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Mamadou Zongo dit « Bébto » : « Je ne suis pas fini »

Publié le jeudi 27 mai 2004 à 07h56min

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Depuis qu’il est parti du RCB, son premier club au Burkina, pour tenter une aventure professionnelle à l’Asec d’Abidjan, la chance n’a pas toujours souri à Mamadou Zongo. Avec ce club ivoirien, il a même eu des petits bobos avant de partir pour Vitesse Arnhem où il a fait deux ans et demi sans jouer pour cause de blessure.

« Bebeto », pour les intimes, dit avoir retrouvé son aplomb. Une bonne nouvelle pour les Etalons puisqu’il affirme qu’il n’est pas fini.

Après une longue absence pour cause de blessure, on a annoncé ton retour pour les éliminatoires de la coupe du monde et la CAN 2006. Comment vas-tu aujourd’hui ?

Dieu merci, je vais bien. J’ai repris en août 2003 avec le groupe et quatre mois après, j’ai retrouvé ma place de titulaire. Aujourd’hui, je ne me plains pas.

Dans quelles circonstances, tu t’es blessé pour que tu sois éloigné si longtemps des stades ?

C’était lors d’un match du championnat de la Hollande et ça n’a pas été facile. Vous savez bien que dans notre métier, les risques ne manquent pas et peut-être que cela devait arriver un jour. J’ai eu des ligaments croisés en même temps que des ménisques

Tu es resté exactement combien de temps sur la touche ?

J’ai fait deux mois et demi sans jouer et cela après des examens médicaux. J’ai subi au total cinq opérations.

Est-ce vrai que tu as changé de club ?

Non, je n’ai pas changé de club et la preuve, je n’étais pas en activité. J’ai encore un an de contrat avec Vitesse Arnhem

Quand tu ne jouais pas, est-ce que le club s’occupait de toi ?

Le club a fait ce qu’il pouvait, mais j’ai dû moi-même à un certain moment prendre en charge ma rééducation. C’est pour moi un gros sacrifice et croyez-moi, il a fallu à un moment donné que je réfléchisse sérieusement sur ma carrière.

Avais-tu des problèmes avec ton club pour que tu fasses ce gros sacrifice comme tu l’as si bien dit ?

Le club a un centre de rééducation et j’ai passé plus d’un an à me soigner sans qu’il y ait d’amélioration. Quand je voyais mes camarades s’entraîner, ma situation me rendait triste. Je passais tout mon temps dans la salle de musculation et moralement, j’étais très secoué.

C’est pourquoi, j’ai demandé à aller dans un autre centre de rééducation qui appartient à la Fédération néerlandaise de football. Ce centre est bien équipé et ce qui m’a réconforté, c’est que j’ai trouvé d’autres joueurs blessés avec qui j’ai travaillé pour retrouvé mon aplomb. Mon club ne voulant pas prendre les frais de rééducation en charge, je n’ai pas hésité comme je le disais tantôt à me sacrifier.

Cette rééducation au centre de la fédération t’a-t-elle coûté cher ?

J’ai dépensé des millions de FCFA pour pouvoir me rétablir, et j’ai fait douze mois dans ce centre qui est à une soixantaine de kilomètres de là où je joue.

Pendant ta rééducation, est-ce que tu as reçu des lettres d’encouragement des joueurs burkinabé ?

Il y a des gens qui m’ont souvent appelé pour m’encourager et je voudrais profiter de l’occasion que vous m’offrez, pour les remercier infiniment. Franchement, Il y a des appels qui m’ont redonné confiance et grâce à Dieu, ça va aujourd’hui.

En disant des gens, doit-on comprendre par là que des footballeurs ne faisaient pas partie de ceux qui appelaient ?

Ils ne sont pas nombreux les joueurs qui m’appelaient. Mais peut-être que c’est compte tenu de la distance et je n’ai pas à juger quelqu’un. Aujourd’hui, je regarde la vie en face et c’est ça l’essentiel pour moi.

Quels sont les joueurs qui t’appelaient ?

Je préfère ne pas citer des noms puisque ceux qui m’appelaient se reconnaîtront.

Après la CAN 2000 coorganisée par le Ghana et le Nigeria, tu n’étais pas au Mali en 2002 et en Tunisie en 2004. Avec tes blessures répétées, n’as-tu pas l’impression qu’on t’a jeté un sort ?

Il m’est difficile de répondre à cette question. Je crois en Dieu et quand quelque chose doit arriver à quelqu’un, peut-être que c’était écrit. Après deux ans et demi sur la touche, je vais bien et je prie Dieu pour que rien de fâcheux ne m’arrive encore.

Et pourtant, nous avons appris lors d’un point de presse animé par le président de la Fédération burkinabé de football, M. Seydou Diakité, que tu as eu une fracture au nez. Tu seras encore indisponible ?

