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Pêche sur les plans d’eau de Ouagadougou : En attendant le retour du gros poisson

Publié le lundi 1er octobre 2007 à 07h22min

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Après chaque pluie, un spectacle attire du monde sur le pont du barrage n°3. Une partie de pêche se déroule au niveau des déversoirs du barrage. De nombreux pêcheurs professionnels et amateurs s’y retrouvent pour pêcher. Les filets et les cannes à pêche s’accrochent, donnant lieu à un spectacle qui satisfait la curiosité des badauds.

Après chaque pluie, des dizaines, voire des centaines de personnes s’agglutinent sur le pont du barrage n°3. Les passants font des haltes pour regarder des pêcheurs capturer du poisson au niveau des déversoirs du barrage. Deux types de pêcheurs se côtoient à cet endroit. Il y a les pêcheurs professionnels munis de leurs filets et les pêcheurs amateurs qui taquinent la truite à la ligne. Le canal est étroit et les filets s’entremêlent. A cela s’ajoutent les mélanges entre les filets et les hameçons.

Salif Zongo pêche d’habitude au barrage n°1 situé sur la route de Ouahigouya, à la sortie nord de la ville. Mais depuis le début de la saison pluvieuse, il jette son filet au niveau des déversoirs du barrage n°3. "En saison hivernale, il pleut beaucoup. L’eau est trouble à la surface. En plus de cela, le niveau de l’eau monte. Les gros poissons se réfugient au fond des eaux. C’est aussi leur période de reproduction", explique-t-il. Selon les pêcheurs du barrage n°1, s’ils se retrouvent au niveau des déversoirs du barrage n°3, c’est parce que la pêche n’est plus fructueuse à la surface des eaux.

Aussi, avec la montée du niveau des eaux, le petit poison est entraîné par le courant vers les déversoirs. Il est alors éjecté dans le canal situé sous le pont du barrage n°3. Ce canal se prolonge dans le parc urbain Bangr-Wéoogo, forêt naturelle située au cœur de la ville et poumon de celle-ci, selon les écologistes. Chaque pêcheur cherche à capturer le maximum de poisson avant que le niveau de l’eau ne baisse "Nous devons faire vite. Si le niveau de l’eau baisse, on n’a plus rien", dit Eric Simporé qui s’empresse de jeter son filet.

Aux pêcheurs professionnels sont venus s’ajouter les pêcheurs amateurs. Faysal Ouédraogo vient d’avoir le Certificat d’études primaires. Il est en vacances. Pour s’occuper, Faysal passe ses matinées à pêcher dans le canal. "Ce sont les vacances, alors je viens pêcher tous les matins.

Le soir, je joue au ballon. Le poisson que je pêche, je le donne à ma mère. Elle fait de la soupe pour toute la famille", dit-il. D’autres pêcheurs amateurs sont là "par contrainte". Il s’agit des consommateurs de thé. Ils s’organisent pour venir pêcher à tour de rôle dans le canal. Le poisson péché est consommé au cours des veillées nocturnes autour du thé. Julien Kaboré est un élève en informatique. Le temps des vacances, il abandonne le clavier de son ordinateur pour discuter avec ses amis autour du thé. Aujourd’hui, c’est son tour d’aller pêcher le poisson pour la veillée. Il s’exécute sans rechigner. Cependant, pour lui la pêche n’est pas qu’une partie de plaisir. "Cela m’énerve quand même de venir passer le temps ici alors que mes camarades sont en train de siffler le thé. Mais, c’est mon tour de pêcher le poisson pour la veillée", dit-il.

Selon plusieurs pêcheurs, l’hivernage constitue pour eux une période de soudure. La rareté du gros poisson fait que les pêcheurs sont confrontés à des problèmes économiques. Leurs revenus journaliers chutent. Ils n’arrivent plus à faire face aux charges familiales. "En saison sèche, nous revendons le gros poisson aux poissonneries. A cette période, je peux avoir entre 2500F et 3000f par jour. Mais avec le petit poisson, je me retrouve avec 1000f ou 1500f par jour. Là encore, il faut qu’il pleuve. Le jour où il ne pleut pas, il n’y a pas grand-chose à pêcher dans le canal. Nous revendons le petit poisson aux femmes", explique Aboubakar Traoré, un pêcheur.

Pendant la saison pluvieuse, certains pêcheurs se reconvertissent dans d’autres activités pour surmonter les difficultés économiques. Malame Sawadogo est de ceux-là. Le temps de la saison pluvieuse, il abandonne un tant soit peu son filet pour la daba. "J’ai un champ de maïs vers Gampèla.

A côté, j’ai semé un peu de gombo et d’oseille pour pouvoir nourrir ma famille en attendant que la pêche reprenne", raconte-t-il. La pêche est une tradition dans la famille de Malame. Tous les garçons sont des pêcheurs. Malgré la rareté du poisson en cette période, il continue d’exercer son métier. Après chaque pluie, il se déporte dans le canal du barrage n°3. Le cas de Malame n’est pas isolé. Ils sont nombreux les pêcheurs qui se reconvertissent en agriculteurs, maçons ou mécaniciens pendant la saison pluvieuse. Ils attendent tous le retour de la saison sèche pour reprendre leur activité : la pêche.

Thierry Rolland OUEDRAOGO
(Stagiairs)

Sidwaya

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