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Flambée des prix des poulets : Les grilleurs emboîtent le pas des vendeurs

Publié le lundi 24 septembre 2007 à 07h55min

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Ouagadougou et ses poulets... Sidwaya après s’être interrogé sur les raisons de la flambée des prix des poulets, a rendu visite aux grilleurs de poulets de Ouagadougou, pour en savoir davantage sur la question.

17 heures 45mn, au quartier Saint-Léon, nous faisons escale devant le restaurant baptisé "Poulets grillés chez Jean Pierre". Une fumée épaisse et bleue exhalant une odeur de viande grillée et d’épices nous enivre. Des poulets dans une large poêle à moitié pleine d’huile mijotaient en émettant un bruit d’écoulement d’eau. Un grilleur, fourchette longue en main, retourne allègrement des poulets étalés sur un grillage.

Un autre découpe avec dextérité un poulet rôtis pour un client. Nous demandons à voir le maître des lieux, mais le jeune homme qui découpe le poulet répond que la patron est absent. Il nous dit cependant être disponible pour l’échange, à condition qu’il garde l’anonymat. A la question de savoir si les prix des poulets grillés ont connu une hausse, il rétorque par l’affirmative : "Cela est vrai ! Les poulets grillés coûtent présentement entre 1800 F CFA à 2000 F CFA". Et notre interlocuteur de poursuivre en disant que si les poulets coûtent 2000 F au lieu de 1500 F comme par le passé, c’est parce qu’ils sont devenus rares sur le marché. "Le ravitaillement est très faible à cause de la saison hivernale. Les gens n’arrivent plus à se déplacer dans les villages profonds pour rapporter les poulets", conclut-il.

Après un kilomètre de route, nous sommes au quartier Samandin sur l’avenue Ouezzin-Coulibaly.
Une pancarte nous indique le restaurant "Nabons-Wendé". Le patron nous réserve un bon accueil et nous confie au gérant de la cuisine, Ali Bachirou. Très souriant, il accepte se prêter à nos interrogations. Il reconnaît, comme notre premier grilleur, que les prix des poulets grillés ont augmenté parce qu’il pleut abondamment et les provinces d’où proviennent les poulets sont difficilement accessibles.

A Nabons Wendé, les prix actuels varient aussi entre 1700 F et 2000 F CFA. En bon commerçant, Bachirou affirme ne pas exclure "l’arrangement" avec ses clients.
"Lorsqu’un consommateur a besoin d’une grande quantité de poulets pour un mariage ou autre chose, nous essayons de nous entendre pour que chacun gagne. Dans ce genre de cas, je peux "laisser mes poulets à 1400 F CFA ou 1500 F CFA l’unité" précise-t-il. Il soutient en outre que l’affluence des clients a considérablement baissé mais qu’il arrive bon an mal an à faire toujours de bonnes affaires.

Avant de prendre congé de Bachirou, il prend le soin de dire qu’il vendait auparavant le poulet grillé à 1400 F CFA ou 1500 F CFA.
De Samandin nous mettons le cap sur le secteur n°13 à la rencontre d’autres vendeurs de poulets grillés sur l’avenue Babanguida. Là, les employés de Kalifa Belem, le maître des céans s’activent à alimenter le four de la grillage et à plumer les poulets. D’emblée, M. Belem approuve à l’instar des autres grilleurs la réalité de la flambée du prix du poulet grillé. "Effectivement, les gens racontent la vérité, les prix des poulets grillés ont connu une flambée" déclara-t-il. Il ne se fait pas prier pour expliquer la situation à sa manière : "Selon moi, ce qui explique la hausse, c’est le fait que les éleveurs ont suffisamment à manger. Ils ne voient pas la nécessité de vendre un poulet ou un mouton. Les récoltes ont été bonnes en 2006, ils ont de quoi manger. C’est dans les moments difficiles qu’ils se trouvent dans l’obligation de vendre la volaille pour nourrir leurs familles".

Si les uns avancent l’abondance des pluies cette saison pour justifier la flambée, les autres pensent que les éleveurs sont à l’abri des ennuis d’ordre alimentaire et préfèrent garder leur volaille pour les occasions où la prévalence de la nécessité se fera sentir pour l’écouler. La rareté est à l’origine de la cherté des poulets grillés. Pour nous parler de son tarif, M. Belem relativise : "Les prix dépendent de l’endroit où l’on se trouve. Il y a certains grilleurs qui continuent de vendre leurs poulets à 1500 F CFA l’unité, il y a d’autres qui vendent à 1750 F CFA. Pour ce qui est de mon cas, je propose des prix qui vacillent entre 1750 F et 2000 F".
De son côté, il note une rareté des clients ces temps-ci.
"Actuellement, les clients nous rendent visite difficilement. En plus des prix exorbitants des poulets, il y a le spectre de la rentrée scolaire 2007-2008 qui plane et il n’est plus permis à tout le monde de consommer du poulet", précise M. Belem.

Au secteur n°28, à quelques mètres du Bureau des mines et de la géologie du Burkina (BUMIGEB), un vendeur de poulets grillés du nom de Souleymane Wangré agrémente l’ambiance du maquis "Tak borossé", chez lui, les prix ont grimpé d’un cran. "Il est vrai que les poulets grillés coûtent cher actuellement. Certains de mes frères (NDLR : Les autres grilleurs) vendent jusqu’à 2000 F CFA le poulet. Je donne les miens à 1600 F CFA ou 1700 Frs l’unité en fonction du poids". Selon M. Wangré, la cherté du poulet est due à sa rareté et au coût des frais de transport qu’ils supportent avec beaucoup de peine lors de l’acheminement des poulets à Ouagadougou.

De leur côté, les consommateurs apprécient non sans regret cette augmentation des prix des poulets grillés.
Un consommateur, Charles Kaboré, rencontré au secteur n°28 affirme que les prix des poulets ont grimpé et saisit la situation avec une lucidité étonnante : "On constate qu’il y a une évolution assez sensible des prix. Je pense que le passage de la grippe aviaire y est pour quelque chose. Un autre fait est qu’une consommation non des moindres du poulet se ressent chez les Ouagalais. Il va sans dire que cela a une répercussion sur les prix. Enfin, je dirai qu’il y a de plus en plus une raréfaction du produit (NDLR : les poulets) sur le marché".

Odette Vebamba, une autre consommatrice reconnaît qu’il y a hausse, mais ce n’est pas le cas dans le lieu (grilleurs de poulet au secteur n°28) où elle à l’habitude d’acheter ses poulets : "Je suis au fait de l’envol des prix des poulets rôtis mais ici, rien n’a changé. C’est vrai que les poulets sont devenus très petits mais je gagne toujours mes poulets à 1500 F CFA et quelquefois à 1700 F CFA. Mais quand tu t’aventures ailleurs, on te parle de 2000 F CFA ou 2250 F CFA".

Entre plaintes et compréhension des clients

La flambée des prix des poulets grillés ne va pas sans susciter des réactions de tout genre de la part des clients. D’un ton commun, les vendeurs avouent faire face à des plaintes venant de leurs clients.
"Les clients continuent de venir mais je dois avouer qu’ils se plaignent de la cherté exagérée des poulets grillés.

Comme j’ai toujours privilégié le dialogue, on finit toujours par trouver un terrain d’entente", confesse Ali Bachirou. Le vendeur du secteur n°13, Kalifa Belem reconnaît pour sa part que les prix révoltent quelquefois les consommateurs. "Parmi les clients, il y a ceux qui comprennent la situation, par contre, certains voient les chose autrement", ajoute M. Belem. Souleymane Wangré du secteur n°28 donne un avis similaire à son collègue du secteur n° 13 : "Les habitués essaient de nous comprendre. Ce sont les clients occasionnels qui se plaignent".

Les consommateurs, quand bien même ils acceptent difficilement la hausse des prix des poulets grillés ne condamnent pas les vendeurs. Un client qui a requis l’anonymat pense que les vendeurs ont des difficultés pour se ravitailler. Ainsi, dit-il "ils n’ont pas tort de pallier leurs dépenses en augmentant les prix des poulets", Charles Kaboré, quant à lui, argumente en ces termes : "L’augmentation du prix des hydrocarbures fait que nous sommes enclins à donner raison aux grilleurs. Cette augmentation se ressent de toute évidence sur les frais de transports et les grilleurs ressentent également le coup".

Les avis sont partagés quant à une éventuelle baisse des prix des poulets. Pour M. Wangré, il sera difficile que les prix reviennent un jour à la normale parce que la rareté du poulet est sans cesse accrue et les consommateurs de poulet sont de plus en plus nombreux. Quant à Bachirou, il émet le vœu de voir les prix baisser pour que "notre clientèle s’accroisse", souligne-t-il. Le consommateur Kaboré, à son tour invite les grilleurs à tenir compte de la cherté même de la vie au Burkina Faso pour fixer leurs prix : "Je voudrais humblement inviter les grilleurs de poulets à tenir compte du poids de la bourse des Burkinabè. C’est vrai qu’ailleurs (NDLR : Hors du Burkina), le poulet peut se vendre plus cher que ça, mais le Burkinabè, de façon générale, se débrouille pour joindre les deux bouts. S’ils peuvent diminuer les prix, cela nous ferait plaisir". A quand les prix des poulets s’arrêteront-ils de grimper ? Nul ne saura le dire.

Karim BADOLO
(Stagiaire)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 24 septembre 2007 à 12:23 En réponse à : > Flambée des prix des poulets : Les grilleurs emboîtent le pas des vendeurs

    Arretez de manger les poulets et les prix baisseront d’eux meme.

    • Le 24 septembre 2007 à 16:03, par beker En réponse à : > Flambée des prix des poulets : Les grilleurs emboîtent le pas des vendeurs

      Exactement, il faut arreter. Utiliser la technique de Martin Luther KING : Arreter de monter dans le bus. Cela a eu un resultat tres favorable, notamment a travers le vote de lois en faveur du noir. SI LE PRIX DU POULET AUGMENTE, ALORS ARRETER DE LE CONSOMMER PENDANT UN BON MOMENT. LE RESULTAT SERA IMMEDIAT. BAISSE DES PRIX NETTE.
      Mais, le malheur est que certaines personnes, utilise cette augmentation pour prouver aux jeunes qu’ils cherchent qu’ils ont de l’argent. Ces derniers quelques soit le prix vont continuer a l’acheter. Donc peine perdue. Souffrir ceux qui n’ont l’argent et qui aime manger la viande de poulet.

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