéga, chef de l’actuelle équipe chargée de la préparation d’un nouveau dossier d’inscription du monument au patrimoine mondial de l’UNESCO (Cf. notre grand reportage du mercredi 3 octobre).

Et quiconque, fut-il membre du gouvernement, enfreint aux prescriptions en vigueur est aussitôt rappelé à l’ordre. « Monsieur le ministre, déposé la pierre. Rien ne doit bouger de sa place », crie le professeur Kiéthéga sur le ministre Sawadogo. Exécution immédiate. La ronde continue. Les uns s’émerveillent du gigantisme du monument, les autres, de la qualité architecturale de l’œuvre. Tous s’interrogent.

Les regards se tournent vers l’archéologue. Les questions fusent : « Qui sont les bâtisseurs des ruines » ? « Quelles ont été leurs fonctions » ? « A quelles dates ont-elles été construites » ? Aucune réponse à l’heure à l’état actuel des connaissances sur ces mystérieuses ruines appelées Kpokayaga, « maison du refus » en langue lobi.

« Seules des fouilles archéologiques approfondies et des analyses au laboratoire des objets retrouvés pourront permettre de donner réponses à toutes ces questions », se ruine à répéter le professeur. Des études archéologiques dont l’absence dans le premier dossier d’inscription a valu au Burkina le renvoi de son projet visant l’éligibilité de son plus célèbre monument dans le patrimoine de l’humanité.

Le sera-t-il en 2009, dernier délais accordé par l’UNESCO ? « Pour moi, UNESCO ou pas, il faut que demain nous ayons des pistes qui conduisent sur Loropéni. Montrer le monument aux Burkinabè, cela est plus important que la reconnaissance nationale. Nous ferons ce que nous voulons d’abord mais pas ce que les autres veulent. Réponse du ministre Filippe Sawadogo à une question sur le manque de moyens de l’équipe scientifique chargée de la réintroduction du dossier à l’UNESCO.

Avant de regagner Ouagadougou, la délégation s’est rendue à Obiré (village gans) où elle a eu un bref entretien avec le chef traditionnel avant de visiter le sanctuaire des rois, maisonnettes abritant des statuettes représentant les anciens souverains gans.

Alain Saint Robespierre

L’Observateur

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Dédougou : Le festival des masques signe son retour
Burkina / Musique : Patrick Kabré chante Francis Cabrel