Effectivement, j’ai eu une fracture au nez et j’ai été opéré il y a une dizaine de jours. Dans une semaine, je reprendrai les entraînements dont une partie sera consacrée à la condition physique. Après, je rejoindrai l’équipe première dont les résultats ne sont pas fameux.

Comme en France, le championnat des Pays-Bas a-t-il aussi pris fin ?

Le championnat a pris fini il y a deux semaines et nous sommes mal classés. Actuellement, nous sommes barragistes et nous faisons partie de deux groupes de quatre équipes. Nous affronterons le Sparta Rotterdam, Helmond Sport et VVV-Venlo. L’autre groupe est composé de Volendam, Excelsior Rotterdam, Heracles Almelo, De Graafschap. Les barrages prendront fin le 3 juin prochain.

Penses-tu que Vitesse Arnhem pourra se maintenir en D1 ?

Nous jouons contre des équipes de deuxième division qui ont aussi des ambitions. Cette année, nous avons fait une mauvaise saison alors que nous avons de bons joueurs. Nous allons nous battre jusqu’au bout pour assurer notre maintien.

Avant ta blessure au nez, tu as retrouvé le groupe après avoir travaillé sans relâche aux entraînements pour revenir à ton meilleur niveau. Tu as combien de buts à ton actif ?

Comme je le disais, j’ai repris les entraînements en août 2003 après deux ans et demi d’absence. Mon premier match, c’était en septembre et quand l’entraîneur m’a fait entrer au cours du jeu, j’ai marqué l’unique but de la partie. Après cette rencontre, j’ai joué cinq matches d’affilée.

Quand l’ex-entraîneur des Etalons Paul Rabier est venu me voir pour la CAN 2004, je me battais pour conserver ma place de titulaire. Qui plus est, je ne me sentais pas totalement prêt pour la Coupe d’Afrique des nations. Je pense que faire deux ans et demi sans monter sur un terrain et aller à une CAN dont le niveau est relevé, je n’allais pas pouvoir tenir le rythme. J’étais diminué après ma blessure et si j’acceptais d’aller à la CAN, ce n’est pas sûr que je tiendrais le coup.

Si ton contrat arrive à terme, le renouvelleras-tu ?

Je crois qu’il n’est pas bon de rester trop longtemps dans un club. Je n’ai pas eu la même chance que Kalou Bonaventure avec qui j’ai par exemple joué à l’Asec d’Abidjan et qui aujourd’hui, est à Auxerre. C’est de Feyenoord qu’il est parti en France et il n’a pas été souvent blessé comme moi. Avant ma blessure, j’avais des contacts mais mon club demandait toujours beaucoup. J’ai encore un an de contrat et je ne suis pas sous pression.

Tu es arrivé à Avion (une bourgade de plus de vingt cinq mille âmes) après la rencontre amicale des Etalons contre les pros de Lens. Pourquoi as-tu rejoint le groupe en retard ?

Je vous disais que mon équipe joue les barrages pour le maintien. Je fais partie de l’effectif qui doit se battre pour sa survie. Je n’ai pas fait exprès en venant après ce match amical contre Lens. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas indiscipliné. Si j’ai tenu à me présenter, c’est parce que j’ai du respect pour les couleurs nationales et ceux qui m’ont convoqué. Je suis venu avec Rahim des Pays-Bas par la route pour rencontrer l’entraîneur. Je crois qu’il nous a compris notre retard et qu’on ne nous tiendra pas en rigueur.

Maintenant que tu retrouves la sélection nationale, que peut-on attendre de toi ?

Cela fait trois ans que je n’ai pas joué avec l’équipe nationale. Donc, je considère que c’est la première fois qu’on me sélectionne et que je dois me battre pour avoir une place. Je suis en train de revenir petit à petit et comme par le passé, je donnerai le meilleur de moi-même.

As- tu suivi la CAN 2004 en Tunisie ?

Bien sûr que oui et la plupart des matches étaient d’un bon niveau. Il y avait du suspense dans quelques groupes et des équipes comme la Tunisie, le Nigeria, le Maroc, l’Algérie, le Mali et la Guinée Conakry on fait bonne impression.

Comment tu as trouvé la prestation des Etalons Notre CAN a été moyenne et ça fait toujours mal d’être éliminé au premier tour. Les équipes, qui participent aujourd’hui à la CAN, sont renforcées par des professionnels qui font leurs preuves en europe. Avec le temps, nous serons nous aussi en mesure d’aller à la CAN avec des joueurs aguerris.

Est- ce que tu seras à Ouaga pour le premier match des Etalons contre les Black stars du Ghana le 5 juin prochain ?

J’espère bien que mon club me laissera partir avant cette date pour me préparer avec l’équipe. J’ai vraiment l’envie de venir jouer cette rencontre et surtout pour faire plaisir aux gens qui m’ont soutenu moralement pendant ma blessure. Je ne suis pas fini et je pense que je peux faire mon chemin.

Entretien réalisé à Lens par Justin Daboné

L’Observateur

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