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Immigration choisie : Hortefeux joue les boutefeux

Publié le mardi 18 septembre 2007 à 07h29min

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Brice Hortefeux

Décidément, la politique d’immigration « choisie » risque d’être la pomme de discorde du gouvernement d’ouverture de Nicolas Sarkozy. Dernier indice de cette éventualité : la désapprobation affichée par Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, et par Fadela Amara, secrétaire d’Etat à la ville, face au nouveau projet de loi sur l’immigration.

Pour la fondatrice de « ni putes ni soumises », l’administration de tests ADN aux candidats au regroupement familial est une pratique qui « jette l’opprobre sur les étrangers qui veulent venir chez nous ». Le french doctor s’est, quant à lui, refusé à approuver de telles dispositions, ajoutant que « ce n’est pas comme cela qu’on réglera le problème de l’immigration ».

Et tandis qu’à Paris on discute des moyens les plus adéquats pour contrôler les flux migratoires, dans les consulats français, c’est toujours la croix et la bannière pour ceux ou celles d’entre nous qui désirent se rendre en Europe. Et ils sont de plus en plus nombreux, les prétendants au précieux cachet qui se pressent devant les guichets au risque d’endurer maintes et maintes tracasseries, voire même pour certains, de subir l’humiliation ou le rejet pur et simple de la demande.

Malheureusement, nous a-t-on souvent répété, « la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Et il faut reconnaître qu’en Afrique, les familles, en plus d’être larges, ont des ramifications multiples. On peut dès lors comprendre que la France du troisième millénaire cherche tous les moyens susceptibles de limiter les dérives du regroupement familial.

Mais la fin, doit-on le rappeler, ne justifie pas les moyens ; car aujourd’hui, sous prétexte de contenir le flot grandissant des clandestins, la France de l’immigration « choisie » s’est fixé des objectifs quantitatifs. Il faut croire que le ministre Brice Hortefeux a bien du mal à atteindre l’objectif de 25 000 reconduites à la frontière, fixé par l’ex- ministre de l’Intérieur devenu président de la République.

Ainsi, mercredi dernier, sans doute pour donner un coup de fouet aux opérations « coup de poing », 19 préfets ont été convoqués au ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale. Ils n’auraient pas obtenu de résultats suffisants en matière d’expulsion des sans-papiers.

Une rencontre que l’on pourrait assimiler à celle qu’aurait organisée un directeur commercial avec ses VRP pour booster les ventes, a persiflé à ce sujet un homme de gauche.

C’est donc dans un climat peu favorable aux étrangers en situation irrégulière que doivent se réunir, dès aujourd’hui, les députés pour examiner le projet de loi Hortefeux. Le débat s’annonce des plus houleux, si l’on en croit les nombreuses réactions hostiles à l’instauration des tests ADN pour les candidats au regroupement familial.

Parmi elles, les déclarations très remarquées de Bernard Kouchner et de Fadela Amara, qui, en s’attaquant à ce dernier projet de loi sur l’immigration, s’en prennent à l’un des axes majeurs de la nouvelle politique inspirée par Nicolas Sarkozy lui-même.

On peut dès lors se demander si Brice Hortefeux, en proposant ce nouveau dispositif anticlandestins, n’a pas joué, malgré lui, le rôle du boutefeu, semant au sein du gouvernement d’ouverture la graine de la discorde.

H. Marie Ouédraogo

L’Observateur

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