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Rencontre gouvernement-secteur privé : Forger ensemble une vraie culture entrepreunariale

Publié le lundi 1er octobre 2007 à 07h28min

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La VIIe édition de la rencontre entre le gouvernement et le secteur privé a eu lieu le 28 septembre à Bobo-Dioulasso, pour refléchir sur les mesures prioritaires pour l’amélioration de l’environnement des affaires, en vue d’un développement durable du secteur privé au Burkina Faso.

Présidée par le Premier ministre Tertius Zongo, cette rencontre a permis aux deux parties de faire des propositions concrètes en vue de développer le secteur privé burkinabè.

La rencontre entre le gouvernement et le secteur privé s’est tenue à la Chambre de commerce de Bobo-Dioulasso. Le Premier ministre Tertius Zongo et les membres de son gouvernement y étaient en grand nombre pour apporter l’appui de l’Etat aux animateurs de notre économie nationale. Les opérateurs économiques de tous les secteurs d’activités étaient aussi présents pour convaincre le gouvernement de les aider. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, les deux parties ont d’abord rendu un hommage aux hommes d’affaires disparus au cours de l’année. Il s’agit de El Hadj Hamadé Ouédraogo, directeur général de la Chambre de commerce, de Mme Moussa Gros/Sanou Pélagie, PDG de Jossira industrie et de Madi Ouédraogo, PDG de la société OMA. Suivra la série de discours.

Le vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie, Lassiné Diawara et le président du comité technique paritaire pour la mise en œuvre des recommandations de la dernière rencontre, Jean Claude Bicaba, ont fait l’état du climat des affaires et le bilan des actions menées depuis la précédente concertation. Selon Lassiné Diawara, “le climat des affaires au Burkina Faso n’est pas des plus reluisants et mérite d’être rationalisé et simplifié". Cet avis est partagé par le Premier ministre qui ajoute que “des investisseurs directs étrangers trouvent encore peu attractifs notre environnement des affaires ”.

Ces différents intervenants ont relevé avec satisfaction que de nombreuses actions ont été entreprises depuis la dernière rencontre du 7 juillet 2006. Elles concernent notamment l’allègement des charges professionnelles à travers les innovations de la Loi de finances 2007, la simplification des procédures de déclaration en douane à travers l’adoption de la déclaration en douane unique, le lancement du Programme “Doing business better in Burkina". Mais des efforts restent encore à faire, comme l’a dit le Premier ministre pour qui “des entraves demeurent encore nombreuses pour permettre au secteur privé un développement accéléré et soutenu au regard des exigences de compétitivité au plan régional et mondial”.

Les opérateurs économiques ont regretté la non application de certaines mesures prises lors du dernier forum, surtout la levée des contraintes relatives à l’application de la réglementation sur les fonds séquestres et la mise en œuvre de l’opération de renouvellement du parc des taxis. Certaines préoccupations demeurent pendantes. Elles ont pour noms : poids de la fiscalité sur les entreprises formelles, coûts élevés des facteurs de production, délais très longs de règlement des marchés publics, non respect par l’administration fiscale des délais réglementaires d’accomplissement des formalités de création d’entreprises, la persistance de la fraude et de la corruption. Selon le comité technique paritaire, la valeur totale des marchandises saisies dans le premier trimestre de 2007 est d’environ 2 milliards de F CFA. Ces résultats sont, en termes de quantité et de valeur, nettement supérieurs à ceux des années antérieures.

Les représentants des différents secteurs d’activités qui sont intervenus de façon collective ou individuelle au cours des échanges ont souligné les mêmes préoccupations et proposé des solutions en fonction de leurs secteurs d’activités. Si au cours des années antérieures, les opérateurs économiques indexaient beaucoup plus la douane, les impôts et l’administration d’être des freins à leur épanouissement, les griefs ont été cette année, portés sur la justice accusée de ne pas sécuriser l’environnement des affaires. C’est du moins ce qu’ont laissé entendre le groupement professionnel des industriels et l’association professionnelle des banques et établissements financiers qui ont souhaité le plafonnement des indemnités en matière de conflit de travail.

