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Le Premier ministre Tertius Zongo face à l’Assemblée nationale : “Le ciel devrait être la seule limite à nos rêves et à nos actions”

Publié le vendredi 5 octobre 2007 à 08h48min

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Tertius Zongo

Le chef du gouvernement burkinabè a passé, jeudi 4 octobre 2007 à Ouagadougou, son premier test devant l’Assemblée nationale en prononçant sa Déclaration de politique générale. Face à une centaine d’élus de la Nation, il a dévoilé son plan pour le bien-être des populations, le renforcement d’un Etat démocratique et l’émergence économique du Burkina Faso.

“Que Dieu bénisse le Burkina Faso”. Une formule certainement peu consacrée à la clôture d’un discours au pays des Hommes intègres. Pourtant, cette prière a constitué la dernière phrase de la “Déclaration de politique générale” (DPG) prononcée, jeudi 4 octobre 2007 à Ouagadougou par le Premier ministre Tertius Zongo devant l’Assemblée nationale. Rappelant du coup son long séjour au pays de l’Oncle Sam (les Etats Unis-d’Amérique), avec la fameuse requête à Dieu “God bless America” et révelant sa foi en l’avenir, “les grands défis à relever pour réaliser le développement du Burkina Faso”. “Le ciel devrait être la seule limite à nos rêves et à nos actions”, a confié Tertius à la centaine de députés à son écoute pour la première fois depuis sa nomination le 4 juin 2007 par le président du Faso comme le cinquième chef du gouvernement de son régime et de la IVe République. “A travers les élus, c’est le peuple burkinabè tout entier qui attend de votre déclaration, les repères pour conduire le programme de développement du président Blaise Compaoré”, a expliqué le président de l’Assemblée nationale, Roch Marc Christian Kaboré.

En présence des membres de son gouvernement, de présidents d’institutions et de plusieurs personnalités d’horizons divers (corps diplomatiques, partenaires au développement, organisations internationales), le Premier ministre s’est soumis aux dispositions de l’article 109 de la loi fondamentale, de 16h 12 mn à 17h 42 mn, soit 1h 30 mn, ou 90 mn, le temps d’un match de football, celui aussi d’une adresse à des parlementaires entrecoupée par des gorgées d’eau et des applaudissements.

Contrairement au discours sur la situation de la Nation, la DPG ne donne pas lieu à des questions. En rendant hommage à son prédécesseur Paramanga Ernest Yonli dont l’action a permis au Burkina Faso d’atteindre de bons résultats dans les domaines économique, politique et social en dépit d’un contexte mondial difficile, Tertius Zongo a inscrit l’action de son équipe dans la continuité sous le signe de la rigueur, de l’audace et de la créativité : préserver les acquis, améliorer la croissance et lancer des chantiers ambitieux de développement.

“Le Burkina Faso n’a pas à rougir de ses performances, au demeurant remarquables : presque 6% de taux de croissance réelle par an depuis dix ans ! La pauvreté a reculé de 46,4% en 2003 à 40,8% en 2006 grâce aux effets cumulés de cette embellie économique, notamment la production-record du coton et des céréales”, a relevé le chef du gouvernement. Il a rappelé que le Burkina Faso dispose d’atouts réels pour prendre “une belle revanche sur son destin” en donnant une leçon d’un sursaut national vers le progrès à ceux qui ont toujours cru à son statut “d’un pays des plus pauvres du monde”.

Ainsi, le Premier ministre a invité ses concitoyens à ne pas dormir sur leurs lauriers et à saisir toutes les opportunités pour se frayer un chemin serein leur assurant un avenir radieux. “L’autosatisfaction n’est cependant pas une affaire burkinabè”. Si nous ne devons pas faire la fine bouche sur les performances de notre pays, nous devons également regarder l’avenir en face, les yeux grands ouverts et l’esprit clair. (...). Car en dépit de nos progrès indéniables, le chemin qui reste à parcourir nous impose à tous beaucoup de modestie”, a conseillé Tertius Zongo.

