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Cinéma : Femmes en peines

Publié le lundi 17 septembre 2007 à 07h41min

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Pas de parité à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO).
Sur une population carcérale qui dépasse en général le millier de détenus,
la prison de la capitale burkinabé ne compte en moyenne qu’une vingtaine de
femmes. Cette sous représentation est, bien entendu, une bonne nouvelle pour
la gent féminine du Faso ; mais peut-être pas pour les prisonnières.

Comment
cette escouade minoritaire vit-elle sa présence dans un contexte carcéral
très masculin ? « Femmes en peine » est une tranche de vie de ces âmes en
peine derrière les barreaux. C’est la trame en forme de synopsis du nouveau
film documentaire d’Aminata Diallo Glez. La projection de presse a eu lieu
ce weekend au Centre Culturel Français Georges Méliès de Ouagadougou.

Tout semble réussir à cette petite dame entreprenante et mouvementée de
Jovial Production. Cette fois, c’est au documentaire moyen métrage qu’elle
s’essaie. Mimi Diallo (Madame Glez) plonge sa caméra dans le monde ténébreux
des prisonniers (les femmes détenus à la maison d’arrêt et de correction de
Ouagadougou-Maco). De quoi y apporter un peu de lumière.

Rien de vraiment novateur, mais la gravité du sujet mérite que cette énième
initiative de celle qu’on appelle affectueusement Kadi Jolie, soit saluée.
Quand on parle de monde carcéral, la plaisanterie prend fin. Ce qui se passe
en ces lieux de détention d’un autre âge défie parfois toute description et
toute imagination. On en parle souvent dans les médias mais aucun article de
presse ne saurait traduire les odeurs d’urine, de matière fécale et tous les
malheurs de la promiscuité due à la surpopulation.

La question n’est pas d’être sensible ou insensible au sort des hors la loi
qui paient pour le mal qu’ils ont fait ou qui sont mis à l’écart pour le
danger qu’ils représentent contre la société, mais d’un respect des normes
établies pour ces établissements dont on dit qu’ils doivent au finish
réformer les coupables.

*Questions sans réponses*

Les discours laissent parfois croire qu’il y a des réformes en vue ou en
cours. Le documentaire de Jovial Production ne lève qu’un coin du voile mais
permet de se faire une idée de la réalité. Qui profite de cette situation ?
Personne ! Qui de l’action sociale, de la justice et des humanitaires
apportera le salut ? Question sans réponse ! Quoi de commun entre une mineur
qui se déclare cleptomane, la mère d’un couple dont l’enfant a perdu la vie
dans un WC et une bagarreuse qui a tué sa « camarade » de deux coups de
ciseaux portés au cœur ? Quelles soient condamnées ou en détention
préventive, elles sont toutes logées à la même enseigne dans le quartier
« femmes » de la MACO. Malheur à celles dont les parents ne se souviennent
plus ou ignorent l’incarcération.

Et ces bébés nés en prison ou qui y accompagnent leurs mamans ? Franchement,
ce n’est pas leur place. Si la caméra de Mimi nous a montré la vérité, que
pouvons-nous faire individuellement en tant que citoyens ? « Ce qui est
ordinaire au dehors est extraordinaire en ces lieux. » Un savon, une
bouteille d’huile, un vêtement...est parcimonieusement géré. Bref, vous pouvez
faire quelque chose. Le Président de l’Assemblée Nationale, le Directeur des
établissements pénitentiaires ainsi que des personnalités du monde du
spectacle étaient présents à la projection de presse de ce documentaire à
l’allure d’un grand reportage sur un sujet grave et inépuisable.
Félicitation !

Sibiri sanou
Le Faso.Net

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