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Unité nationale : La solidarité, une valeur incontournable

Publié le mardi 4 septembre 2007 à 07h37min

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Qu’est-ce qu’une nation ? Une réalité complexe qui, d’une époque à une autre, ne recouvre pas le même contenu. Cependant, il y a toujours des constantes qui entrent en ligne de compte dans sa définition : une population, une culture, un territoire. Après la seconde guerre mondiale, une particularité s’est solidement greffée à ces trois constantes.

La souveraineté et la reconnaissance internationale qui donnent à la nation d’être dans les limites territoriales d’un pays, d’un Etat qui a des droits et des devoirs reconnus et respectés par la communauté mondiale notamment par l’ONU. Ceci est particulièrement vrai pour les nations qui ont connu la domination coloniale. C’est le cas de tous les pays africains qui en ont gardé entre autres séquelles profondes, la balkanisation du continent dans des frontières de micro Etats dont le seul critère de détermination a été les aires d’influence des métropoles colonisatrices.

Aujourd’hui, dans un monde de globalisation, les Etats africains doivent relever deux défis apparemment contradictoires. Ceux du renforcement de leur unité nationale et de la construction de leur intégration au niveau régional et continental. Comment y parvenir ? Il n’y a pas de recettes toutes indiquées mais, aussi bien dans la construction de leur unité nationale, de l’intégration sous régionale que de l’Union africaine, la solidarité est une valeur cardinale incontournable.

A ce propos, l’écrivain philosophe Ernest Renan est sans équivoque, lui qui souligne que « la nation est une grande solidarité, constituée par le sentiment des grands sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore. Elle (la nation) suppose un passé ; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune. L’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours. »

Solidarité renouvelée, grands sacrifices, consentement clairement exprimé, tout est dit. Au Burkina, deux évènements dans l’actualité ces trois derniers mois nous interpellent tous, en tant que citoyens soucieux de la consolidation de l’unité nationale.

Premièrement, les affrontements entre éleveurs et agriculteurs à Gogo dans la province du Zoundwéogo, région du Centre-Sud (Manga) nous interpellent sur les dérives centrifuges de la paix et de l’unité nationale. De ce fait, on ne stigmatisera jamais assez le comportement inacceptable des responsables administratifs, notamment l’ancien préfet qui, par son laxisme, a exaspéré les agriculteurs et attisé les braises de leur colère.

Deuxièmement par contre, les Burkinabè peuvent être légitimement fiers et se réjouir de la chaîne de solidarité qui s’est manifestée promptement pour porter assistance aux victimes des inondations à l’Ouest et à l’Est du pays. Dans le cas d’espèce, la solidarité s’est révélée être une valeur d’expression de l’unité nationale. Qu’elle se soit manifestée spontanément et de manière désintéressée est un motif supplémentaire de fierté nationale.

A côté des cas d’inondation, on citera volontiers les situations de détresse des deux petites filles,Wendkuni, orpheline marginalisée souffrant de malformations congénitales et Salamata, malade du coeur. Portée à la connaissance de l’opinion nationale par la presse, l’indigence de ces deux enfants a suscité la prompte réaction du ministère de l’Action sociale et celle de particuliers anonymes, preuve que la solidarité africaine n’est pas un vain mot au Burkina. Elle continue d’être un label d’humanisme dans un monde où le matérialisme triomphant secrète des égoïsmes qui mettent à rude épreuve la générosité et la solidarité communautaire.

L’individualisme, l’indifférence de nos jours, sont des contre-vertus qui ont fortement détérioré la convivialité et la compassion de jadis devant l’indigence d’autrui. En axant deux de ses discours programme sur « le développement solidaire » et « la société d’espérance », le premier magistrat du pays met en avant cette valeur cardinale de la solidarité, ciment du désir, du consentement renouvelé de tous les membres de la communauté nationale à vivre ensemble. C’est pourquoi la solidarité nationale n’est pas et ne doit pas être une affaire de l’Etat et/ou de ses seuls démembrements. C’est une affaire de tous.

Djibril TOURE

L’Hebdo

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