Avec les enfants de la rue, Yves Marguerat gagnait sur toute la ligne. Il assouvissait ses instincts sexuels, vivait aux frais de la princesse et jouissait d’une réputation d’humanitaire. Mais à force de jouer avec le feu, on finit par se brûler les doigts. Ce pédophile présumé dont « Le Pays » a parlé dans son éditorial du 13 septembre dernier a été reconnu coupable des faits qui lui étaient incriminés.

Incarcéré depuis 2005 à la suite d’une plainte, il vient d’être condamné à 12 ans de réclusion criminelle par la Cour d’assises des Hauts-de-Seine, en France. En toute impunité, cet universitaire de 64 ans a abusé d’enfants qu’il hébergeait pour la « bonne cause », dans sa maison à Lomé. Le généreux bienfaiteur qu’il prétendait être, en accordant l’asile aux pestiférés de la société, n’était en fait qu’un odieux personnage. Les témoignages sur ses actes furent accablants au cours de son procès, à tel point que sa culpabilité ne faisait plus l’objet d’un doute.

Le comble, c’est que des religieux, des organisations caritatives et des personnes de bonne foi ont été abusés par le faux papa des enfants. Leçon de cette triste affaire, l’Afrique demeure une terre de prédilection de dépravés sexuels de tout poil. Parce que les lois sont permissives, la société passive voire complice, les pédophiles peuvent s’adonner à cœur joie à leur activité favorite.

Mais, parce qu’on est pauvre, doit-on pour autant accepter sans sourciller toutes les mains qu’on nous tend, même les plus souillées ? L’Afrique doit faire la part entre ses vrais amis et ses fossoyeurs, en édictant des règles plus strictes pour ce type d’activité. Cela passe avant tout par une enquête de moralité de ces bons Samaritains qui se présentent pour sauver nos enfants, et dont certains ne sont que des escrocs.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays