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Boukary Kaboré dit “Le lion” : “15 octobre 1987, j’ai perdu un ami”

Publié le lundi 8 octobre 2007 à 13h05min

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Le 15 octobre 1987 rappelle bien des souvenirs au commandant à la retraite Boukary Kaboré dit “Le lion”, 20 ans après. Il en a évoqué certains depuis le village de Makognandougou dans la province du Houet où Sidwaya l’a rencontré le 6 octobre 2007.

Pour ce membre fondateur du Conseil national de la Révolution (CNR) qui se présente actuellement comme “ officier, agriculteur, éleveur ”, le 15 octobre rappelle un même événement, “ mais le hic, c’est que chez Blaise Compaoré, c’est une logique de fête tandis que c’est une logique de deuil chez ceux qui se souviennent de l’assassinat de Thomas Sankara ”, précise-t-il.

Et de se positionner en ces termes : “ Je suis pour le deuil parce que le 15 octobre 1987, j’ai perdu un ami ”, même s’il comprend ceux qui tiennent à célébrer avec faste cette date qui, pour lui, marque la “ mort de la Révolution au Burkina ”. “ Le 15 octobre reste pour moi un jour de tristesse ”. Aussi, dit-il : “ Il ne faut pas trouver des idées floues pour occulter des funérailles ”. L’avènement du 15 octobre 1987 est, selon lui, le dénouement d’une crise émaillée de contradictions amères au sein du CNR et de problèmes de personnes surtout. “

Chacun voulait se positionner, militaires comme civils parce que des gens avaient créé la zizanie entre nous ”, se rappelle Boukary Kaboré qui ajoute : “ J’étais de la sécurité et je savais que ça n’allait pas. On a fait des réunions pour corriger cela, mais en vain ”. Tout cela bien que déjà sous le Comité du salut du peuple (CSP), “Nous nous étions entendus pour que ce soit Thomas Sankara qui prenne le pouvoir parce que lui au moins, avait fait ses preuves en tant que Premier ministre”.
Il affirme même que : “C’est quand le CNR a voulu marquer un temps d’arrêt que les événements du 15 octobre 1987 sont survenus”.

Ce temps d’arrêt aurait permis la réintégration des dégagés et un meilleur encadrement des membres des Comités de défense de la Révolution (CDR) puisque, dit-il, “Chacun peut s’égarer et ce sont nos insuffisances qui ont entraîné le mauvais traitement et les exactions des CDR ”. “C’est cette volonté de correction qui a été qualifiée de déviation qu’il fallait rectifier ”. En d’autres termes, on n’a pas permis au CNR de marquer ce temps d’arrêt pour repartir d’un meilleur pied en corrigeant certaines erreurs que “ Le lion ” assume en tant que membre actif de l’équipe dirigeante d’alors. Mais il affirme que “ La Révolution n’a eu que quatre années d’existence, mais elle a permis au Burkina Faso de faire plus que 50 ans de progrès ”.

A ceux qui soutiennent que Boukary Kaboré est entré en rébellion, celui-ci répond : “ Je n’ai jamais été en rébellion et je ne le ferai jamais parce que je suis un pacifiste ”. A propos des événements du 27 octobre 1987 qui ont vu “ le reste de l’armée entrer à Koudougou ”, l’homme soutient "qu’on a simulé des combats ”.Il dit n’avoir pas voulu réagir à cette attaque, avec néanmoins ce bémol à certaines affirmations : “ En tant que commandant du BIA (ndlr : Bataillon d’intervention aéroportée), si j’avais ordonné à mes éléments de se battre et même d’aller à Ouagadougou, ce serait le carnage ”. “ Le lion ” dit avoir préféré s’éloigner en rejoignant le Ghana voisin avant de revenir au pays en 1991.

Urbain KABORE

Sidwaya

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