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Dialogue interivoirien : Fin septembre, début des audiences foraines

Publié le jeudi 6 septembre 2007 à 07h36min

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Compaoré et Gbagbo

La IIe session du Comité d’évaluation et d’accompagnement (CEA) de l’Accord politique interivoirien réunie, mardi 4 septembre 2007 à Ouagadougou, a demandé au gouvernement ivoirien de démarrer les audiences foraines avant la fin du mois de septembre 2007.

Six mois, jour pour jour, après la signature de l’Accord politique de Ouagadougou, les protagonistes de la crise ivoirienne se sont retrouvés mardi 4 septembre 2007 à Ouagadougou, pour évaluer le chemin parcouru et lever les goulots d’étranglement liés à l’application pleine et entière du chronogramme annexé à l’Accord du 4 mars 2007. Une journée d’échanges du facilitateur, le président du Faso, Blaise Compaoré, avec les principaux signataires de l’Accord, notamment le camp présidentiel et les Forces nouvelles (FN) ainsi que la communauté internationale a permis de dégager les axes prioritaires sensés donner un coup d’accélérateur au chronogramme de sortie de crise.

Ainsi, le Comité qui a accueilli pour la première fois en son sein, les membres de l’Organe consultatif international (OCI) notamment l’Organisation des Nations unies (ONU), la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), l’Union africaine, la Francophonie, la CEDEAO, la Banque africaine de développement (BAD), le PNUD et la France a fait au gouvernement ivoirien des recommandations politiques, sécuritaires, humanitaires, économiques et sociales.

Au plan politique, la réunion a recommandé au Premier ministre Guillaume Soro et à son gouvernement de prendre toutes les dispositions utiles en vue du démarrage effectif des audiences foraines avant la fin de ce mois de septembre 2007. Le Comité estime à ce niveau qu’il est urgent que le gouvernement adopte un mode opératoire des audiences foraines et assure leur sécurisation.

Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Désiré Tagro a d’ailleurs précisé que la sécurisation des audiences foraines sera confiée aux forces mixtes qui, au terme de l’Accord, sont placées sous la responsabilité du Centre de commandement intégré (CCI). Cette instance regroupe les états-majors des Forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire (ex loyalistes) et des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN). La libération des locaux administratifs occupés par les Forces nouvelles (FN) dans les zones centre et sud du pays a été également demandée.

Le communiqué final de la réunion lu par le chef de la diplomatie burkinabè, le colonel Djibrill Ypènè Bassolé réitère une recommandation déjà faite lors de la première session du CEA relative à l’identification des Ivoiriens. En effet, le Comité a demandé au gouvernement ivoirien de désigner dans les plus brefs délais, l’opérateur technique chargé de l’identification en vue du démarrage des opérations d’identification des populations.

C’est cette opération, qui, au terme de l’Accord, doit permettre la délivrance des papiers d’identité à chaque ivoirien.
Le Comité a par ailleurs, invité la presse et les acteurs politiques ivoiriens à accompagner “de manière positive” la consolidation de la paix conformément au code de bonne conduite contenue dans l’Accord du 4 mars signé par les deux principaux protagonistes.

Dans le domaine humanitaire, les membres du Comité ont demandé à la communauté internationale de lever les sanctions qui pèsent sur certains acteurs de la crise ivoirienne. Si l’ONU accédait à cette demande, l’un des plus médiatiques acteurs de la crise, le leader des jeunes patriotes, Charles Blé Goudé retrouverait sa liberté d’aller et de venir en dehors de la Côte d’Ivoire.

Il a été aussi demandé à la communauté internationale d’accorder une autorisation spéciale à l’Etat ivoirien pour lui permettre d’importer des armes légères afin d’assurer le maintien d’ordre et la sécurité publique. Les partenaires techniques et financiers ont été invités à appuyer la mise en œuvre du programme d’aide au retour des personnes déplacées et des réfugiés que le gouvernement du Premier ministre Soro va élaborer.

S’agissant des questions sécuritaires, le facilitateur s’est engagé à recevoir “prochainement” à Ouagadougou, les acteurs concernés, notamment les chefs militaires des deux armées et les signataires de l’Accord de Ouagadougou afin de trouver une solution consensuelle aux problèmes des grades des soldats des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN). Les participants à la réunion du 4 septembre 2007 ont demandé au gouvernement d’adopter très rapidement le décret portant institution du service civique afin de permettre son démarrage. Prévu dans l’Accord politique de Ouagadougou, le service civique accueillera les ex combattants issus de la mise en œuvre du programme DDR (désarmement-démobilisation-réinsertion).

En ce qui concerne le volet économique et social, la deuxième session du CEA a noté avec satisfaction le retour des services du trésor public et de certaines banques dans les zones centre et nord de la Côte d’Ivoire et encouragé le gouvernement à poursuivre le redéploiement des administrations douanières et fiscales dans ces zones ex assiégées. Les membres de l’OCI ont réitéré leur volonté d’accompagner la mise en œuvre de l’Accord du 4 mars 2007 grâce à leurs appuis financiers et techniques. A ce niveau, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont annoncé qu’ils ont déjà débloqué plusieurs milliards de FCFA destinés à la mise en œuvre du programme post conflit.

Outre le président du Faso, Blaise Compaoré, facilitateur du dialogue direct et président statutaire du CEA, le Premier ministre Guillaume Kigbafori Soro (qui est plutôt membre du Comité permanent de concertation (CPC), la structure faîtière du CEA) en visite privée au Burkina, ont pris part à cette rencontre à laquelle a assisté le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Côte d’Ivoire, M. Abou Moussa ainsi que l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, André Janier.

