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Rentrée gouvernementale : Et revoilà les urgences !

Publié le mardi 11 septembre 2007 à 08h10min

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En attendant d’affronter la rentrée scolaire et universitaire et ses angoisses dans les jours à venir, la semaine écoulée a été marquée par la rentrée gouvernementale. Les urgences politiques, diplomatiques, administratives et socio-économiques ont aussitôt repris leur place dans la marche générale des affaires de la Nation.

C’est le chef de l’Etat lui-même qui a donné le ton de cette rentrée politique entamée sur des chapeaux de roue. Avant de s’envoler pour le premier Sommet des chefs d’Etat d’Afrique et de Taïwan qui se tient du 9 au 10 septembre à Taïpei, il a rencontré la presse pour un grand débat télévisé, le 6 septembre dernier, au palais de la présidence. Blaise Compaoré, à cette occasion, a donné réponse à des questions d’ordre national, africain et international avec la clairvoyance et la pondération dont il a toujours fait montre.

Auparavant, en tant que facilitateur dans la résolution des crises togolaise et ivoirienne, il a présidé les instances de suivi de ces deux dossiers majeurs. Ouagadougou a été ainsi la semaine dernière, la plaque tournante de la diplomatie et de la paix en Afrique. Au cours de la 8e session du comité de suivi de l’Accord politique global intertogolais réunie le 31 août dernier dans la capitale burkinabè, le président Compaoré s’est réjoui du bon déroulement du recensement électoral. Il a félicité l’ensemble des acteurs et des partenaires techniques et financiers du Togo pour leur engagement qui a favorisé une bonne organisation des élections législatives dans ce pays, fixées au 14 octobre prochain.

De leur côté, les protagonistes de la crise ivoirienne, six mois après la signature de l’Accord politique de Ouagadougou, se sont réunis le 4 septembre dernier, sous l’égide du président Compaoré, et en présence des membres de l’Organe consultatif international. Il s’est agi pour eux d’évaluer le chemin parcouru et de lever les obstacles à l’application pleine et entière du chronogramme annexé à l’Accord politique du 4 mars 2007.

Le communiqué final adopté à l’issue de cette 2e session du Comité d’évaluation et d’accompagnement de l’Accord politique interivoirien a demandé au gouvernement ivoirien de démarrer les opérations d’identification des populations, avant la fin du mois de septembre. Le facilitateur, le président Blaise Compaoré, a présenté à cette occasion, son représentant spécial en Côte d’Ivoire en la personne de son ancien ministre de la Justice, Boureima Badini.

Ce dernier aura pour tâche d’assurer un suivi de proximité des dispositions de l’Accord politique interivoirien afin qu’au final, le chronogramme qui prévoit l’élection présidentielle dans le courant du premier trimestre de l’année 2008 soit respecté.
C’est le premier conseil des ministres, tenu le mercredi 5 septembre dernier qui a, incontestablement, symbolisé la rentrée gouvernementale. Après un temps de répit qui a permis à l’équipe gouvernementale de prendre un peu de repos, place aux grands dossiers, notamment l’examen de l’avant-projet de budget 2008 qui doit être déposé dans les prochains jours à l’Assemblée nationale.

La première visite du Premier ministre à Bobo-Dioulasso, la capitale économique, initialement prévue du 6 au 8 septembre 2007, est des plus attendues. Le report de ce déplacement du chef du gouvernement, pour un cas de force majeure, n’enlève rien à son importance. Tertius Zongo devrait à cette occasion, trouver les mots justes pour rassurer et la thérapeutique adéquate pour la relance économique de cette région du Burkina qui a subi de plein fouet les conséquences de la crise ivoirienne qui va, heureusement, vers son dénouement.

La semaine écoulée a été également marquée par la nomination d’un nouveau président à la tête du Conseil constitutionnel en la personne du magistrat de grade exceptionnel, Dé Albert Millogo. Chargé du contrôle de la constitutionnalité des lois, le Conseil constitutionnel veille également à la régularité des élections, examine les réclamations et proclame les résultats définitifs des scrutins.

La place du Conseil constitutionnel dans le dispositif institutionnel de notre pays, Etat de droit démocratique, à l’évidence, est prépondérante, d’où l’importance de ce renouvellement à la tête d’une institution qui doit être au-dessus de tout soupçon.

