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Evénements du 15 octobre 1987 : Blaise Compaoré a eu tort de...

Publié le mardi 2 octobre 2007 à 08h37min

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La polémique n’est pas prête de s’arrêter sur l’interprétation à donner aux événements qui ont eu lieu le 15 octobre 1987. Vingt ans après, elle continue de plus belle et nous donne une parfaite illustration de l’impossible unanimité d’opinion sur les contingences de l’histoire surtout quand elles concernent des faits politiques majeurs.

Par exemple, aujourd’hui encore, il se trouve des Allemands et des non-allemands pour exprimer des nostalgies dangereuses sur le régime d’Adolphe Hitler.
Que l’Allemagne réunifiée, démocratique et pluraliste soit devenue une puissance mondiale, plus respectée en tout point de vue que celle nazie, auréolée de ses plus grandes conquêtes militaires, n’y fait rien. Il y a encore quelques irréductibles qui rêvent de reconstruire le Reich aux couleurs et au goût hitlériens. Plus près de nous, en Ethiopie et en Guinée Conakry, il y a des nostalgiques du Derg Rouge et des partisans de la Révolution à la Sékou Touré.

En Afrique du Sud aussi, Peter Botha et autres théoriciens et bourreaux du système d’apartheid ont leurs velléitaires. On n’y peut rien. Des goûts et des couleurs, gardons-nous de discuter, dit la sagesse populaire. Mais je vois déjà s’agiter mes contempteurs. « Qu’a-t-il à comparer Thomas Sankara à Hitler, à Mengistu Haïlé Maryam, à Sékou Touré ou à Peter Botha...C’est méconnaître l’homme, c’est le méjuger, salir sa mémoire », etc. Ils aimeraient mieux s’ils ne le font eux-mêmes déjà, qu’on compare le hérault ou le héro, c’est selon, de la révolution burkinabè à Patrice Lumumba, à Kwamé N’Krumah et pourquoi pas à Nelson Mandela.

L’adulation, surtout post mortem, a le péché mignon de bâtir des mythes sur des modèles prêt-à-porter historiques. C’est connu, ce n’est pas bienséant de dire du mal de la vie des morts. C’est ainsi que Sékou Touré, Mengistu Haïlé Maryam n’ont pas eu la chance de perdre le pouvoir et la vie dans les premières années de leurs errements de petits dictateurs aux petites idées mais à la grande gueule. Ils ont eu plus de temps pour se faire démystifier dans leur phraséologie creuse tandis que les déboires actuels de leurs pays restent la meilleure indication de la petitesse de leur génie politique.

Blaise Compaoré a eu tort de n’avoir pas été tué par Thomas Sankara et ses dévots hommes de main à la réputation sulfureuse comme Vincent Sigué. Le Burkina aurait eu son Diallo Telli, l’ancien bras droit de Sékou Touré, brillant diplomate, premier secrétaire général de l’OUA, mort de faim et de soif en prison, sur ordre de celui que toute l’Afrique, que dis-je, tout le tiers monde admirait au soir du 28 septembre 1958.

Blaise Compaoré a eu tort d’avoir eu des lieutenants fidèles et courageux ce 15 octobre 1987, sinon le Burkina aurait eu son Haïlé Sélassié, le père de l’Ethiopie moderne. Il fut assassiné par les sbires du bouillant capitaine Mengistu Haïlé Maryam un an après la proclamation de leur révolution. La suite, on l’a connaît. On a vu ce que le régime pur et dur, panafricaniste et tiers mondiste, on dira, aujourd’hui alter mondialiste, a fait de l’Ethiopie en 16 ans (1974-1991) de régime marxiste-léniniste.

Alors évitons « le sentimentalisme sans bornes » et la culpabilisation rapide du père de la renaissance démocratique au Burkina, d’autant plus que, comme il l’a dit lui-même, le 19 octobre 1987, « l’accélération de l’histoire fait souvent défiler les évènements à une allure telle que la maîtrise par l’homme des faits devient impossible, rendant celui-ci artisan de situation non désirée ». Si ce n’est pas une autocritique sur les pertes de vies humaines y compris celle du président Thomas Sankara le 15 octobre 1987, ça y ressemble beaucoup. Ce n’est pas votre avis ?