Après avoir écouté les acteurs du privé, le Premier ministre a marqué la disponibilité de son gouvernement à engager des réflexions qui seront suivies de mesures concrètes. Elles portent, entre autres, sur la révision du taux des impôts sur le revenu des valeurs mobilières, la levée des lourdeurs administratives en matière de création

d’entreprises, la mise en place d’un observatoire sur le climat des affaires et d’un conseil présidentiel des investisseurs, l’institutionnalisation des cadres de concertation sectorielle entre les ministères et le secteur privé, la récompense des meilleurs opérateurs économiques qui se seraient distingués par leur civisme et leur contribution à l’économie nationale, la création d’un journal pour publier les décisions de justice. Le Premier ministre a aussi appelé les opérateurs économiques à jouer leur partition car pour Tertius Zongo “L’Etat ne saurait être une vache à lait qui distribue à tour de bras des avantages fiscaux au secteur privé dont certains de ses membres voient en ces avantages un coup de main pour mieux supporter le poids social autour d’eux, ou s’engager dans des dépenses de prestige et improductives au lieu de moderniser leur outil de travail".
Le chef du gouvernement a invité les deux parties à une collaboration étroite : “Nous avons tous besoin, secteur privé comme administration de travailler ensemble pour nous forger une vraie culture entrepreunariale”.

Adaman DRABO


Satisfécits et engagements

Tertius Zongo, Premier ministre
L’enseignement que je tire de cette rencontre est que nous allons continuer à cultiver la confiance entre le secteur privé et l’administration. Nous avons l’impression que les opérateurs économiques viennent à cette rencontre pour se justifier alors que nous devions, au cours de la concertation, mettre ensemble les solutions que nous avons trouvées à nos préoccupations. C’est un bon début. Je pense qu’après cette rencontre, nous devons être plus exigeants envers nous-mêmes. Chacun doit s’engager et être comptable des engagements qu’il prend. Nous avons rassuré les opérateurs économiques que nous allons mettre en œuvre tout ce qui a été dit dans la salle.

Lorsque nous aurons fini de les mettre en œuvre, la voie sera ouverte pour les investissements. Les investisseurs ne sont pas seulement attirés par la baisse massive des impôts, ils sont aussi attirés par la stabilité et la visibilité. Pour qu’il y ait visibilité, il faut une simplification des procédures et une transparence. A ces niveaux, nous avons beaucoup à faire. Nous avons entrepris beaucoup de réformes mais il y a toujours comme un pilotage à vue au niveau du secteur privé. Nous devons avoir un contrat d’objectif avec le secteur privé à qui nous devons signifier ce que nous voulons faire pour eux à moyen terme et vice-versa. C’est en ce moment que nous créerons des conditions qui attireront ou pas des investisseurs.

Aboubacar Diawara, coordonnateur des travailleurs des industries pour la lutte contre la fraude :
C’est une bonne initiative que le gouvernement et le secteur privé se rencontrent pour évoquer les difficultés du privé afin de pouvoir relancer notre économie. Mais il est souhaitable que les décisions qui y sont prises soient appliquées. Cette année le Premier ministre a proposé qu’entre deux rencontres, les deux parties se retrouvent pour évaluer l’exécution des décisions prises. Cela permet de mieux préparer les sessions à venir. A notre niveau, nous avons fait en 2005 plusieurs propositions.

Certaines d’entre elles ont eu un début de solution comme l’organisation des états généraux des industries, la baisse des pressions fiscales sur les industries pour plus d’efficacité, le renforcement de la lutte contre la fraude et la contrefaçon. Les préoccupations liées à la fraude sont revenues et le Premier ministre a promis de renforcer la lutte. L’impact de la fraude est visible et les industries en souffrent énormément. Cette fraude s’est étendue à la farine de blé jusque-là épargnée par le phénomène. Avec cette fraude, nous nous demandons où les GMB vont écouler leurs produits surtout que les farines avec les étiquettes SN-GMB circulent sur le marché alors que la société n’est pas encore en marche. Il en est de même pour la SN-SOSUCO qui est en difficulté bien qu’elle soit en campagne en faveur du mois de carême.

Selon nos informations, il y a 14 000 tonnes de sucre au port d’Abidjan. 2 000 tonnes sont déjà rentrées au Burkina par train alors que la SN-SOSUCO a environ plus de 9 000 tonnes de sucre stockés dans ses magasins. D’autres unités industrielles comme Winner-industrie, SIFA, CBTM, Métal Burkina, MABUCIG, SN-CITEC, SAPHYTO vivent les mêmes difficultés. Par exemple les produits contrefaits de la SAPHYTO circulent actuellement avec des étiquettes écrites en anglais. Les vrais produits portent en réalité des étiquettes écrites en français. Nous avions, en son temps, exigé que des produits d’importation viennent en complément à ceux que nous fabriquons. Cela n’a pas été pris en compte. Nous croyons en l’avenir. Il faut se battre pour la préservation de nos emplois. Nous interpellons le gouvernement pour nous aider à sauvegarder les emplois et lutter contre le chômage. Nous félicitons le Premier ministre pour sa nomination. Nous l’encourageons à nous aider à garder nos emplois et à en créer d’autres.