Alors que la fréquence des fortes pluies exceptionnelles de cette année continue de provoquer des inondations et de faire des sinistrés en plusieurs endroits du pays, la crise de la filière coton est revenue également au-devant de l’actualité dans le courant de cette semaine de rentrée gouvernementale.

Le 6 septembre dernier en effet, le groupe des quatre pays africains coauteurs de l’initiative en faveur du coton s’est réuni à Ouagadougou en vue d’examiner l’évolution du dossier coton à la veille de la reprise, le 13 septembre prochain, des négociations de l’Organisation mondiale du commerce sur le cycle de développement de Doha. Il s’agit pour ces pays d’arrêter une stratégie de négociation et une position commune en vue de sauver la filière coton qui, dans notre pays par exemple, représente 40% des recettes d’exportation et fait vivre des millions de personnes.

Un autre fait marquant de la semaine écoulée est l’ouverture, le 4 septembre dernier, de la session extraordinaire du Conseil économique et social (CES) consacrée à l’alphabétisation et à l’éducation non formelle. Face à la léthargie qui semble frapper cette forme d’éducation, le Premier ministre a apprécié la contribution du CES à la quête du gouvernement à disposer d’un système éducatif cohérent dont le but est la valorisation du capital humain.

Enfin, le dernier événement majeur qui a donné du relief à cette semaine de rentrée politique est incontestablement l’échange épistolaire vigoureux entre les présidents Roch Marc Christian Kaboré du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et Bénéwendé Sankara de l’Union pour la renaissance/Mouvement sankariste (UNIR/MS) à propos de la commémoration du 20e anniversaire du 15-Octobre 1987.

Par une correspondance datée du 22 août 2007, le président du CDP, « dans le cadre des manifestations marquant le 20e anniversaire de l’accession au pouvoir de son Excellence Monsieur Blaise Compaoré, président du Faso, qui se déroulera du 10 au 20 octobre 2007 », a invité le président de l’UNIR/MS à confirmer sa participation à un colloque international sur le thème « démocratie et développement en Afrique » les 14, 15 et 16 octobre 2007 dans la salle des banquets de Ouaga 2000.

Selon les termes de la lettre, ce colloque donnera l’opportunité aux acteurs de la scène politique africaine et internationale d’identifier les pistes à même de contribuer de façon novatrice et efficace, à la consolidation de la démocratie pour un développement durable en Afrique.

En réponse, Me Sankara, après avoir énuméré un certain nombre de griefs à l’encontre des tenants du pouvoir, dit se démarquer « de cette mascarade de colloque qui n’est qu’une tentative d’occuper le terrain pour essayer d’éclipser la commémoration internationale de l’odieuse forfaiture du 15 octobre 1987... ».

Au-delà de ce que d’aucuns qualifient de courtoisie de façade voire de cynisme de la part du CDP, la lettre-réponse, sous forme d’un réquisitoire violent du président de l’UNIR/MS, traduit la persistance, à l’ère de l’Etat de droit, de la déchirure profonde intervenue vingt ans auparavant et qui semble, à tout jamais, condamner les révolutionnaires d’hier, reconvertis en démocrates aujourd’hui, à se regarder en chiens de faïence.

Par Jean-Paul KONSEIBO

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 11 septembre 2007 à 11:43, par kanzim En réponse à : > Rentrée gouvernementale : Et revoilà les urgences !

    Pour des urgences, il est plutôt égrené un chapelet d’actes traditionnellement observés : colloques, logomachies, voyages "officialo-officieux"...etc. je ne pense pas personnellement que parler de la relance économique de Bobo Dioulasso à l’occasion d’un voyage officiel du Premier Ministre nommé et installé il y a si peu, serait opportun, mais plutôt populiste ; pour moi, il faudrait plutôt prendre le temps pour une réflexion participative et une analyse rétrospective et prospective sur la région des Hauts Bassins, avec les acteurs non politisés mais plutôt concernés, pour asseoir un plan de relance efficace et durable : toute précipitation venant des populations relèverait du messianisme, et de la part des dirigeants seulement présents que pendant le temps d’une mission maquillée de 4X4 et arrosée de bons vins, ne relèverait que de l’opportunisme.

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