Djibril TOURE

L’Hebdo

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Vos commentaires

  • Le 2 octobre 2007 à 11:11, par Père Jacques Lacour En réponse à : > Evénements du 15 octobre 1987 : Blaise Compaoré a eu tort de...

    Je ne connais pas Monsieur Djibril TOURE, et je ne sais comment il a vécu la révolution au Burkina, ni comment il a vécu l’assassinat de Sankara, ni comment il vit la période actuelle...
    Ayant été témoin de ces années là, je m’étonne qu’il y ait si peu de nuances dans ses propos. Ce n’est probablement pas ainsi qu’un bilan pourra être fait de cette période là... et de celle qui lui a succédé !

    des raccourcis tels que : "On a vu ce que le régime pur et dur, panafricaniste et tiers mondiste, on dira, aujourd’hui alter mondialiste, " montre le peu de culture politique de l’auteur qui fait là des amalgames qui m’étonnent de la part d’un "journaliste"
    Avec mes salutations les plus respectueuses.
    Père Jacques LAOUR

    • Le 7 octobre 2007 à 00:36, par Socra En réponse à : > Evénements du 15 octobre 1987 : Blaise Compaoré a eu tort de...

      "Blaise Compaoré a eu tort de n’avoir pas été tué par Thomas Sankara et ses dévots hommes de main à la réputation sulfureuse comme Vincent Sigué. Le Burkina aurait eu son Diallo Telli, l’ancien bras droit de Sékou Touré, brillant diplomate, premier secrétaire général de l’OUA, mort de faim et de soif en prison, sur ordre de celui que toute l’Afrique, que dis-je, tout le tiers monde admirait au soir du 28 septembre 1958."

      Pas évident de suivre ce type de raisonnement... Où veut-on aboutir ?... Le peu de nuance, le manque de preuves(visiblement pas d’enquête ménée) et l’amalgame des faits historiques n’èlèvent guère les qualités journalistiques du sieur TOURE. Il a décidé de donner votre opinion comme madame et monsieur tout le monde et il en a bien le droit.

      Mais si c’est en journaliste, je lui propose une piste de travail qui va dans le sens de son point de vue. "Il avait des tensions certes mais voulait-on en arriver là ? Et si ce ne fût qu’un "accident" C’est d’ailleurs ce que M. Blaise COMPAORE a toujours soutenu ! Selon "Le lion" c’est ce que celui-ci lui aurait dit au soir des évènements : << J’ai envoyé mes hommes arrêté Thomas et il y a eu des fusillades et il a été tué...>> Et si Blaise COMPAORE a agit effectivement en légitime defense alors qu’il n’avait pas véritablement de coup contre lui au soir du 15 octobre à 20h ? On a quelque fois entendu parlé d’un lieutenant qui aurait donné des infos ou ordres... de quel lieutenant s’agit-il ? Qui était les hommes de confiances de Blaise à l’époque, qui avaient le grade lieutenant ? Et si c’est ce dernier qui a tout manigancé ? Pourquoi ? le mobile en d’autres termes... "

      Que tout ce que ont des informations sur ces questions les partage pour les besoins de l’Histoire car ce lieutenant a trop vite quitté la scène. Il y a des acteurs clefs qui l’Histoire élide quelque fois.

  • Le 2 octobre 2007 à 11:19, par Paris rawa En réponse à : > Evénements du 15 octobre 1987 : Blaise Compaoré a eu tort de...

    Dommage que ce soit seulement au dernier paragraphe que Monsieur TOURE esqisse un regard critique sur les paroles et actes de Blaise COMPAORE alors que le reste de l’article se perd dans de la comparaison sans grand intérêt de divers évènements historiques. Y a-t-il besoin de démontrer que les clans ennemis ne se mettrons jamais d’accord sur la manière de relire l’histoire qui les oppose ? Par contre, les citoyens burkinabè non partisans seraient intéressés d’avoir des analyses plus critiques sur ce qui s’est passé (la réalité des faits, les acteurs et leurs motivations, les acquis et les erreurs du systèmes, les succès et les occasions manquées, les mérites et les torts de Sankara et de Blaise...). La vérité libère !

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