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Commerce des viandes foraines à Ouagadougou : Bras de fer autour de l’hygiène

Publié le samedi 29 septembre 2007 à 07h35min

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Un bras de fer oppose des bouchers aux services d’hygiène de la commune de Ouagadougou. La vente des viandes foraines sur le territoire communal est à l’origine de la discorde. Pour les services d’hygiène, les conditions dans lesquelles ces viandes sont transportées affectent leurs qualités hygiénique et sanitaire.

En dépit d’un arrêté municipal interdisant la desserte de ces viandes, des bouchers continuent de s’approvisionner auprès des abattoirs des communes rurales proches de Ouagadougou.

“Pour des raisons de sécurité et d’hygiène alimentaires, la mairie de Ouagadougou a pris un arrêté qui interdit le commerce des viandes foraines sur son territoire communal”, dit Evariste Ilboudo, chef de service vétérinaire de la commune de Ouagadougou. Les viandes foraines sont celles qui proviennent des abattoirs des communes rurales.

Selon Evariste Ilboudo, les conditions dans lesquelles ces viandes sont transportées ne sont pas satisfaisantes. “Un boucher qui se ravitaille à Saaba par exemple, le temps que la viande traverse les rues à moto, elle arrive à Ouagadougou, infectée de toutes sortes de microbes. C’est pourquoi nous avons interdit la vente des viandes foraines sur le territoire communal de Ouagadougou”, explique-t-il. Il n’est pas rare de croiser en circulation, des bouchers qui transportent de la viande sur leurs motos. Ali Modibo est un boucher au secteur N°28 de Ouagadougou. Il abat ses animaux à l’abattoir de Saaba, une localité située à 5 km à la lisière Est de la ville. Comme moyens de transport de la viande, Ali n’a que des sacs en jute et une moto.

Des mobiles économiques

En dépit de l’interdiction de la vente des viandes foraines sur le territoire communal de Ouagadougou, bon nombre de bouchers s’approvisionnent toujours auprès des abattoirs des communes rurales de Saaba, Kienfangué, Koubri, pour ne citer que ceux-là. Si Ali Modibo préfère abattre ses animaux à l’abattoir de Saaba plutôt qu’à celui de Kossodo, c’est pour des raisons économiques. “L’abattage d’une seule chèvre à l’abattoir de Kossodo me coûte 750 F TTC. A Saaba, l’abattage de la même chèvre me revient à 450 F TTC. En plus, Saaba est plus proche de mon lieu de travail que Kossodo”, explique-t-il. Plusieurs bouchers estiment que l’abattage des animaux à l’abattoir de Kossodo leur revient plus cher que partout ailleurs. Certains d’entre eux estiment que ce point de ravitaillement est éloigné de leurs lieux de vente. De Saaba à son point de vente situé au secteur N°28, Ali parcourt 4 km.

Ses carcasses de chèvres et de moutons sont conditionnées dans des sacs en jute. Dans l’optique de raccourcir son trajet et d’éviter les policiers municipaux, Ali emprunte les artères non bitumées et poussiéreuses qui mènent de Saaba à son étal. Cette gymnastique constitue le quotidien de tous les bouchers qui vendent de la viande foraine. Ces derniers sont permanemment en conflit avec les services d’hygiène de la commune de Ouagadougou, appuyés par la police municipale. Très souvent, ces services mènent des opérations de contrôle.

Ces contrôles sont soldés par une saisie des viandes foraines. Les bouchers ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent pas vendre de la viande contrôlée et approuvée par un vétérinaire. “Les mêmes vétérinaires qui contrôlent la viande dans les abattoirs des communes rurales peuvent inspecter la viande à l’abattoir de Kossodo. Il n’y a pas de raisons que nous ne puissions pas vendre de la viande qui est contrôlée à Kinfangué, à Koubri ou Komsilga par un vétérinaire. Toutes ces zones font partie du Burkina à ce que je sache”, s’insurge Daouda Wandaogo, un boucher au marché de Dassasgho.

La sécurité du consommateur d’abord

Pour les spécialistes des Ressources animales, le tout n’est pas d’avoir une viande dûment contrôlée par un vétérinaire. Les conditions dans lesquelles la viande est transportée sont toutes aussi importantes. Pour parer aux mauvaises conditions dans lesquelles la viande est transportée actuellement, l’abattoir frigorifique de Kossodo met à la disposition des bouchers de la ville de Ouagadougou, des emballages spécifiques.

Ces emballages protègent la viande des infections microbiennes. Selon le Dr Mamadou Paré, directeur général des services vétérinaires, le transport de la viande d’une localité à une autre nécessite des conditions précises. Il est important qu’elle soit à l’abri de l’air ambiant. Aussi, elle doit être transportée dans un camion frigorifié. Moyens dont disposent très peu de bouchers.

Les agents des services d’hygiène quant à eux redoutent que la vente des viandes foraines à Ouagadougou ne favorise l’abattage clandestin. “Rien ne nous assure que de l’abattoir d’une commune rurale à Ouagadougou, le boucher ne s’arrête pas quelque part pour prendre une carcasse non contrôlée”, s’interroge Evariste Ilboudo.
La fin de ce jeu de cache-cache entre les vendeurs de viandes foraines et les services d’hygiène de la commune de Ouagadougou n’est pas pour bientôt. L

es bouchers entendent faire de l’économie dans leur investissement. “Moi je continuerai d’aller abattre mes animaux à l’abattoir de Saaba tant que ça me revient moins cher par rapport à l’abattoir de Kossodo. Les services d’hygiène peuvent continuer de ramasser ma viande”, affirme Salam Traoré, un boucher au marché de la zone 1 au secteur N°28. De leur côté, les agents du service d’hygiène sont déterminés à poursuivre les opérations de saisie. “Nous allons redoubler de vigilance pour la sécurité des consommateurs”, affirme Evariste Ilboudo, chef du service d’hygiène alimentaire de la commune de Ouagadougou.

Le bras de fer se poursuit au grand dam du consommateur qui ignore tout de la provenance et de la qualité de la viande qu’il consomme.

Thierry Rolland OUEDRAOGO
Stagiaire

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 29 septembre 2007 à 18:19, par KgB En réponse à : > Commerce des viandes foraines à Ouagadougou : Bras de fer autour de l’hygiène

    Il faut subventionner l’abattage des animaux pour que ces gens cessent de prendre des moyens detournes. Sinon un jour ils vont empoisonner des milliers de gens pour une difference de quelques francs. Il faut les encourager a rester dans les normes. Une partie du prix de cette subvention peut etre recuperee par l’accroissement de la taxe sur la viande.

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