LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Koro Decherf, styliste sans frontières

Publié le lundi 17 septembre 2007 à 07h34min

PARTAGER :                          

Koro Decherf

Elle est l’une des valeureuses ambassadrices de la mode burkinabé. Parcourant le monde entier, toujours entre deux avions, enchaînant les défilés, Korotimi Dao - épouse Decherf (son époux est actuellement ambassadeur de France à Djibouti)- a su donner au Faso Dan Fani ses lettres de noblesse dans un mélange de raffinement, de modernité et de tradition.

Entretien avec une styliste sans frontières, qui allie avec dextérité les matériaux d’Afrique aux broderies d’Asie, avec une charmante touche occidentale.

Fasozine : Comment êtes-vous venue à la mode ?

Korotimi Decherf : C’est une affaire de famille. Mon père exerçait la profes¬sion de tailleur. Il avait plusieurs machines à la maison et quand je ren¬trais de mes cours le soir, je faisais quelques bricoles avec l’une des machines. J’ai d’ailleurs appris à cou¬dre avant de commencer à aller à l’école.

Etiez-vous partagée entre vos études et la couture ?

C’est vrai que la vocation de styliste sommeillait en moi, mais mes parents avaient souhaité que je fasse des étu¬des. J’ai donc passé toute ma scolarité à l’école primaire du village (originaire de Pompoi, dans la province des Balé, à une cinquantaine de kilomètres de Boromo, à l’Ouest du Burkina). Quand j’ai réussi mon certificat d’études pri¬maires et élémentaires, mon oncle paternel, Ousmanou Dao, m’a offert des vacances dans la capitale, Ouagadougou. A la fin des vacances, j’ai commencé les cours au Lycée Philippe Zinda.

Vous étiez destinée à une carrière dans le domaine de la comptabilité...

Oui, c’est vrai que j’avais obtenu un CAP et un BEP en comptabilité, mais je ne voulais pas travailler sous les ordres d’un patron, je ne voulais pas qu’on me commande. J’avais une ambition dévorante.

Et le sens des affaires...

En effet. Dans les années 90, avec mes économies, j’ai ouvert un salon de coiffure pour ma petite sœur. Le salon s’appelait « Beauty coiff ». Et dans le même temps, Je partais à Lomé pour acheter des pagnes, des bijoux que je revendais dans le salon de ma sœur. Parallèlement au commerce, J’ai commencé à dessiner des modèles de robes et de tenues de soirées pour des amies. Je n’avais pas renoncé à mon rêve de devenir styliste.

Quand s’est donc produit le déclic ?

Le déclic s’est produit quand mon mari, Dominique, qui était alors diplo¬mate à l’ambassade de France à Ouagadougou, a été affecté à Riyad, en Arabie Saoudite. Je ne pouvais pas travailler et ne voulais pas non plus rester les bras croisés dans ma prison dorée. J’ai donc acheté deux machi¬nes : une à broder et l’autre à piquer. Par la suite, je me suis promenée dans les souks, où j’ai fait la connaissance de deux tailleurs hindous qui devien¬dront plus tard mes employés.

Vous voilà donc lancée dans une grande carrière de styliste...

Mes tailleurs hindous et moi avions commencé à concevoir des modèles qui ne laissaient personne indifférent. J’ai commencé par me faire connaître dans le cercle des diplomates en orga¬nisant un défilé miniature qui a débou¬ché sur plusieurs commandes. Mais, une année plus tard, Dominique a été affecté à Abidjan. Nous sommes donc rentrés en Afrique, avec mes deux tail¬leurs hindous et c’est à partir de ce moment-là que j’ai véritablement pris mon envol, que je me suis fait connaî¬tre...

Est-il aisé d’acquérir la notoriété dans ce milieu ?

Non, ce n’est pas du tout facile. Il faut constamment innover. Etre pointu et professionnel. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai décidé de me per¬fectionner à l’Ecole internationale de mode de Paris (Esmod), et au cours Fleury.

Aviez-vous un modèle dans la confré¬rie des stylistes ?

Oui. Paix à son âme, mon modèle était le styliste Chris Seydou. Il était doté d’une vive intelligence. C’est lui qui a véritablement lancé le bogolan. Il avait une capacité de création, largement au-dessus de la moyenne. Je ne l’ai pas connu longtemps, mais il m’a beau¬coup inspirée. Chris était très humain et sensible.

Gagnez-vous beaucoup d’argent ?

Je ne suis pas pauvre. Mon cœur est riche et j’ai beaucoup d’amour à don¬ner.

Etes-vous fidèle en amitié ?

Mes amis peuvent en témoigner. Je crois en l’amitié sincère, sans calcul.

Et en amour ?

Absolument. Mon époux est adorable et charmant. J’apprécie sa gentillesse, sa disponibilité et son honnêteté.

Vous êtes tout le temps partie en voyage, avez-vous souvent soupçonné votre mari de vous tromper ?

Non, pas du tout. On se fait mutuelle¬ment confiance. Le fait de partir en voyage est d’ailleurs une bonne chose. Cela casse la monotonie. Et quand on se retrouve, on refait le monde et on tombe de nouveau amoureux l’un de l’autre.

Propos recueillis par Samori Ngandè
Fasozine N° 8 d’avril-mai 2007

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 17 septembre 2007 à 20:11, par Mahamoudou Ouédraogo En réponse à : > Koro Decherf, styliste sans frontières

    J’ai beau regarder la photo de la Belle Madame Decherf, je n’ai pas reconnu le faso Dan Fani qu’elle aime tant dans son propre habillement. Alors j’ai comme un petit pincement au coeur.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique