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Coopération UE-Burkina Faso : Dans deux ans, les noces d’or !

Publié le vendredi 12 octobre 2007 à 08h14min

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Blaise Compaoré et l’ancien président de la Commission européenne, Romano Prodi

En 2009, cela fera 50 ans que durent les relations entre le Burkina Faso (la Haute Volta d’alors) et l’Union Européenne (la Communauté économique Européenne d’antan). Les relations ont été marquées par plusieurs moments forts. Ainsi, les 13 et 14 novembre 2003, le président de la Commission européenne, M. Romano Prodi (aujourd’hui Chef du gouvernement Italien) a effectué une visite de travail au Burkina Faso.

Son séjour lui a permis de visiter le barrage de Ziga. L’UE y a contribué à hauteur de 14 millions d’Euros. Le 16 novembre 2006, c’était autour de Blaise Compaoré de s’entretenir avec le Président de la Commission de l’Union Européenne, José Manuel Barroso, lors des Journées européennes du développement organisées à Bruxelles. Il y a aussi eu la visite du Commissaire européen Louis Michel en charge du développement et de l’aide humanitaire, en mars 2006. A cette occasion, il a lancé la programmation au titre du 10ème Fonds Européen de Développement (FED) avec l’ensemble des ordonnateurs nationaux de l’Afrique de l’Ouest, ainsi qu’avec L’UEMOA et la CEDEAO.

La coopération UE-Burkina Faso est axée sur les secteurs traditionnels de concentration. Il s’agit de l’appui au cadre macroéconomique à travers l’aide budgétaire pour la réduction de la pauvreté, la modernisation des secteurs des infrastructures (routes principalement), le développement rural et la sécurité alimentaire, l’eau et l’assainissement, la protection de l’environnement. La coopération s’oriente depuis quelques années déjà vers de nouveaux domaines comme ceux de la filière coton, de l’appui à la bonne gouvernance, à la société civile et plus récemment à l’énergie. Il est aussi question de renforcement des capacités des entreprises pour permettre d’améliorer la productivité et la compétitivité de l’économie, de la mise en place d’un accord de partenariat économique.

La coopération entre le Burkina Faso et l’Union Européenne s’exécute dans le cadre global du partenariat UE - ACP (Afrique - Caraïbes - Pacifique). La diplomatie burkinabè prend une part active dans les négociations avec l’Union européenne. L’UE est un partenaire au développement de tout premier plan pour le Burkina du point de vue du volume d’aide. La bonne exécution des programmes et des ressources allouées a permis à la coopération entre l’Union européenne et le Burkina Faso de se consolider. Le Burkina a ainsi reçu pour la mise en œuvre de son programme indicatif national des fonds considérables. A titre d’exemple, le 9e Fonds européen de développement (FED) qui couvre la période 2001-2007, a mis à la disposition du Burkina Faso une enveloppe initiale de 275 millions d’Euros, La revue à mi-parcours de la coopération financière dans le cadre du 9è FED a eu lieu en 2005 et la revue en fin de parcours en mai 2007.

Ces revues ont permis d’évaluer la stratégie de coopération et le Programme indicatif national (PIN) du Burkina Faso et de constater les performances réalisées par le pays. Ces résultats ont valu au Burkina de bénéficier de ressources complémentaires pour la mise en œuvre de son programme. Le 9è FED a ainsi été porté à 456 millions d’Euros. Pour le 10e FED qui s’exécutera de 2008 à 2013, l’enveloppe financière initiale représente environs un demi milliard d’Euros soit le double de celle du 9è FED. Les lignes directrices pour la programmation du 10e FED reposent essentiellement sur le Cadre stratégique de lutte contre la Pauvreté du Burkina, la concentration de l’aide dans un nombre plus limité de domaines pour être plus efficace.

Dans la logique du 9è FED, le ministre de l’Economie et des Finances Jean Baptiste Compaoré a procédé le 24 août 2007 à la signature d’une convention avec l’ex Chef de la délégation de la Commission Européenne au Burkina Faso, Sari Suomalainen dans le cadre du Programme d’appui budgétaire pour la réduction de la pauvreté 2005-2008. L’Union européenne augmente ainsi son soutien au Burkina Faso d’un montant de 2,5 millions d’Euros, soit 13,447 milliards F CFA. L’ appui budgétaire pour la réduction de la pauvreté 2005-2008 passe ainsi de 166 500 000 euros à 187 000 000 euros soit 122,663 milliards F CFA. Les ressources prévues au titre du 10e FED pour la période 2008-2013 se chiffrent à titre indicatif à 423 millions d’euros, soit environ 277,5 milliards de F CFA. A ce montant s’ajoutera un montant incitatif pour la bonne gouvernance compris entre 10% et 30% de l’allocation de base. Le montant sera basé sur une analyse de la gouvernance au Burkina Faso et des engagements en la matière, du gouvernement.

