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Lavage des engins à deux roues : Une activité rentable

Publié le mardi 25 septembre 2007 à 07h56min

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A Ouagadougou, capitale africaine des deux roues, on voit souvent dans des coins de rues ou dans des ateliers, des jeunes qui lavent des engins contre rémunération. Zoom sur une activité en plein essor !

Il est 12h 15 mn, ce jour 20 septembre 2007, lorsque nous arrivons à l’endroit qui tient lieu d’atelier pour lavage d’engins à 2 roues, non loin de l’Ecole nationale de la douane. Sous une fine pluie, un jeune homme s’active joyeusement à rendre propre une motocyclette de marque P50 Junior. “Je m’appelle Guillaume Soro”, nous a-t-il accueilli entre deux coups d’éponge passés sur l’engin. Avec un peu d’insistance, il confie que son nom à l’Etat civil est Amidou Dossama.

L’actuel Premier ministre ivoirien est son idole d’où “le port de son nom”, a-t-il expliqué. Côté professionnel, il dit exercer le lavage des engins depuis plus de deux ans. “Je lave en moyenne 20 mobylettes par jour”, a révélé Amidou Dossama. Selon les clients trouvés sur place, un tel engouement s’explique par le fait que la boue, en saison pluvieuse et la poussière en saison sèche, contribuent énormément à salir les engins des Ouagalais.

Il n’est pas convenable, soutiennent-ils d’être propre soi-même et d’enfourcher un engin sale. Abdoulaye Tougouri, un client trouvé chez Amidou Tikondogo un autre laveur d’engins installé sur le site du Projet ZACA, lui, estime que réunir eau, savon et pétrole puis procéder au lavage soi-même de son engin revient plus cher en énergie, en temps et en argent d’où sa prédisposition à donner son “char” (mobylette ou moto) à laver à un “spécialiste” contre la somme de 200 F CFA. “je suis très satisfaite lorsque “Guillaume Soro” lave ma moto. C’est propre de l’extérieur comme de l’intérieur”, a confié Aminata Zombré, une cliente venue chercher sa moto J.C. Si la satisfaction est du côté des bénéficiaires de ces services de lavage de motos, les prestataires de service (laveurs) eux non plus ne se plaignent pas. A raison de 200 F par motocyclette lavée, Amidou Tikondogo lave environ 25 engins par jour.

Ses dépenses quotidiennes, pour les besoins du travail, s’élèvent à 1 500 F pour l’achat de 2 fûts d’eau (500F), du savon (500F) et du pétrole (500F) pour assurer le nettoyage du bloc moteur des engins. Dossama, lui, lave en moyenne 20 mobylettes quotidiennement. Avec les mêmes matières à acquérir (eau, savon et pétrole), il dépense environ 1 300 F.
Ces gains journaliers s’élèvent à 3 500 F pour le premier et 2 700 F pour le second.

En faisant un compte mensuel, on se trouve avec le salaire d’un cadre supérieur de la Fonction publique pour le premier cas et celui d’un cadre moyen de l’administration burkinabè pour le second ; bien entendu, les contraintes et les opportunités ne sont pas les mêmes. Mais, les intéressés se prononcent : “Je remercie Dieu parce qu’avec ce que je gagne, je ne dépends pas de quelqu’un pour vivre”, a déclaré Amidou Dossama alias Guillaume Soro. Il ajoute, l’air philosophe : “Ne pas vivre de mendicité ou de vol est très important”. Tikondogo, lui, fait la mécanique et assure aussi le lavage des engins.

De son avis, le lavage lui procure souvent ce que la mécanique ne lui apporte pas.
Pour lui, la bonne marche de son activité (lavage) dépend de la santé financière de la population, de façon générale. “Lorsque les gens ont de l’argent, nous aussi, on gagne”, a-t-il précisé.

Les difficultés rencontrées par les pratiquants de cette activité sont, selon Tikondogo, de deux ordres.“Nous démarrons souvent des engins en vain après lavage. Du moment où le propriétaire a conduit sa moto jusqu’à nous sans panne, nous nous devons de le mettre en état de marche à nos frais avant que celui-ci ne vienne”. La deuxième difficulté, a-t-il poursuivi, c’est qu’après lavage, des clients déclarent ne pas avoir de sous pour payer la prestation. Dans ces cas, nous ne pouvons pas retenir l’engin ni le salir à nouveau...”. Dossama ,lui, affirme n’avoir aucun problème avec ses clients “même si c’est un mois plus tard, mes clients me payent toujours et je ne leur tiens aucunement rigueur”, a-t-il expliqué.
Tout compte fait, les deux estiment que leur activité les nourrit. Ils l’exercent en espérant avoir mieux un jour. Pourquoi pas .

Abdoulaye SERE
(Stagiaire)


Savoir gagner dignement sa vie !

“Il n’y a pas de travail”, c’est ce que disent les mendiants qui de plus en plus pullulent dans les rues de Ouagadougou. Selon eux, leur pratique s’expliquerait pour certains, par l’existence de la solidarité de leur entourage et pour d’autres, par leur invalidité (physique) à travailler pour se nourrir... Ce qui n’est visiblement pas le cas de ces grands gaillards qui arpentent les rues de nos villes et campagnes et semblent se plaire à indisposer les honnêtes citoyens à leur demander l’aumône.
Qu’est-ce qui empêche ces mendiants de trouver une activité simple qui n’exige aucune qualification comme le lavage des motos ? Pour peu qu’on ait juste 4 ou 5 mobylettes à laver, cela fait 1000 F qu’on gagne par jour. Ce n’est certes pas beaucoup mais on peut satisfaire ses besoins primaires tout en gardant son honneur, sa dignité. Les jeunes que nous avons rencontrés lavant les motos sont très fiers de le faire et gagnent dignement leur vie à partir de leurs revenus.
A. S.
(Stagiaire)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 25 septembre 2007 à 09:24, par Justus En réponse à : > Lavage des engins à deux roues : Une activité rentable

    Un article assez intéressant Monsieur Abdoulaye. Vous permettrez de mentionner comme autres lieux de lavage les ministères ou autres institutions de l’Etat. Des motocyclettes voire des voitures de tous gabarits sont lavés à grande eau. Evidemment c’est le contribuable qui paie la facture d’eau.

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