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Norbert Tiendrébéogo, ancien CDR : "J’ai été sonné par l’assassinat de Thomas Sankara"

Publié le jeudi 4 octobre 2007 à 09h07min

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Norbert Tiendrébéogo

Le 15 octobre 2007 marque le 20e anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara et l’avènement au pouvoir de Blaise Compaoré . En prélude à cet évènement, nous avons rencontré un des acteurs de la Révolution d’août. Il s’agit de Norbert Tiendrebéogo, député de l’Union des partis sankaristes (UPS). Dans l’interview qui suit, il évoque son parcours sous la révolution et dit ce qu’il faisait le 15 octobre 1987.

"Le Pays" : Quels souvenirs gardez-vous de la période révolutionnaire ?

Norbert Tiendrébeogo : Dès le 5 août 1983, avec un camarade qui s’appelait Lambert, décédé malheureusement, nous nous sommes rendus auprès du capitaine Henri Zongo pour lui demander expressément ce que nous pouvions faire au niveau de Saint Léon, quartier dont le capitaine Zongo était natif. Nous avons bénéficié de ses conseils, et, immédiatement, nous sommes repartis dans les quartiers. Nous avons commencé à mettre en place les premiers comités de défense de la révolution des quartiers dits saints. Nous nous sommes organisés ainsi, et quelque temps après, nous avons formé un bureau dont la composition a été transmise à la direction des Comités de défense de la révolution (CDR). J’étais de ce fait élu 1er délégué du CDR des quartiers saints. Je suis resté jusqu’en 1984 où une directive du secrétariat général national des CDR faisait procéder à la mise en place des CDR de secteurs en lieu et place des CDR de quartiers. Le secteur 1 a connu les élections le même jour que tous les autres secteurs de la ville de Ouaga, et j’ai été élu délégué, contre un challenger que j’ai battu de très loin. C’est ainsi que je fis partie des premiers délégués de la ville de Ouagadougou. Je pense que nous avons fait du bon travail durant ces années-là jusqu’en 1986 où mon bureau a été démis par le secrétariat général national des CDR pour les travers que nous avions connus, pour les exactions que nos militants avaient commises. Moi-même, en tant que responsable , j’ai bien sûr été durement sanctionné, mais cela n’a nullement émoussé ma foi en la Révolution démocratique et populaire (RDP). J’ai continué de suivre les activités et d’avoir de l’admiration méritée pour le capitaine Thomas Sankara, le leader de la révolution.

Qu’avez-vous mené comme activités sur le terrain ?

Je me rappelle, entre autres, qu’en tant que délégué de secteur, j’ai eu à prendre la parole au nom des secteurs de Ouagadougou à la visite du président de la République arabe saharaoui démocratique (RASD) ; c’était au Mess des officiers, devant le président Sankara, le chef d’Etat saharaoui, et toutes les personnalités du Conseil national de la révolution (CNR). Cela a été un grand moment pour moi . Je dois dire que j’ai également beaucoup travaillé avec le haut-commissaire de l’époque, l’actuel député Mahama Sawadogo. C’était une période très faste pour nous. Nous pensons avoir contribué à l’avancée de la RDP, notamment à travers les veillées-débats que nous organisions au profit de nos militants, et à travers des assemblées générales.

Au secteur 1, nous ne pouvions pas faire 2 semaines sans assemblée générale qui voyait la participation de toutes les couches sociales : les vieux apportaient leur coup de main, les vieilles étaient là, la jeunesse était plus rassemblée dans la cellule militaire. En tout cas , il faut dire que c’est un secteur qui vivait intensément, d’autant plus qu’il n’y avait pas les lotissements. C’est pour dire que les uns et les autres apportaient leur pierre sans arrière-pensée, sans calcul mesquin. Je voudrais également dire qu’au cours de cette période, même avant la création des secteurs, j’ai été avec certains camarades de l’époque tels que Mahamadi Kouanda, Martin Ilboudo et un autre de Larlé, membre fondateur de l’inter CDR. L’idée au départ était de pouvoir nous entraider dans les travaux d’intérêt commun qui se déroulaient dans nos différents quartiers. C’était également d’organiser ensemble des veillées-débats pour la conscientisation de nos militants.

