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Boukaré Zèba (filière karité) : "Les sociétés internationales ne doivent pas être grossistes et détaillantes"

Publié le vendredi 21 septembre 2007 à 08h05min

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Boukaré Zèba, président de la Table filière karité

La filière karité va mal. L’inorganisation des acteurs, l’égoïsme de certains opérateurs économiques et la concurrence "déloyale" des sociétés internationales sont entre autres les maux identifiés par le président de la Table filière karité, Boukaré Zèba. A travers cette interview, il estime que la mise en place de la Maison de karité permettra de mieux gérer les retombées des amandes de karité.

S. : La Table filière karité existe depuis 2001. Qu’est-ce qui a empêché les opérateurs économiques membres de la TFK de s’unir bien avant vos consultations de 2007 ?

Boukaré Zèba (B.Z.) : La filière karité se compose d’exportateurs d’amandes de karité et des transformateurs. Chacun voulait avoir une bonne part du marché.
L’idée d’une réglementation existait mais la mise en place posait problème.

On se contentait de la bourse de karité chaque année et ce depuis 2003. On essayait de voir uniquement comment évoluait le marché. Aujourd’hui la filière est menacée et nous n’avons d’autre choix que de nous unir si nous voulons nous en sortir.

S. : Vous dites que la filière karité est menacée alors que nous sommes dans un système de commerce libéral. Que voulez-vous insinuer ?

B.Z. : Les firmes internationales ne peuvent pas être des grossistes et des détaillantes à la fois. Elles ont d’abord crée des bureaux sur place pour appuyer leurs partenaires nationaux. Lorsqu’elles ont constaté que le marché souffrait d’une inorganisation, elles ce sont mises à acheter directement les amandes aux populations. Raison pour laquelle il faut des textes claires pour que chaque acteur de la chaîne joue le rôle qui est le sien.

S. : La filière karité souffre d’un vide juridique. Quelles sont vos stratégies pour réorganiser le secteur ?

B.Z. : Nous comptons adopter des textes avec le soutien des ministères en charge de l’Agriculture et celui du Commerce. Nous mettrons aussi en place la Maison de karité. Elle va constituer un fonds grâce aux taxes de prélèvement à l’export. Ce fonds soutiendra la filière. La Maison de karité va également contrôler le flux de karité à travers le territoire.
L’année dernière, grâce à notre organisation nous avons constaté que plus de 150 000 tonnes sont sorties frauduleusement du pays.

S. : Le secrétaire général du ministère en charge de l’Agriculture vous a invités à faire en sorte que les acteurs à la base profitent des retombées de votre réorganisation. Comment comptez-vous vous y prendre ?

B.Z. : Nous allons fixer un prix unique à la base. Personne n’aura le droit de payer à un autre coût. Tout le monde trouvera son compte. Pourvu que chaque acteur permette aux autres maillons de la chaîne de fonctionner normalement conformément aux lois du marché.

S. : La grande majorité des amandes de karité est exportée. La transformation ne semble pas être une priorité pour vous ?

B.Z. : Bien sûr la transformation est une priorité. Pour le moment nous nous contentons de faire du beurre de karité pour le marché local.
Les firmes internationales comme Arhus au Danemark, Loders en France ou Olam en Inde ont des unités de transformation dans leur pays respectifs.
Ces pays assurent la transformation nécessaire pour leur chocolat, les produits cosmétiques...
Nous avons tenté au plan national d’implanter des unités au profit des femmes. Mais les choses n’ont pas fonctionné comme nous le souhaitons. Le coût de revient est très élevé. Le savon importé d’Asie ou des pays côtiers par exemple coûtent moins cher que celui fabriqué sur place.

S. : Vous avez relevé que les opérateurs économiques sont égoïstes. Pensez-vous que le regroupement peut sauver la filière karité aura lieu ?

B.Z. : La solidarité entre nous opérateurs économiques est aujourd’hui plus que jamais un passage obligé.
Depuis la fermeture de la caisse de stabilité, la filière est laissée à elle-même et seul ces acteurs peuvent la sauver. Nous sommes confiants. Avec l’aide du gouvernement, la filière karité sera bien structurée à l’image de la filière coton.

Interview réalisée par Hamadou TOURE

Sidwaya

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