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Côte d’ivoire : Après 5 ans de chemin de croix

Publié le jeudi 20 septembre 2007 à 07h55min

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Gbagbo, Compaoré et Soro

Cinq ans après le coup d’Etat raté, qui s’est vite mué en rébellion, la Côte d’Ivoire semble toujours plongée dans la plus grande crise politique de son histoire. La communauté internationale s’est penchée sur le patient, à qui de nombreux remèdes ont été prescrits.

Une thérapie restée longtemps sans effets significatifs sur le mal, qui avait visiblement développé de la résistance contre les divers médicaments à lui administrés. Alors que tout le monde désespérait, le malade, dans un élan patriotique et de survie, a choisi lui-même le cabinet médical dans lequel il veut être désormais soigné. La clinique élue est Ouagadougou et le docteur n’est autre que Blaise Compaoré, celui-là même qu’Abidjan tenait pour responsable de tous les malheurs de la Côte d’Ivoire.

Ainsi, après un mois de dialogue direct entre le camp présidentiel et les rebelles, Laurent Gbagbo et Guillaume Soro procédaient, le 4 mars 2007, à la signature en terre burkinabè de l’Accord politique dit de Ouagadougou. Depuis, le bout du tunnel n’a jamais été aussi proche pour l’Eléphant d’Afrique.

En effet, avec cet Accord, la situation s’est décrispée sur les bords de la lagune Ebrié, où les protagonistes de la crise fument le calumet de la paix. La recomposition du gouvernement, le flambeau de la paix à Bouaké, le déploiement de l’Administration sur l’ensemble du territoire, la remise de l’aéroport par la force Licorne aux militaires ivoiriens, l’harmonisation du calendrier scolaire au Nord et au Sud et la désescalade verbale qu’observent les ennemis d’hier sont autant d’éléments positifs, qui montrent que le pays est sur la bonne voie.

Mais il faut éviter l’optimisme béat et rester très prudent, car ce pays-là nous a montré dans un passé récent que sur la route de la paix, rien n’est jamais définitivement acquis. De plus, il y a un certain nombre de dossiers brûlants, qui sont toujours pendants.

On attend toujours l’effectivité et l’opérationnalité de deux dossiers majeurs : le commandement militaire intégré et le début des audiences foraines. Ces deux points sont cruciaux pour la sortie définitive de la crise d’autant plus qu’ils permettront, d’une part, de consacrer la réunification du pays et, d’autre part, d’identifier le corps électoral dans la perspective de la présidentielle devant se tenir d’ici à octobre 2008.

Il y a lieu en effet de rester très prudent, car tout peut arriver quand il faudra se résoudre à trancher le nœud gordien, à savoir conduire l’opération d’identification. Déjà, le Front populaire, par la voix de Pascal Affi N’Guessan, estime à 300 000 les Ivoiriens sans papiers alors que les Forces nouvelles avancent le chiffre de 3 000 000. Entre les deux bouts, il y a forcément un juste milieu, proche de la réalité et sur lequel il faudrait trouver un terrain d’entente.

L’opération est d’autant plus délicate qu’il faut bien la mener pour ne pas exclure et dénier à des Ivoiriens leur citoyenneté. Il faut donc agir avec doigté, car c’est la politique de l’exclusion qui a servi de terreau à la crise.

Seulement, est-ce que l’intérêt général saura triompher face aux multiples intérêts partisans ? Rien n’est moins sûr, car dans chaque camp, il y a des faucons et de plus certains caciques, tirant profit de la triste situation, sont en train de s’enrichir.

Evidemment, ceux-là ne sont pas du tout pressés que la paix revienne et, c’est sûr, ils useront de toute leur influence pour retarder l’horloge de paix. Et on le sait tous, on n’a pas besoin d’être des milliers pour foutre le bordel dans un pays. Alors, prudence !

Soro ne doit pas se laisser griser par le goût du pouvoir. De son côté, Gbagbo doit accepter d’être fair-play en laissant le processus électoral se poursuivre même si, à un moment donné, il venait à se rendre compte qu’il pourrait perdre son fauteuil au profit de ses challengers politiques.

Franchement, plus que jamais, ce triste anniversaire doit être un moment d’introspection collective. En Côte d’Ivoire pour trouver les ressorts sur lesquels prendre appui pour concrétiser le retour définitif à la paix véritable.

C’est cet ultime sursaut patriotique que toute l’Afrique, voire la communauté internationale attendent des différents protagonistes de la crise ivoirienne. Espérons donc qu’avec les accords de Ouagadougou, nous tenons le bon bout.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

P.-S.

Lire aussi :
[Le Burkina et la crise ivoiriennehttp://www.lefaso.net/rubrique.php3?id_rubrique=20/]

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