Ce langage relativisant la bonne marche de son pays vers le progrès traduit les points d’ombre observés par l’actuel Premier ministre : la pauvreté n’a pas encore reculé comme il serait souhaitable, des millions d’enfants souffrent encore de maltrinution, la structure de l’économie nationale n’a pas changé depuis un demi-siècle,le secteur industriel subit toujours les coûts excessifs des facteurs de production et de l’étroitesse du marché national, la qualité et la quantité insatisfaisantes des infrastructures, des systèmes éducatif et sanitaire demeurant inefficaces. A toutes ces entraves à un réel décollage économique et social, Tertius Zongo a ajouté les effets pervers du chômage, la situation peu reluisante des femmes, le difficile accès au système judiciaire, la persistance de la corruption et de la fraude, des services publics peu optimaux...

L’optimisme du nouvel architecte

Conscient de tous ces défis, le Premier ministre a bâti sa stratégie d’actions autour de quatre orientations : l’édification d’une économie ouverte et compétitive, porteuse de qualité et d’emplois, la création de conditions d’épanouissement et la valorisation du capital humain, le renforcement de l’autorité de l’Etat et la promotion d’une gouvernance partagée, le rayonnement international du Burkina Faso et de son leadership dans le concert des Nations. Inspirée du programme quinquennal “Le progrès continu pour une société d’espérance” du président Blaise Compaoré, cette belle maquette entend, par sa construction sur le terrain, accroître les indicateurs de développement et jeter les jalons d’une nation prospère.

Tertius Zongo a convié toutes les forces vives de la Nation à apporter leur contribution à l’œuvre commune. “L’Etat peut initier, accompagner, réguler, encourager et stimuler le processus de croissance économique, mais il ne saurait en être le seul acteur, ni même le principal protagoniste. L’Etat peut et doit jouer le rôle d’un interlocuteur privilégié, d’un arbitre, voire d’un entraîneur. Mais il ne saurait se substituer aux acteurs majeurs que sont les ménages et les entreprises”, a-t-il signifié. Le Premier ministre a assuré que son équipe va tout mettre en œuvre pour donner à chaque Burkinabè et aux acteurs de développement les gages d’une franche participation à la concrétisation de sa politique générale.

Il a énuméré, secteur par secteur (de l’éducation au dévelopement rural), les actions qui seront entreprises pour améliorer l’environnement économique, asseoir une culture démocratique, assurer l’épanouissement au Burkina Faso. De grands chantiers de développement dont les fruits sont attendus à l’horizon 2010 ou 2015 vont permettre d’atteindre ces objectifs ambitieux : parvenir à un taux de croissance encore plus élevé que les 6% de la dernière décennie, réaliser les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) notamment en réduisant le taux de pauvreté à 35% en 2015 et s’orienter à moyen terme vers une croissance à deux chiffres, seule capable de réduire substantiellement le chômage.

Pour ce faire, le Premier ministre Tertius Zongo a demandé à ses concitoyens d’avoir confiance en eux-mêmes et de se tenir prêts pour le sacrifice du développement : “Au Burkina Faso, même si nous n’avons pas de pétrole, nous avons des matières premières bien plus importantes encore : les femmes et les hommes, c’est-à-dire la matière grise, et la foi en notre capacité à maîtriser notre destin”.

Jolivet Emmaüs
joliv_et@yahoo.fr
Ali TRAORE
traore_ali2005@yahoo.fr


Les présidents des groupes parlementaires apprécient

A l’issue de la Déclaration de politique générale de Tertius Zongo, les présidents de trois groupes parlementaires et un représentant du CDP, parti majoritaire à l’Assemblée nationale, donnent leur point de vue. Des Sankaristes au parti majoritaire, en passant par la mouvance présidentielle et l’opposition modérée, chacun y va de son jugement...

Diomdioda Amadou Dicko, président du groupe parlementaire CFR, (mouvancier...) : “C’est une déclaration de politique générale qui a fait tout le tour de la vie socioéconomique et politique de notre pays. Rien a été laissé. Le gouvernement a promis de tout mettre en œuvre pour un changement qualitatif et quantitatif. Cependant, à travers cette déclaration, le gouvernement n’a pas dit que tout est bon dans le pays. Il s’est donc engagé à apporter un grand changement dans le sens de l’amélioration de la vie nationale en mettant l’accent sur le monde rural, la jeunesse et les femmes. Pour ma part, les actions annoncées sont réalistes. Comme le dit le Premier ministre, il s’agit d’une question de volonté, que le Burkinabè croit en l’avenir et qu’il soit déterminé. Il ne faut pas être fataliste. Penser que le Burkina Faso est un pays pauvre et qu’on y peut rien, donc il faut attendre, nous ne serons plus un pays productif, mais uniquement un pays de consommateurs. C’est ça l’asservissement ! Je pense que cette déclaration nous invite à prendre conscience de notre état et à nous engager”.

Achille Tapsoba, député CDP, parti majoritaire : “Un gouvernement qui veut engager des actions énergiques de développement d’un pays comme le nôtre a besoin de tout le monde. Dans ce sens, je me mets au dessus de mon intérêt partisan pour dire que si le gouvernement actuel réussi le dialogue dont il parle, entre les différentes composantes de la classe politique et sociale, c’est déjà un pas de gagné. Pour se développer, il faut avoir la volonté de faire ensemble, d’aller ensemble et d’aboutir ensemble, sinon, il n’y a pas de développement”.

Maître Bénéwendé Stanislas Sankara, président du groupe parlementaire ADJ : “Le Premier ministre a englobé tous les aspects de la vie économique, sociale et politique du Burkina Faso. C’est un discours qui fait une projection à l’horizon 2015 et 2025. Ce qui veut dire à mon sens, que c’est un discours qui remplace plus ou moins le projet de programme du chef de l’Etat qui est “Le progrès continu pour une société d’espérance”. Peut-être que c’est une mise en œuvre, mais moi, je m’attendais beaucoup plus à un discours de politique générale annuelle, d’actualité qui aborde les questions essentielles des Burkinabè !

Bravo au Premier ministre, parce qu’il a mieux fait que le chef de l’Etat. C’est un discours à chaud qui aborde les problèmes, mais l’essentiel n’est pas de les évoquer, il s’agit plutôt de trouver des solutions à ce que l’ensemble des Burkinabè connaissent. Je pense que pour un économiste qui a bien lu le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté, ce n’est pas une innovation. Le Premier ministre même reconnaît que la situation économique du Burkina Faso n’a pas changé.
Je suis très content d’entendre Tertius Zongo dire que les Burkinabè doivent prendre eux-mêmes leur destin en main. Quand il cite un expert de la Banque mondiale pour dire qu’au Burkina ça va mieux, là, je ne suis pas d’accord avec lui. C’est nous qui sommes au Burkina et savons les réalités que vivent les populations, ce n’est pas à Washington ni à Paris”.

Idrissa Thiombiano, président du groupe parlementaire ADF/RDA : “Comme son nom l’indique, c’est une déclaration. Il s’agit pour nous de savoir de la part du gouvernement les intentions d’action et la meilleure connaissance de la mise à la disposition de l’Assemblée nationale de ses préoccupations. Nous serons là pour aider le gouvernement dans la mesure où nous sommes partie prenante à ce qui a été promis ou envisagé. Je pense que les actions annoncées sont réalistes. Il y a des actions qui ne pourront pas être réalisées, compte tenu du caractère humain de ces œuvres. Nous sommes conscients que ce qui a été identifié a été bien choisi et nous sommes prêts à aider le gouvernement dans ce sens, les années à venir. Que Dieu nous permette de voir la réalisation de tout ce qui a été annoncé”.

Jolivet Emmaüs
Ali TRAORE

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 6 octobre 2007 à 12:17, par Zizou En réponse à : > Le Premier ministre Tertius Zongo face à l’Assemblée nationale : “Le ciel devrait être la seule limite à nos rêves et à nos actions”

    Je felicite le Primo pour son discours plein de substance ! Mais, je dois attenuer cet enthousiasme par un realisme : on est habitue a ces discours ! Ces precedents y ont brilles ! Il a plus de realisme et de modestie que Yonli, certes, mais l’appreciation de ces discours resident dans la capacite de ceux qui les formulent a mettre en oeuvre leur contenu. On parle de croissance de 6% depuis des annees. Je ne demande pas la formule qui a produit ce resultat, mais, a la lumiere d’un constat, de toutes ses revendications sociales (cherte de la vie, augmentation des prix des produits de base, diminution du pouvoir d’achat, etc), je suis tente de m’inscrire en faux contre ces 6%, tant que c’est du meme Burkina qu’on parle. Parce que, 6% pour un pays qui a jette tout son devolu ces dernieres annees sur le cotton pour ensuite le regretter vu la valeur de se cotton sur le commerce mondial, c’est exceptionnel ! On devrait aussi etre la risee de plusieurs pays de la region, et notre classement au PNUD devrait nous faire plus sourire. Mais bon, on va permetter au Sieur Zongo de travailler, et on lui propose de revenir avec son discours devant les elus du peuple dans un an, jour pour jour, pour une evaluation.

  • Le 6 octobre 2007 à 20:30 En réponse à : > Le Premier ministre Tertius Zongo face à l’Assemblée nationale : “Le ciel devrait être la seule limite à nos rêves et à nos actions”

    Toujours le meme discours depuis 1987 : "le Burkina avance". Je regrette de dire que c’est faux. Je m’explique terre a terre. Le premier ministre dit que le taux de pauvrete est passe de 46,4% en 2003 a 40,8% en 2006. Ok ! Disons que cela est vrai et partons de la. Prenons une classe ou le trimestre passe le premier avait une moyenne de 18/20, l’avant dernier une moyenne de 7/20, et le dernier une moyenne de 6,5/20. Pour ce trimestre, le premier a 19,5, l’avant dernier 9/20, et le dernier une moyenne de 8/20. Est-ce-que monsieur le dernier peut se tapper la poitrine comme quoi il a avance ? Non ! Par rapport a quoi et a qui a t-il avancer ? C’est le cas de ma chere patrie.
    Le premier ministre a oublie de dire au peuple qu’au cours des 20 dernieres annees, le taux de pauvrete et d’alphabetisation ont dimunie presque de moitie a travers le monde. Il aussi omis de dire que les prix (de tout ce qui est necessaire) ont triple depuis et le pouvoir d’achat est reste le meme.
    Quand nous "avancons", n’oublions pas que le reste du monde fait plus. Donc nous reculons en fait par rapport a nos voisins et au reste du monde. Je n’ai rien contre le premier ministre, mais il a simplement choisi de cache la verite. Les chiffres sont disponibles si des gens comme les Yamyele-s’il est toujours vivant dans son ODP/MT en Haute-Volta- veulent s’engager dans une polemique unitile.
    I am sorry to say it, mais nous n’avons pas avance. Bien au contraire, nous avons recule.

  • Le 7 octobre 2007 à 11:27 En réponse à : > Le Premier ministre Tertius Zongo face à l’Assemblée nationale : “Le ciel devrait être la seule limite à nos rêves et à nos actions”

    Je ne vais pas m’atarder sur les intentions et ambitions egrainées par le PM pour son premier passage à l’AN mais plutôt relever un avantage qui est notamment les principes de transparence, bonne gouvernance, responsabilité et l’approche d’intervention par resultats sur lesquels le PM compte bâtir son action, toute chose qui nous permettra d’évaluer et de mieux situer les presponsabilités au moment du bilan. En plus comme monsieur le PM ne semble pas avare en interventions (parle beaucoup) et a meme deja beaucoup dit concernant la rigueur, la responsabilité, l’autocritique et le serieux (vertues oubliées par les gérants du pouvoir) qui devront dorenavant guider la gestion du destin du Burkina ; dans un an pour le premier exercice de bilan, j’ose croire que ces memes principes nous seront utiles pour voir son élan gouvernemental. Pour l’instant c’est le wait and see et souhaitons le bon courage !

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