D’après le communiqué final, M. Soro a informé les membres du CEA du démarrage prochain des audiences foraines ainsi que les dispositions prises pour leur sécurisation. Ni lui, ni le chef de l’Etat burkinabè ne se sont exprimés à la fin de la réunion, qui, pourtant, selon les participants va donner un coup d’accélérateur au processus de paix en Côte d’Ivoire. La prochaine réunion du Comité est fixée à la fin septembre 2007 à Ouagadougou.

Romaric Ollo HIEN


Boureima Badini, représentant spécial résident du président Compaoré en Côte d’Ivoire

Boureima Badini

“On savait déjà à travers la Résolution 1765 prise par le Conseil de sécurité le 16 juillet 2007 que le président du Faso nommerait un représentant spécial qui serait ses yeux et ses oreilles en Côte d’Ivoire quant à l’application de l’Accord politique conclu le 4 mars 2007 sous son égide. Mais qui était-ce ? L’information filtrait difficilement. En la faveur de la 2e session du Comité d’évaluation et d’accompagnement (CEA), le chef de l’Etat a présenté son ancien ministre de la Justice, garde des sceaux, M. Boureima Badini comme son représentant spécial en Côte d’Ivoire.

L’ancien directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale et de la Fédération burkinabè de football (FBF) doit en principe se rendre à Abidjan dans la semaine où il s’installera afin d’aider les Ivoiriens à rassembler leurs efforts et énergies pour aller à la paix et à la réconciliation.

Au terme de la Résolution 1765, l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) doit apporter, dans la mesure de ses moyens, toute l’aide dont aura besoin le représentant spécial du président Compaoré pour assurer sa mission. Le patron de l’ONUCI, M. Abou Moussa aurait déjà commencé à rassembler tout ce qui est possible pour permettre à M. Badini de bien s’installer pour entamer sa tâche de construction de la paix en Côte d’Ivoire. Tous nos vœux de succès accompagnent Monsieur le représentant spécial”.


Des appréciations à l’issue de la réunion

M. Désiré Tagro, chef de la délégation du camp présidentiel, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité : Je suis satisfait du déroulement de la rencontre. Je trouve que l’Accord s’applique de façon régulière et constante et que les partis signataires sont déterminés à poursuivre sa mise en œuvre. Ils sont également déterminés à lever tous les obstacles qui pourraient se poser sur la voie de la paix. Parlant de point d’achoppement, il n’en y a pas eu au cours de cette rencontre. Nous avons cherché à trouver des mesures pratiques pour mettre en œuvre les dates clés du processus de sortie de crise.

Toutes les mesures que nous avons prises lors de cette rencontre qui n’ont pas été toutes rendues publiques vont nous permettre de régler ce qu’on l’on pourrait appeler retard dans l’application du chronogramme de l’Accord. Quant à ce qui concerne la sécurité du Premier ministre Soro, il est important de relever que les questions de sécurité ne se débattent pas en public. Aussi, je puis vous assurer qu’en ce qui concerne les audiences foraines, nous avons décidé de confier au Centre de commandement intégré (CCI), la sécurisation des audiences foraines et de toutes les opérations de sortie de crise. C’est pour cela que Le CCI va être doté des moyens et des ressources humaines conséquents pour fonctionner.

M. Abou Moussa, représentant spécial intérimaire du secrétaire général des Nations unies en Côte d’Ivoire : La réunion a été une rencontre de bilan. C’est vrai que nous sommes des observateurs, mais nous avons eu l’occasion de nous exprimer, de partager nos sentiments. Tous les bailleurs qui étaient à cette réunion ont pu constater les réalités. Ils ont constaté l’évolution des choses et certains ont émis des avis sur la manière dont on peut améliorer l’exécution de l’Accord de Ouagadougou. Il faut donc féliciter le facilitateur pour cette approche de la résolution de la crise. Au niveau de l’application, on voit que des progrès ont été réalisés même si au niveau des audiences foraines, il n’y a pas eu de véritables progrès. C’est là qu’il faut travailler davantage pour le retour des populations déplacées ou réfugiées dans leur pays mais aussi la restitution de leurs biens qui ont été pris pendant la guerre.

Cette réunion a été très constructive pour la paix en Côte d’Ivoire. Pour ce qui est des retards dont on fait cas, chaque événement comme celui-ci nous rapproche de plus en plus vers la sortie de crise. Le fait même que le président du Faso, M. Blaise Compaoré ait nommé un représentant spécial pour suivre au quotidien ce qui se passe sur place est pour moi, un élément de plus pour savoir où se posent les problèmes afin de trouver les solutions pour aider toutes les parties à la mise en place du processus de paix.

M. Philippe B. Egoumé, représentant résident du FMI en Côte d’Ivoire : J’ai eu l’occasion au cours de cette rencontre, de dire au facilitateur l’état de nos relations avec la Côte d’Ivoire. Je lui ai notamment indiqué que nous avons signé un accord d’appui d’urgence post conflit le 3 août 2007 avec le gouvernement ivoirien et que nous avons décaissé 60 millions de dollars US pour appuyer ce programme. Nous sommes prêts à continuer à coopérer avec la Côte d’Ivoire pour l’aider à sortir de la crise. C’est un appui budgétaire d’un montant total de 120 millions de dollars et c’est la première tranche qui a été immédiatement débloquée.

La deuxième tranche sera décaissée au moment de la revue du programme qui aura lieu soit à la fin de cette année soit au début de l’année prochaine. La Côte d’Ivoire n’a pas d’arriérés de paiement vis-à-vis du FMI, c’est plutôt avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement. Mais, il y a eu des accords. Le problème a trouvé des solutions et cela nous a permis de conclure cet accord. La Côte d’Ivoire a aussi signé avec la Banque mondiale un accord pour apurer ses arriérés.

R.O.H.
Sidwaya

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