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Burkina Faso : Dans le tourbillon de la paupérisation

Publié le mardi 11 septembre 2007 à 07h51min

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Le riz, l’huile, le sucre, le ciment, les hydrocarbures, le lait, le pain, etc., coûtent désormais plus cher. Loin d’être conjoncturelle, pour fait de jeûne des musulmans, qui commence bientôt, cette hausse des prix de produits de première nécessité, est pratiquement structurelle.

Depuis un certain temps en effet, et parfois dans une dynamique de mondialisation, nombre de produits tels que le blé et les hydrocarbures subissent une augmentation quasi suicidaire pour les Africains. C’est ainsi qu’au Burkina, tout augmente, sauf bien entendu le salaire des fonctionnaires, comme l’ont chanté des artistes. La valse des étiquettes fait rage, et les consommateurs s’arrachent les cheveux, ignorent aujourd’hui à quelles nouvelles difficultés ils feront face demain, pris qu’ils sont dans le tourbillon dévastateur de la vie chère.

Dans les ménages, c’est très souvent la bagarre entre le chef de famille et la maîtresse de maison, contrainte de faire la popote avec le même argent alors qu’au marché, tous les prix ont augmenté. "Petit salaire, mille problèmes". Même la viande est chère alors que le Burkina est un pays d’élevage. Que font donc les autorités pour alléger le fardeau de tous ces ménages qui ont réduit les repas quotidiens à un, alors que certaines familles ne peuvent plus se l’offrir qu’une fois tous les trois jours ? D’aucuns pourraient trouver exagerées ces affirmations ; pourtant c’est la pure réalité, tant les restrictions alimentaires sont énormes.

Les Burkinabè, à l’instar de ces pays africains où la cherté de la vie sévit, se sentent très orphelins, ne voyant poindre aucune mesure véritable de l’autorité pour les sortir de l’étau de la pauvreté, pour ne pas dire de la misère. Paradoxalement, les séminaires, ateliers et autres slogans contre la pauvreté se multiplient.

Mieux, dans les médias, les efforts pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement sont régulièrement servis à un public qui n’en a cure : "ventre affamé n’a point d’oreille", dit-on. Au Burkina, le client, pour dire en fait le consommateur, n’est pas roi. Il demeure un objet entre les mains de commerçants pour la plupart véreux, prompts à répercuter systématiquement sur les prix de leurs marchandises tout choix extérieur. Dans leur entreprise, ils ne rencontrent du reste aucune opposition qu’elle soit de l’Etat ou des quelques structures de défense des consommateurs.

C’est certain, des Burkinabè seront nombreux à grossir les rangs des pauvres. Le cycle de paupérisation semble inévitable car, pour répondre à l’assaut des augmentations de prix décidées parfois à la hussarde, les citoyens vont réguler leurs consommations. Les dépenses seront réduites au strict minimum et certains produits seront simplement interdits dans des ménages. Et c’est toute l’économie à l’échelle nationale qui en subira les conséquences. L’argent ne circulera plus ; vu que le pouvoir d’achat constamment grignoté par les augmentations, ne fait que diminuer.

Parallèlement, le revenu des populations, au lieu d’évoluer, chute de façon vertigineuse. "On va souffrir avant de mourir", a signifié fatalement une jeune fille qui tient un petit commerce de gonré (aliment local à base de haricot) renchérissant aux propos de son interlocuteur qui a noté que "vendeur ou acheteur, tout le monde sentira".

Dans ces circonstances, comment l’individu pourra-t-il se réaliser ou simplement atteindre les frontières du bien-être ? A ce rythme, le développement, de façon générale et plus spécifiquement les fameux OMD (...) de l’ONU, seront toujours des chimères pour la très grande majorité des Burkinabè. C’est sans aucun doute une des conséquences fâcheuses d’un libéralisme débridé, qui se nourrit, aujourd’hui plus qu’hier, d’une mondialisation cynique et triomphante. Les Burkinabè en sont déjà les victimes résignées.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 11 septembre 2007 à 12:05, par kanzim En réponse à : > Burkina Faso : Dans le tourbillon de la paupérisation

    Je trouve l’analyse pertinente parce que révélatrice de certaines situations rélles au Burkina : peu de gens savent en effet, que la paupérisation a gangrené le niveu de vie des salariés à tel point que le nombre de repas a été divisé par 3 dans la plupart des cas ; et comme peu de gens également savent que cette situation est quasi coexistentielle aux familles en zones rurale, je salue donc cet article.Pour être complet, je propose qu’il y ait une suite, parce que, la paupérisation en plus d’être la conséquence d’"une mondialisation cynique et triomphante" comme vous le dites, est aussi le fait de causes endogènes, sur fond de mal gouvernance, et de crise axiologique : la morale n’est de souci que pour ceux qui croient toujours en Dieu, or ceux-là sont très peu nombreux et trop faibles pour inverser la tendance apocalyptique vers la mort sociale à laquelle se dirige ce pays, sucé par ses propres fils égoïstes et boulimiques, poussant le pays vers la sclérose économique. Mondialisation paupérisante oui, mais aussi et surtout cambriolage et socio-phagocytose par des ateurs internes. Il ne faudrait pas, comme le disent ces yadsé, que le chat s’en prenne plus à celui qui le dépèce qu’à celui qui l’a égorgé.

    • Le 11 septembre 2007 à 17:49 En réponse à : > Burkina Faso : Dans le tourbillon de la paupérisation

      Eurêka, ouf, enfin quelque contribution intelligible... Il n’y a pas que les ventres qui sonnent creux, malheureusement.
      Juste une nuance, mais cela n’engage que moi : ne vous fiez pas trop à la "morale" des gens de "Dieu" ; vous savez, pour ne prendre que l’exemple du Faso, ce qu’il en est, trop souvent.
      Hitéré.

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