Propos recueillis par Adaman DRABO


Dans les coulisses : Le Premier ministre et le carême

La rencontre entre le gouvernement et le secteur privé s’est déroulée un vendredi, en pleine période du carême musulman. Le forum a duré de 8 heures à 20 heures. Et pour permettre aux musulmans d’accomplir leur devoir religieux, le Premier ministre a modifié le programme en suspendant la rencontre de 12h45 à 14 heures en vue de la prière de 13 heures de vendredi. A 18 heures, des bidons d’eau ont été distribués à ceux-ci pour interrompre le jeûne.


Time is money

Lors des échanges au cours de la rencontre gouvernement/secteur privé, le Premier ministre a invité les intervenants à respecter le temps qui leur a été imparti. Pour Tertius Zongo il faut travailler beaucoup et parler peu. Tertius Zongo dit avoir constaté que les fonctionnaires passent plus de temps à parler qu’à travailler, ce qui cause souvent la lenteur dans le traitement des dossiers des opérateurs économiques. "Time is money".


Les vérités de Salif Diallo aux banques

Le ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques Salif Diallo a assisté à la rencontre et n’est pas passé inaperçu. Il a pris la parole au moment des échanges pour dire aux banques que leur politique n’encourage pas le développement du secteur privé parce que les agios sont lourds et les taux d’intérêt trop élevés. C’est un tonnerre d’applaudissement qui a accueilli cette remarque de Salif Diallo qui a dit tout haut ce que les opérateurs économiques pensent tout bas. Le Premier ministre a néanmoins félicité les banques pour avoir sauvé la filière coton de ses difficultés.
Samandeni en 2008 ?

Le projet de construction du barrage de Samandeni dans le Houet pourrait démarrer en janvier 2008. C’est du moins ce qu’a laissé entendre Salif Diallo qui a ajouté qu’une fois ce barrage construit, l’électricité deviendra moins cher surtout pour les usines. Une zone industrielle hors douane d’environ 100 usines sera aménagée. Il a appelé les opérateurs économiques burkinabé à se préparer à être présents sur cette nouvelle zone.


Tenue militaire en Danfani, pourquoi pas ?

Le Premier ministre Tertius Zongo a laissé parler tous les acteurs du secteur privé (au moins ceux qui voulaient dire quelque chose) à la rencontre gouvernement/secteur privé. Chacun a fait ses propositions pour relancer le secteur. La fédération des artisans du Burkina a souhaité qu’on les associe à la confection des tenues des corps habillés. Le Premier ministre les a invités à contacter les ministères concernés pour déterminer les quotas qu’on pourrait leur attribuer. Si leur proposition est acceptée, les artisans pourront peut-être faire des tenues militaires en faso Danfani, pourquoi pas !


Bon point pour la sécurité

A la rencontre gouvernement/secteur privé, les participants n’ont pas trop senti la pression de la sécurité comme pendant les précédentes rencontres. La sécurité est restée discrète mais efficace et tout s’est déroulé sans accroc de part et d’autre. On espère que ça sera ainsi pendant les prochaines rencontres.


Somnolence à la rencontre

Pendant que le Premier ministre prononçait son discours d’ouverture des travaux, certains participants étaient dans les bras de morphée. Et quelqu’un qui en a fait la remarque, s’est laissé dire que l’intensité de la climatisation y était pour quelque chose. Toujours est-il qu’à la fin de la cérémonie d’ouverture, le technicien de la Chambre de commerce a été appelé d’urgence pour réduire la climatisation.


Djanguinaba Barro absent à la rencontre
Le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Bobo-Dioulasso, Djanguinaba Barro était absent à la rencontre entre le gouvernement et le secteur privé pour un problème de santé. Tombé malade la veille, M. Barro a été évacué en Europe pour y recevoir des soins. Prompt rétablissement à M. Barro.

A.D.

Sidwaya

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