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RD Congo : La crise de confiance plombe la paix

Publié le lundi 3 septembre 2007 à 08h32min

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Laurent NKunda

La résurgence des combats au Kivu prouve aujourd’hui que la confiance n’a jamais véritablement régné entre belligérants de la République démocratique du Congo.

L’armée nationale en reconstruction et les troupes du tonitruant Laurent NKunda n’ont pas fini d’en découdre. Comme toujours, les populations, dérangées dans leur quiétude, désertent villes et villages.

L’Afrique n’est pas un continent maudit, même si la plupart de ceux qui la gouvernent ou prétendent le faire n’ont pas l’étoffe des leaders charismatiques d’antan. Et le Congo démocratique est loin de mériter le sort que semblent vouloir lui imposer des hommes politiques sans crédibilité, des chefs de clans et de bandes armées sans vergogne. Ceux-ci n’ont de cesse de violer des accords négociés au prix de maints efforts sous l’égide des organisations africaines et de la communauté internationale. L’on s’était pourtant mis à rêver d’un pays en voie de pacification, dont l’apport est attendu dans l’édification d’un continent longtemps meurtri et marginalisé.

A Kinshasa, un ouf de soulagement avait salué le départ de Mbemba, le grand rival de Kabila fils. A présent, l’on se montre très irrité de voir l’ex-général Laurent NKunda et ses hommes du Kivu tergiverser avant de réintégrer la nouvelle armée nationale et de pourchasser les ex-rebelles hutu du Rwanda. En face, cet autre Robin des bois et ses partisans accusent le pouvoir du président Kabila de refuser la paix et de privilégier l’affrontement.

C’est un euphémisme de relever que le puzzle congolais déconcerte aussi bien les observateurs de la scène politique que les médiateurs de ce conflit fratricide. Que de larmes et de sang versés ! A tort ou à raison, l’on a indexé la main de l’étranger. Vu l’énormité des richesses, les convoitises des puissances d’argent et la cupidité des trafiquants ne sauraient laisser indifférent. Pas même les antagonismes tribaux, les ambitions rwandaises, ougandaises et angolaises. Rien n’aura donc été épargné pour tenter d’expliquer l’imbroglio congolais. Dans la même logique, l’immensité du territoire et la densité de la forêt équatoriale n’auront sans doute jamais aidé les Congolais à se rapprocher, à mieux se connaître, se comprendre et à fraterniser. Ceci, dans l’intérêt d’un pays qui souffre depuis la fameuse table ronde des "indépendances cha-cha-cha".

Mais, devrait-on pour autant feindre de constater que les Congolais eux-mêmes ne s’aident pas ? Devrait-on croire que les acteurs politiques actuels ne savent pas s’entraider ? C’est à croire que l’amour du pays ne les a jamais habités, encore moins l’intérêt du peuple congolais. Celui-ci a pourtant toujours su s’attirer la sympathie des autres peuples du continent.

Depuis le départ de Mobutu, et après la mort de son successeur Laurent Kabila, l’ancien Zaïre ne cesse de s’enfoncer dans la crise, multipliant secousses et soubresauts. Partisans et adversaires sont incapables de trouver le compromis historique devant permettre au peuple congolais et à ceux qui l’entourent de panser leurs blessures et de vivre en paix. Entre gouvernants et gouvernés, et davantage entre belligérants, une crise de confiance existe, qui semble s’être installée dans la durée.

Cette année, l’on avait fondé beaucoup d’espoir dans l’évolution de la situation. S’étant succédé au pouvoir après des élections, Kabila fils semble éprouver du mal à asseoir son autorité sur l’ensemble du pays, des acteurs politiques et militaires. L’homme a pourtant des atouts en mains. Et la communauté internationale, malgré le bilan mitigé de sa gestion, ne lui a jamais retiré sa confiance. Aujourd’hui, des questions se posent.

Kabila fils, remis en selle suite aux dernières élections, ambitionne-t-il de devenir l’homme du consensus salvateur ? Les autres acteurs, politiques ou militaires, n’ont-ils jamais été que de piètres figurants ?

Il est déplorable que des dossiers s’amoncellent dans ce pays sans aucun espoir de solution aux problèmes posés. Jour après jour, des atteintes graves aux droits de l’homme se multiplient. Nombre de journalistes sont ainsi constamment agressés s’ils ne sont pas lâchement et froidement abattus. Les menaces, les intimidations, les chantages ne se comptent plus à l’endroit des professionnels des médias, preuve de l’incapacité des dirigeants à faire régner la paix et la sécurité des personnes et des biens. L’on ne réalise pas l’importance d’y faire respecter la liberté de la presse, pourtant baromètre de la démocratie.

Aujourd’hui, au-delà des conjectures, il est de bon ton que la question de l’alternance, à travers des élections propres, transparentes et équitables, polarise l’attention sur tout le continent.

Le Pays

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