Des interventions ciblées

En plus de l’appui budgétaire pour la réduction de la pauvreté, les transports, l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement, L’Union Européenne intervient également au niveau de la justice, du secteur privé, de la culture, des acteurs non étatiques. Au niveau de la justice, l’UE finance depuis 2002 le Programme d’appui à la consolidation du processus démocratique, l’Etat de droit et la bonne gouvernance (PADEG), d’un montant global de 18 millions d’euros(11,8milliardsFCFA). A travers ce programme, de nouveaux palais de justice ont été construits, des magistrats et personnels judiciaires formés, des bibliothèques juridiques créées. Des ouvrages juridiques ont également été publiés.

En outre, 56 associations et institutions ont bénéficié du Fonds d’appui à l’Etat de droit (FAED), partie intégrante du PADEG, en vue de développer des actions de promotion du droit et de la justice auprès des populations. Concernant le secteur privé, l’Union Européenne intervient à travers les activités du Programme de renforcement des capacités des entreprises (PRCE) d’un montant de 06 millions d’euros (3,9milliards FCFA). Du côté culturel il y a eu le Programme de soutien au initiatives (PSIC) ; dont la phase 02 s’est achevée en 2005. Le PSIC a permis un réveil culturel caractérisé par de nombreuses initiatives de promotion des artistes et des identités culturelles locales. D’autres appuis au secteur de la culture sont actuellement en cours de réalisation avec des actions dans le domaine du cinéma (appui aux éditions 2005 et 2007 du Fespaco et du Centre National de Cinématographie) et des Arts vivants avec le Programme Cadre d’appui au secteur de la culture (PASC) actuellement en phase de lancement.

Au niveau des acteurs non étatiques, un programme de renforcement des capacités des organisations de la société civile (PROS) est en préparation. Sa dotation est de 15 millions d’euros soit 9,8 milliards FCFA. En plus des programmes financés par le FED, le Burkina bénéficie également de financements provenant du budget général de l’Union Européenne dans des domaines tels que la sécurité alimentaire et les cofinancements avec les ONG. Cela représente environs 5 milliards FCFA/an. Pour ce qui est des Accords de Partenariat Economique (APE) contestés par de nombreux producteurs africains, l’UE s’engage à faire en sorte que ces APE, et l’APE UE/ Afrique de l’Ouest en particulier, soient centrés sur la question du développement afin de garantir des conditions commerciales préférentielles pour les pays ACP, tout en respectant les obligations de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), dont le Burkina est membre.

Attentes et perspectives

Au Burkina Faso, la stratégie de réduction de la pauvreté formulée en 2000 et révisée en 2003 tire ses fondements de la lettre d’intention de politique de développement humain durable et de l’étude nationale « prospective Burkina 2025 ». Cette stratégie rappelle l’urgence de s’attaquer à la pauvreté de façon structurelle. Pour l’atteinte d’un tel objectif, L’UE estime que la dynamique de l’intégration régionale permettra au Burkina de mieux s’insérer dans le processus de mondialisation. Le pays devrait pour se faire poursuivre les politiques macroéconomiques de qualité en vue de réaliser une croissance forte, durable et mieux repartie, accroître et améliorer la qualité des dépenses publiques, renforcer le processus de décentralisation et les actions de modernisation de l’administration publique.

Pendant le séminaire de programmation tenu à Ouagadougou en mars 2006, le commissaire Européen en charge du développement et de l’aide humanitaire, Louis Michel a posé les bases du 10è FED dont bénéficieront les pays ACP pour la période 2008-2013. Pour le Burkina Faso, les analyses montrent que cette coopération pourrait avoir des avantages dans la poursuite de l’appui macroéconomique pour la réduction de la pauvreté, des investissements en matière d’infrastructures de base (transports, eau/ assainissement, énergie) de l’intégration régionale, de la promotion de la bonne gouvernance... Si la coopération est saluée de part et d’autre, il reste que l’Union Européenne est rattachée aux valeurs démocratiques.

Le 02 août 2006, à Bruxelles, la Présidence de l’UE a fait la déclaration suivante : « L’Union européenne exprime sa préoccupation suite au dépôt au Greffe de grande instance de Ouagadougou du dossier de l’affaire Norbert Zongo. L’Union européenne estime que l’élucidation de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, et de ceux qui l’accompagnaient le 13 décembre 1998, reste d’une importance fondamentale pour le respect des Droits de l’Homme et de l’Etat de droit au Burkina Faso. Aussi, l’Union européenne encourage-t-elle les autorités judiciaires à poursuivre vigoureusement l’instruction du dossier pour que justice puisse être rendue dans cette affaire. Elle lance également un appel au gouvernement du Burkina Faso pour faciliter toute activité des autorités judiciaires pour l’instruction du dossier et favoriser la manifestation de la vérité. »

Arsène Flavien Bationo (bationoflavien@yahoo.fr)
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