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Instabilité en R.D. Congo : Le développement comme seule alternative

Publié le lundi 17 septembre 2007 à 08h00min

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Il faut saluer et encourager les efforts diplomatiques en cours pour sortir le Congo démocratique de ses crises récurrentes. Il faut aussi reconnaître à Joseph Kabila la nécessité d’asseoir son autorité sur l’ensemble du territoire, surtout dans l’Est.

Mais comment ne pas se demander si, par ses appels du pied, le chef de l’Etat congolais n’envisage pas de reprendre le scénario lui ayant permis après les élections de neutraliser puis d’écarter son rival Jean Pierre Mbemba ?

En effet, parallèlement au culte du dialogue, Kabila-fils semble vouloir en découdre avec l’ex-général de l’armée congolaise, Laurent Nkunda. N’a-t-il pas demandé de l’aide pour “ éradiquer définitivement ce qui reste des groupes insurrectionnels ? Ayant visiblement opté pour la carotte et le bâton, Joseph Kabila a de nouveau appelé les hommes de Nkunda à se rallier à l’armée régulière. Le président congolais prévient qu’il ne tolérera plus les milices, “ quelles qu’elles soient ”. De tels propos ne sont pourtant pas de nature à apaiser le climat déjà si éprouvant pour les populations.

Car l’ex-général rebelle se dit prêt à négocier la paix. Il faut donc saisir cette opportunité pour l’impliquer dans le processus.

Tôt ou tard cependant, la justice rattrapera le dissident. D’autant que la récente découverte macabre de nombreux corps enfouis dans des fosses communes par les casques bleus est loin de redorer le blason de NKunda. Les charniers se trouvent dans une base militaire située à Rubare, à 60 km au nord de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Cette base était, jusqu’à une date récente, le quartier général du colonel Innocent Nzalunida, un fidèle du chef rebelle. Laurent Nkunda et ses sbires devront donc bien argumenter pour convaincre de leur innocence. Aux yeux de tous, ils se seront sérieusement compromis. Et s’ils persistent dans leurs errements, ils ne feront que précipiter leur isolement.

L’expérience montre en effet qu’il est illusoire de compter indéfiniment sur ses soutiens. Il est difficile d’être rebelle à vie sur un continent où des liens séculaires unissent les populations, et où les traditions imposent la concertation permanente et la réparation des torts par des voies consensuelles. Nkunda et ses compagnons d’armes doivent comprendre que ce n’est pas en se mettant davantage en marge de la société congolaise ni en méprisant les efforts de la communauté internationale qu’ils trouveront quiétude pour leurs familles et considération politique pour eux-mêmes. Il est temps de cesser de se substituer aux autres et porter leur croix. Il faut négocier la paix.

Cette paix suppose accord et dialogue entre deux parties ayant intérêt à prendre langue. Aussi faut-il encourager les nombreuses actions entreprises ces derniers temps dans la région en faveur de la paix, de la réconciliation, de la démocratie et du développement.

Dans cette perspective, le chef de l’État congolais ne doit pas perdre de vue le fait que la construction de l’Etat de droit passe par une démarche démocratique et par la création des conditions d’un dialogue permanent et fructueux à l’interne comme à l’externe, en discutant notamment en Belgique avec les autorités et les investisseurs du pays colonisateur, mais aussi en s’expliquant avec les immigrants congolais dont l’apport est considérable dans l’économie nationale. Au-delà de ces contacts extérieurs, le premier des Congolais devra entreprendre rapidement les réformes indispensables à la résolution des problèmes de développement du pays. Oeuvrer à responsabiliser davantage les régions en cédant une parcelle d’autorité ne pourra alors qu’aider au renforcement de la démocratie.

Sans baisser la garde, Joseph Kabila doit faire preuve de leadership. En effet, la grandeur d’un dirigeant ne se mesure pas à la puissance de ses armes. Elle se mesure à sa sagesse, son ouverture d’esprit, sa grandeur d’âme, sa patience, son sens du dialogue et sa magnanimité.

Le Pays

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