Mais, tout de suite, l’inter CDR a pris une dimension nettement plus grande ; l’aspect politique allait nettement au-delà des aspects purement matériels, organisationnels dont je parlais tantôt. Nous avons ensuite restructuré l’inter CDR en mettant en place un bureau composé d’un président, d’un vice-président, d’un responsable à la sécurité, d’un responsable à la communication, etc. J’étais responsable à la sécurité jusqu’à l’élection des secteurs où, contre l’avis de Kouanda qui se croyait tout-puissant, je me suis présenté au secteur 1 et j’ai battu son poulain. Cela a amené des embrouilles entre nous, et j’ai quitté l’inter CDR. Voilà, grosso modo, ce que j’étais pendant les 4 ans de révolution.

Où étiez-vous le 15 octobre 1987

Le 15 octobre 1987, nous étions en séance de sport. A l’époque je travaillais à l’Union révolutionnaire de banques (UREBA). Lorsque j’ai entendu les coups de feu, j’ai immédiatement enfourché ma mobylette et j’ai pris le chemin de la présidence. C’est arrivé au niveau de l’actuelle DGPN, la sûreté, que j’ai croisé un de mes collègues de service qui m’a dit que c’était Thomas et Blaise qui se réglaient leurs comptes. J’avoue que j’ai été sonné sur place ; j’ai garé ma mobylette du côté de la voie qui mène à l’entrée principale de l’hôtel Indépendance. J’ai réfléchi un moment avant de reprendre le chemin de l’UREBA. Bien sûr, il n’était plus question de faire du sport ; j’ai pris mes effets et je me suis rendu au secteur 1.

Là, j’ai vu que les CDR n’avaient pas pris d’armes ; du reste, toutes les armes avaient déjà été retirées des mains des CDR. Alors, j’ai compris que cela faisait partie du complot parce que depuis 3 à 4 ans, les CDR avaient toujours été armés, et brusquement on a vu qu’à un moment donné on a retiré les armes des permanences, et les responsables de la sécurité ont été convoqués au secrétariat général national des CDR. Comment voulez-vous que les militants puissent s’organiser si leurs premiers responsables sont convoqués. Je me suis retrouvé à la maison où j’ai reçu plusieurs camarades, et nous avons commencé à réfléchir sur la question jusqu’aux environs de 19 h. C’est là que les premières injures ont commencé à fuser à la radio, et nous avons compris que c’était très grave.

Propos recueillis par Gontran ZOUNGRANA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 4 octobre 2007 à 10:06 En réponse à : > Norbert Tiendrébéogo, ancien CDR : "J’ai été sonné par l’assassinat de Thomas Sankara"

    ET LA SUITE ??????

  • Le 4 octobre 2007 à 12:40, par LIBRE PENSEUR En réponse à : > Norbert Tiendrébéogo, ancien CDR : "J’ai été sonné par l’assassinat de Thomas Sankara"

    On n’a rien compris du sens de cette interview ! le 15 octobre 87 ? le fonds et même la forme et des questions et des réponses est nul. Soit vous voulez dire quelque chose aux lecteurs, soit vous leur collez la paix !

    Vive la commémoration de l’assacinat du guide de la révolution Burkinabè.

    Donnez-nous un vrai programme de cette commémoration au lieu de nous servir des textes vides de sens. Le citoyen Lamda n’est pas bien informé du déroulement des activités du 20è anniversaire de la mort de celui qui aimait son peuple ; fut-il un "peuple mouton" comme on le constate aujourd’hui.

    La patrie ou la mort, nous vaincrons !

  • Le 4 octobre 2007 à 18:02, par Yac En réponse à : > Norbert Tiendrébéogo, ancien CDR : "J’ai été sonné par l’assassinat de Thomas Sankara"

    Bonjour, je voudrais remercier Mr Tiendreogo et la rédaction qui nous permettent de revivre les dernières heures de la RDP, ce genre de témoignages s’ils étaient complèts pourraient constituer une leçon d’histoire pour les générations qui n’ont pas connu cette riche période de la RDP. La revolution burkinabê et ses apports sociaus, econonmiques, politiques et culturels devrait être abordé dès l’école primaire. Ainsi la génération post-revolutionaire se consolérait en se disant que leur pays a connu une meilleure image qu’aujourd’hui, que des hommes honnêtes, modestes et qui ont mêmé une vie utile pour leur peuple ont existé aussi au Burkina, mais surtout que l’espoir est encore permis.

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