La mode : identité ou mimétisme ?
La mode indique une manière générale dont un phénomène se présente, dont une action se fait, une méthode. On dira par exemple dans ce sens, le mode de vie des Burkinabè. L’acceptation populaire renvoie à la notion de “mode vestimentaire”. Celle-là désignant la manière de se vêtir, conformément au goût d’une époque dans une région donnée.
La mode indique alors un phénomène impliquant le collectif via la société, le regard qu’elle renvoie et les codes qu’elle impose, et le goût individuel. La mode concerne non seulement le vêtement mais aussi les accessoires, le maquillage, le parfum et même les modifications corporelles.
Aujourd’hui, le terme est assimilé au mot “style”. Il évoque alors le rang social, le groupe social, le pouvoir d’achat, la personnalité. Le port de tel ou tel vêtement, de tel ou tel accessoire peut devenir “à la mode” après qu’un top-model ou une personnalité l’a porté. “Être à la mode” est devenue une expression usuelle pour signifier que la personne qui imite cet état de fait en connaît les derniers mouvements et les suit. La notion de mode dépasse cependant la nécessité de se vêtir et le phénomène de mode même a longtemps été le privilège de l’aristocratie.
La mode, plutôt qu’un trait caractéristique de la personnalité, est le signe d’un mimétisme de la grande masse. Le vêtement est avant tout un facteur de différenciation sociale et professionnelle. Réflexe social et culturel également, la mode est caractérisée par un changement incessant et de ce fait, désigne un phénomène éphémère tant et si bien qu’elle ne saurait être l’apanage de la masse populaire. Se vêtir ou se maquiller en France ne saurait être la même qu’au Burkina Faso. Cela relève simplement d’une déviation. Malheureusement, la tendance vestimentaire actuelle est au mimétisme aveugle.
Le vêtement même a perdu sa fonction qui est de protéger contre les intempéries et de protéger le corps du regard des autres. Avec la mode, il renvoie à l’effet contraire : attirer tous les regards sur soi. La mode vestimentaire refuse de plus en plus, le besoin de protection du corps. Elle l’expose carrément sans pudeur au point que l’on arrive à s’interroger sur l’intérêt d’afficher toute personnalité. Les modifications corporelles en ont aussi pour leur compte avec le phénomène de la dépigmentation. Tant pis pour les effets secondaires, pourvu que l’on soit à la mode.
Ismaël BICABA
Sidwaya